Exposition: « Kinshasa (N)tóngá. Entre futur et poussière » se tient au Kanal centre Pompidou

Lundi 26 Septembre 2022 - 14:34

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L’exposition, qui a débuté le 23 septembre et va se clôturer le 20 novembre dans la capitale belge, est organisée dans le cadre de « Living traces », un projet passerelle entre Kinshasa et Bruxelles qui s’articule autour de diverses propositions artistiques pluridisciplinaires qui se tiendront entre les capitales congolaise et belge en mars 2023.  

 

Présentée par Twenty Nine Studio et Traumnovelle, à l’initiative de Sammy Baloji, l’exposition « Kinshasa (N)tóngá. Entre futur et poussière » , explique-t-on, vise à révéler la ville de Kinshasa à travers la pluralité des « manières de faire » et de « produire ». Il s’agit de mettre en lumière les pratiques des artistes kinois qui sont porteuses d’un puissant imaginaire sur ce patrimoine partagé hérité de la colonisation.

Déjà présentée à l’Académie des Beaux arts de Kinshasa, du 22 mars au 22 avril 2022, « Kinshasa (N)tóngá » esquisse une image singulière de la capitale congolaise, de son développement et de sa structure urbaine. (N)tóngá, qui signifie « aiguille »  ou « chantier »  en lingala, indiquent les organisateurs, fait référence à l’aspect informel qui caractérise l’évolution de Kinshasa jusqu'à aujourd'hui. « L’impact du colonialisme sur l'architecture de la troisième plus grande ville du continent africain est mis en évidence dans l’exposition. À travers leurs œuvres, les artistes mettent en lumière les méthodes de travail et les processus de production qui permettent aux Kinois d'aller à l'encontre d'une vision imposée de la ville et de son identité », fait-on savoir.

Enterrer symboliquement Léopoldville.

L’exposition a débuté par la performance « Léopoldville mourning » de l’artiste Prisca Tankwey. Celle-ci consistait en un cortège funèbre  allant du monument au travail à Bruxelles vers l'église Notre-Dame de Laeken, où la royauté belge, dont Léopold II, est enterrée. Tirant à bout de bras une pierre tombale parée des photographies d’archives de Léopoldville, le public a suivi l’artiste dans cette procession funèbre jusqu'à l’entrée de l’église pour enterrer symboliquement la ville coloniale de Léopoldville.

Comprenant à la fois des œuvres originales et des documents issus d’archives, "Kinshasa (N)tóngá" offre un regard intime sur la capitale congolaise, son patrimoine et ses perspectives. Des photos d'archives retracent les coutumes et rappellent les racines de Kinshasa depuis la fin du XIXe siècle et ce jusqu’aux années 1970. Les utopies modernistes et le passé colonial sont documentés dans le travail de Magloire Mpaka Banona et questionnés dans des œuvres telles que la performance Leopoldville Mourning de Prisca Tankwey ainsi que dans le film "The Tower: A Concrete Utopia" de Sammy Baloji et Filip de Boeck. En dialogue avec ce dynamisme artistique kinois, l’exposition présente les archives de l’architecte italien Eugène Palumbo et de son associé congolais Fernand Tala N’Gai qui ont œuvré pendant la période du recours à l’authenticité sous Mobutu Sese Seko, président  de l’ex-Zaïre, de 1965 à 1997. Comprenant un grand nombre de projets officiels et privés, les réalisations de Palumbo sont restées en phase avec les courants de l'architecture moderne, tout en cherchant à incarner les préceptes d’une culture dite « authentique » .

Parmi les artistes exposés figurent Bianca Baldi, Sammy Baloji, Filip De Boeck, Pume Bylex, Dirk Dumon et Mweze Dieudonné Ngangura, Azgard Itambo, Godelive Kasangati, Kongo Astronauts, Eric Androa Mindre Kolo, Gosette Lubondo, Yannos Majestikos, Mega Mingiedi, Magloire Mpaka Banona, Eugène Palumbo et Fernand Tala N’Gai, Isaac Sahani, Tankila Studio, Prisca Tankwey.

Une des plaques tournantes du commerce mondial

Au cours de l'histoire, Kinshasa, aujourd’hui une métropole de 17 millions d’habitants et une des plaques tournantes du commerce mondial, s'est construite par couches successives le long du fleuve à partir de l’an 500. La ville de l'ère moderne s'est développée dès 1881 avec la colonisation belge qui impose des plans d’urbanisme d'envergure. Profondément ségrégée, la ville coloniale s'articulait autour de larges avenues, de voies ferrées et de parcs abritant des bâtiments administratifs. Malgré un plan en damier imposé par les colons et les schémas directeurs proposés après 1960, Kinshasa fait face à l’apparition d’habitations spontanées qui se développent de manière organique et se caractérisent, encore à ce jour, par une architecture informelle.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

© Gosette Lubondo, Dernière célébration (série Terre de lait, terre de miel), 2022

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