Interview. Acoba des Mots : « Le bégaiement n'est pas un handicap mais une particularité »

Vendredi 4 Novembre 2022 - 10:55

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Le slameur Colonna Abed Arsim, dont le nom de scène est « Acoba des Mots », est un artiste pluridisciplinaire. Il nous fait part de sa lutte contre la stigmatisation des personnes bègues afin de promouvoir l'art chez chaque individu se trouvant dans la même situation que lui. Entretien.

 

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Comment vous êtes-vous lancé dans le slam ?

Acoba des Mots (A.D.M.) : Tout d'abord, je n'ai pas commencé dans l'art avec le slam mais le slam est venu vers moi et j’en suis tombé amoureux. J'ai commencé étant compositeur gospel, donc au travers du chant, car, malgré mon handicap je chantais couramment, avec le temps j'ai perfectionné mon art vocal puis je suis tombé dans l'écriture.  Parlant de l'écriture artistique, je fais allusion aux livres, aux proverbes, à la poésie et au slam. J'ai embrassé le slam dans le but de m'exprimer sur la scène seul, en communiquant mes émotions d'enfance et ma vision au regard de tout ce que je vis, qu'importe la tonalité ou la fréquence de mon son vocal, et surtout ma difficulté de m'exprimer suite à mon bégaiement, mais aussi dans le but d'être une particularité dans le monde artistique car je prends le temps de me connaître, moi et mon texte, afin de bien intervenir.

L.D.B.C. :  Votre situation de bègue est-ce une chance ou un obstacle dans la réalisation de votre vie artistique ?

A.D.M. : Non, la réalisation de ma vie artistique n'est rien d'autre que la réalité de ce que je suis et non de qui je ne suis pas. Le bégaiement n'est pas un malheur ou un handicap mais une particularité, je demande simplement à la société de me permettre de m'exprimer et d'entendre qu'importe la casquette artistique dans laquelle je m’affiche. Pour ma vie artistique, le bégaiement n'est pas un frein car il me booste dans ce milieu et j'impacte déjà autour de moi.

L.D.B.C. :  Vous êtes aussi le fondateur de Co-Motive, quel est ce concept ?

A.D.M. : La Co-motive est une originalité qui dérive du coaching et de la motivation, un procédé purement adapté au monde actuel et ses réalités. Avec ce mot-valise, j'ai voulu dire un univers créatif appelé "Co-Motive" : communication verbale ou non verbale entre deux personnes qui contribuent à l'épanouissement de l'un comme de l'autre. Ici, je démontre les secrets d'un bon dialogue, l'acceptation de soi et l'approbation des dons qui nous viennent de Dieu. Au travers de Co-Motive, chacun confirme sa position dans la société. Radicalement, je mène la lutte contre la stigmatisation des personnes bègues au travers de Co-Motive en diffusant des parcours de celles qui ont réussi malgré leur handicap, tel que le président Joe Biden, président des États-Unis d’Amérique, et le prophète Joël Francis Tatu, pasteur de l'église porte des cieux. Ils sont mes références. Dans mon parcours, au travers de cette lutte, je tiens à ce que ces personnes qui sont bègues intègrent le monde par le biais de l'art qui m'épanouit déjà et d’autres aspects sociaux. Ce mouvement, je l’ai instauré cette année depuis le 22 octobre, Journée mondiale du bégaiement.

L.D.B.C. : De qui vous inspirez-vous avec vos multiples casquettes ?

A.D.M. : Dans cette pluridisciplinarité, je m'inspire dans la musique du groupe Living water choir praise de Brazzaville et de Marcel Mboungou ; au slam, je m'inspire du collectif Art ‘plume de Katos Katos, slameuse et ambassadrice culturelle des Nations unies ; en poésie, je n'ai pas de modèle précis mais j'expérimente la philosophie de Victor Hugo ; en coaching et motivation, je m'inspire de coach Lady Sonia en particulier. Toutefois, mon style est perso.

L.D.B.C. : Un dernier mot ou un projet en vue ?

A.D.M. :  L'art n'est pas une histoire de dollar, mais un appel à impacter dans la société en comprenant que la passion est un penchant sentimental. Des projets en vue existent en fonction de toutes mes casquettes, attendez-vous juste à des mouvements et innovations prêts à impacter.

Propos recueillis par Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Le slameur Colonna Abed Arsim/Adiac

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