Coopération antidjihadiste : des partenaires européens apportent leur soutien à des Etats ouest-africains

Jeudi 1 Décembre 2022 - 13:41

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Dans le but d’accroître leur coopération dans la lutte contre la propagation des violences djihadistes du Sahel vers les côtes du golfe de Guinée, sept pays d’Afrique de l’Ouest et des partenaires européens vont matérialiser les décisions prises depuis cinq ans dans le cadre de l’Initiative d’Accra.  Une démarche qui vise à intensifier les efforts régionaux pour faire face à la menace croissante de cette barbarie qui gangrène le Mali, le Burkina Faso et le Niger, et pourrait s’étendre aux pays côtiers.

Ces derniers mois, l’Initiative d’Accra lancée en 2017 a pris une plus grande importance du fait de la multiplication des attaques au Bénin et au Togo. Cela s’est avéré nécessaire à la suite d’un intérêt croissant des partenaires occidentaux qui cherchent à redéfinir leur stratégie dans la région, au moment où les relations se sont largement dégradées avec la junte malienne, désormais proche de la Russie. Une opportunité qui a poussé les présidents du Bénin, du Togo, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, ainsi que des dirigeants du Niger et du Mali, à se retrouver la semaine dernière dans la capitale ghanéenne avec des représentants de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne et de la France pour étudier les modalités de renforcement de la coopération antidjihadiste.

Les partenaires européens ont, à cette occasion, pris des « engagements » drastiques visant à apporter un appui multiforme à l’Initiative d’Accra, ce qui a été fortement salué par les pays ouest-africains. Cela dit parce que selon un communiqué, il a été « recommandé que des actions concrètes, notamment en terme de financement, soient prises pour soutenir les pays sévèrement touchés par le terrorisme ».

Pour les autorités ghanéennes, la collaboration est plus que jamais nécessaire puisque « la menace de l’extrémisme violent est plus répandue qu’on ne le pensait auparavant et transcende les frontières ».  La dégradation de la sécurité au Sahel « menace d’engloutir toute la région de l’Afrique de l’Ouest », a estimé le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, qui pense que les groupes terroristes, « enhardis par leur succès apparent dans la région, sont à la recherche de nouveaux terrains d’opération, un développement qui a entraîné une évolution de la menace vers le Sud ».

Appel à mutualiser les efforts pour mieux combattre les terroristes

Le président du Conseil européen, Charles Michel, présent au sommet d’Accra, s’est exprimé sur la poussée continue des djihadistes du Sahel vers les Etats côtiers. « Depuis des années, nous parlons du risque de contagion de la menace terroriste du Sahel aux États côtiers. Aujourd’hui, ce n’est plus un risque, c’est une réalité », a-t-il affirmé, appelant à agir pour contrer l’avancée de ces islamistes. Il s’exprimait devant des représentants de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne et de la France.

Les violences djihadistes au Sahel ont débuté en 2012 au Mali, faisant des milliers de morts et des millions de déplacés. Elles se sont étendues au Burkina Faso et au Niger voisins. En ce qui concerne les pays côtiers, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo font désormais face à la menace croissante de combattants du groupe État islamique et d’Al-Qaïda, implantés au Niger et au Burkina Faso. Ces insurgés multiplient désormais les attaques dans ces pays et l’inquiétude grandit quant à de possibles recrutements locaux.

Une incursion intervenue le 26 novembre au Bénin a permis aux forces loyalistes de repousser un groupe d’hommes armés près de la frontière avec le Burkina Faso, dans le nord du pays, faisant quatre morts parmi les assaillants, a-t-on appris de sources proches de l’armée. Les forces béninoises affirment, par ailleurs, avoir fait face à plus de vingt incursions depuis 2021, tandis que le Togo voisin a subi au moins cinq attaques pendant cette période. Outre le Bénin, d’autres États du golfe de Guinée (Togo, Ghana et Côte d’Ivoire) qui connaissent aussi les menaces djihadistes du Sahel à leurs frontières nord sont aussi traversés par des contrebandiers armés.

Les raids frontaliers sus-évoqués dans ces pays les poussent à préparer leurs troupes contre d’éventuels assauts sur leurs territoires, mais aussi à renforcer leurs dispositifs pour sécuriser leurs frontières avec les pays d’Afrique de l’Ouest touchés par des attaques terroristes. Cela se fait, entre autres, par des formations destinées aux forces de l’ordre, avec le soutien des partenaires extérieurs dont le Rwanda et la France.

 

 

Nestor N'Gampoula

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