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Tchad: un piège?

Dimanche 23 Octobre 2022 - 1:37

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Saleh Kebzabo est-il tombé dans un piège ? Devoir œuvrer au retour à la vie démocratique dans son pays aux côtés de militaires arrivés au pouvoir à la suite de la disparition tragique, en avril 2021, du maréchal-président Idriss Déby Itno alors que cette procédure exceptionnelle avait été interprétée par beaucoup, au Tchad-même et à l’étranger, comme relevant de la pure usurpation ?

Longtemps opposant au régime Déby père, le leader de l’Union nationale pour le développement et le renouveau avait, à la surprise générale, accepté d’accompagner le fils, Mahamat Idriss Déby Itno, désigné pour prendre la suite du défunt président. Une année plus tard, Saleh Kebzabo était devenu vice-président du comité d’organisation du dialogue national inclusif mis en place pour préparer le Tchad à revenir à un régime civil.

Ce dialogue organisé à N’Djamena, après de longs pourparlers menés à Doha, au Qatar, entre le gouvernement de transition et les groupes armés, s’est achevé début octobre sur une note qualifiée de mitigée par les observateurs de la scène tchadienne du fait de la défection de plusieurs délégations. En particulier l’église catholique, certains partis politiques et groupes armés. A l’expérience, dans le cas de pays sortant de conflits comme le Tchad, du fait aussi d’intérêts forcément divergents des parties en présence, de telles retrouvailles se résument pour l’’essentiel à la préservation de la paix civile.

C’est sur ce critère-là que les Tchadiens fondent l’espoir que leur pays a une opportunité à saisir d’avancer vers la réconciliation nationale véritable. Kebzabo est l’une des voix optimistes entendues lors de la clôture de ces échanges, mais peut-être qu’il s’attendait à jouer un rôle important dans cette nouvelle étape vers le retour à l’ordre constitutionnel au Tchad. Dans un tweet publié le même jour, il n’a pas moins salué le fait que « toutes les voies du rassemblement sont offertes aux Tchadiens pour réécrire leur histoire ».  

Depuis le 8 octobre, la transition installée en avril 2021 s’est refermée au profit de celle issue du dialogue. Le général Mahamat Idriss Déby Itno y est reconduit comme président pour vingt-quatre mois, avec une option en forme de bonus : il est autorisé à se présenter à la future élection présidentielle s’il le souhaite. Et c’est Saleh Kebzabo, 75 ans, ancien journaliste, plusieurs fois candidat à l’élection présidentielle, qui dirige le nouveau gouvernement.

Une chose est certaine, la mission de cette équipe composée d’une quarantaine de ministres ne sera couronnée de succès que si elle fédère autour d’elle toutes les énergies du pays, si sa pratique quotidienne éloigne le Tchad du recours récurrent à la lutte armée comme moyen d’accéder au pouvoir d’Etat. Saleh Kebzabo a dû depuis quelques mois se brouiller avec ses amis de l’opposition pour ce que ces derniers ont assimilé à de la « trahison ». Il faut dire qu’il a du pain sur la planche.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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