Les souvenirs de la musique congolaise : rivalités Bantous de la capitale et Tembo (suite )

Jeudi 8 Décembre 2022 - 19:54

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 « Deux coqs ne peuvent pas chanter dans une même basse cour », dit un adage. Ainsi, au fil du temps, une rivalité revêtant des allures d’une guéguerre fut ouverte entre Jean Serge Essous, chef de l’orchestre Bantous de la capitale, et Daniel Loubelo de la lune, chef de l’orchestre Tembo. Elle fut entretenue et alimentée de polémiques interminables parmi les fans et sympathisants qui assistaient aux prestations des deux orchestres et dont les médias en assuraient parfois le relais.

 

 

Pour la petite histoire

 A la Suite d'un fait insolite qui se produisit lors d’une soirée du mois de mars 1965 au cours de laquelle les Bantous se produisaient au bar Super jazz, dans la rue Makoko à Poto-Poto, non loin du croisement rue Mbochis – Avenue de la paix, et l’orchestre Tembo au bar Faignond, une pluie sectorielle s’abattit dans le périmètre de ce bar, obligeant l’orchestre  à arrêter son concert, à la grande déception du public. 

Quelques ambianceurs en provenance de ce bar arrivèrent au Super jazz et constatèrent avec étonnement que la pluie ne s'y était pas abattue. Daniel Loubelo de la lune (superstitieux très doué dans le domaine de la magie et le fétichisme, d’après les témoignages collectés auprès de ceux qui l’on connu), connaissant Essous, le soupçonna d’être à l’origine de cette pluie, dans l’objectif non seulement de nuire mais aussi de freiner l’évolution de l’orchestre Tembo.

Quelques jours plus tard (d’après le témoignage recueilli auprès d’un ancien musicien de l’orchestre Tembo), Essous et de la Lune eûrent une altercation qui se transforma en une démonstration de force au plan mystique, dans une buvette dénommée Pavillon bleu, non loin du bar Faignond. Daniel Loubelo de la lune proféra des menaces à l’endroit d’Essous en lui signifiant qu’il mettrait tout en œuvre pour le faire disparaître, y compris l’orchestre Bantous.

Jean Serge Essous n'étant pas né de la dernière pluie rétorqua en ces termes: « Lorsque l’ouragan souffle dans la nature, il secoue les maisons, déracine les arbres, par contre l’homme n’est pas ébranlé et ne subit aucun choc, tant que je vivrai, l’orchestre Bantou subsistera ».

 Ce qui voulait dire en d’autres termes que Tembo, ce vent violent qui souffle avec fracas sur la scène musicale congolaise, passera sans laisser des stigmates. La réplique d’Essous suscita la colère de Loubelo et n’eut été l’intervention de certaines personnes ayant assisté à la scène, les deux protagonistes seraient arrivés aux poings.

Ainsi, la hache de guerre était déterrée entre les deux leaders, d’une part, et entre les sympathisants des deux ensembles musicaux de l'autre.

A cause de cette altercation et sur l’initiative d’un sympathisant de l’orchestre Tembo, un tract annonçant la mort d’Essous fut produit et distribué dans toute la ville, dans le but de le terroriser et l’intimider afin qu’il renonce aux pratiques mystiques dont il était l’objet de suspicions en milieu Tembo. Face à cette provocation, la réponse du berger à la bergère s’illustra dans une des chansons d’Essous, dans laquelle il faisait part à sa chère maman des persécutions dont il était l’objet de la part de ses ennemies, dont Loubelo de la lune et les sympathisants de l’orchestre Tembo.  « Si je meurs, sache que c’est pour la cause de l’orchestre Bantous », avait-il chanté et plus loin, ajoutait : « Même si l’on m’en veut à mort, m’enterrer vivant est une chose que Dieu notre père ne peut accepter ».    (A suivre)

Auguste-Ken-Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

1-Daniel Loubelo de la Lune/Adiac 2- Jean Serge Essous/Adiac

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