Pré-COP 27 : Emmanuel Jidisa porte la voix des enfants en faveur des forêts

Mardi 4 Octobre 2022 - 18:00

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Le jeune albinos membre de la Fondation Mwimba Texas a appelé le monde à l’action, au-delà des beaux et rassurants discours qui restent lettres mortes.

Dans un message lu devant les personnalités réunies le 3 octobre au Palais du peuple, à l’occasion de l’ouverture des travaux de pré-COP 27, le jeune albinos Emmanuel Jidisa a sensibilisé sur l’action, au lieu de se cantonner sur des discours. « Je m’appelle Emmanuel Jidisa, je suis enfant reporter de Kinshasa, défenseur de la jeunesse et ambassadeur du climat », s’est-il présenté.

Dans une complainte, il a porté la voix des forêts de la planète qui voudraient que le monde porte un peu plus d’attention à elles et à leur survie. « Je meurs et personne n’y prend garde. Je meurs et personne ne lève le petit doigt. Je meurs et personne ne vient à mon secours. Progressivement, je suffoque et j’ai peur de disparaître. J’espérais que vous viendrez à la rescousse, que vous mettriez à l’action vos beaux discours, vos magnifiques accords. Mais hélas, les jours passent et personne n’agit vraiment. Et pourtant, je vous ai tout donné, tous ce que j’avais à offrir. Grace à moi, vous pouvez construire vos maisons et les meubler. Je vous ai donné à la fois de quoi vous nourrir et vous soigner. Vous m’avez exploité à votre guise. Mais aujourd’hui, à cause de vous, mon existence est menacée », a-t-il dit.

A en croire le jeune Jidisa, cette complainte, c’est ce qu’auraient dit les forêts si elles pouvaient parler. « Aujourd’hui, à l’occasion de l'ouverture des travaux préparatoires de la COP 27 en RDC, je joins à ma parole celle de tous les enfants du pays afin de crier tout haut ce que les forêts tentent de nous faire comprendre depuis des décennies : elles meurent et personne n’y prend garde », a-t-il expliqué.

Emmanuel Jidisa a indiqué, en effet, qu’en 2020, la République d émocratique du Congo (RDC) a connu une réduction de la superficie de ses forêts de 481 000 hectares. Ce qui fait, a-t-il fait savoir, de ce pays le deuxième au monde avec le plus grand taux de déforestation, après le Brésil. « Le taux de déforestation est évalué, pour la période 2000-2010, à 0,44 % par an, d’après l’Atlas forestier de la RDC. À ce rythme, nous aurons perdu plus de la moitié de notre couvert forestier d’ici la fin du siècle. Nos forêts sont en train de mourir à un rythme fou, en raison des centaines de milliers d’hectares par ans », a-t-il prévenu.

Pour le jeune Jidisa, chacun est responsable, dans une certaine mesure, de cette situation, soit par son action qui a contribué a tué les forêts, soit par son inaction en regardant sans rien faire.

Faire entendre la voix des enfants

A la réponse sur la présence des enfants à l’ouverture de ces travaux, Emmanuel Jidisa a expliqué que c’est parce que ces derniers sont les premières victimes du changement climatique et de la dégradation de l’environnement. « Ils menacent nos droits à l’éducation, à la santé, à la nutrition et au développement. Il est donc indispensable que la voix des enfants soit entendue sur les enjeux climatiques et environnementaux. Droit de l’enfant et climat sont intimement liés », a dit Emmanuel Jidisa. Il a rappelé que ce sont les forêts qui régulent le climat et que sans elles, le dérèglement climatique serait inévitable. Les enfants, a-t-il insisté, sont les premiers à en payer les conséquences. « Les sécheresses, les inondations, les catastrophes naturelles détruisent les écoles, réduisent à néant les récoltes et polluent les ressources en eau », a-t-il souligné.

Remédier à la déforestation et la dégradation des forêts

Emmanuel Jidisa a fait savoir, dans son speech, que plusieurs études ont été menées pour comprendre les causes de la déforestation et la dégradation des forêts en RDC. La synthèse de celles-ci, publiée en 2009 par le ministère de l’Environnement, révèle que les causes directes de la déforestation sont en priorité l’agriculture itinérante sur brûlis, l’exploitation artisanale du bois, la production du charbon de bois, l’utilisation du bois comme chauffage et l’exploitation minière. Ainsi, il en appelle à l’action afin de sauver les forêts. « Il faut donc agir sur ces causes pour remédier à la situation », a-t-il conseillé.

Tout en reconnaissant les efforts fournis par différents acteurs au niveau national et international pour lutter contre la déforestation, Emmanuel Jidisa est convaincu, cependant, que ces efforts ne parviennent pas à stopper la déforestation. « Il faut faire beaucoup plus pour résoudre ce problème », a-t-il recommandé.

A l’en croire, la solution passera nécessairement par l’offre à la population des sources d’énergie et des approches agricoles vertes. « Nous ne réduirons pas, à force de discourir, l’agriculture itinérante sur brulis ou l’exploitation artisanale du bois. Si l’on veut que les personnes arrêtent ces activités, il faut une offre alternative qui soit fiable. En plaçant la RDC au cœur des préoccupations internationales en tant que pays solution et unir le monde face au changement climatique. Il faut aussi faire participer les jeunes et les enfants dans les échanges sur les enjeux climatique car ce sont eux l’avenir du monde », a-t-il soutenu.

Il a recommandé de s’assurer que pour chaque arbre coupé, on en replante aux moins deux, que les entreprises polluantes financent le reboisement, faire participer systématiquement les enfants et les jeunes aux échanges nationaux et internationaux sur le climat, notamment la COP, etc. Emmanuel Jidisa a également exhorté au développement des énergies vertes telles que le solaire et le gaz et de le rendre à la portée de toute la population pour réduire l’utilisation des charbons de bois, ainsi qu’à la sensibilisation des agriculteurs et paysans sur les dangers de l’agriculture sur brûlis. « La nature est une baguette magique pétrifiée. La nature peut tout et fait tout. La nature offre à la fois ce qui nourrit le corps et le guérit, émerveille l’âme, le cœur et l’esprit. Cette pensée de Pierre Ramis nous rappelle que notre sort est lié à celui de la nature, en particulier de nos forêts. Laisser mourir cette nature, c’est nous condamner à la perte. Il nous faut sauver la nature pour nous sauver nous-mêmes. Il nous faut sauver nos forêts pour nous sauver nous-mêmes, léguez  nous un héritage écologique ! », a-t-il insisté.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Emmanuel Jidisa, à la tribune de pré COP 27

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