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Produits locaux

Lundi 19 Décembre 2022 - 10:40

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Le raphia était à l’honneur à Brazzaville, jeudi 15 décembre, à l’occasion d’une rencontre destinée à en pérenniser l’exploitation à des fins ménagères et d’habillement. Textile africain en fibres naturelles, ce matériau est apprécié pour sa solidité mais il est assez peu connu du grand public. D’où l’intérêt de lui accorder un peu de place dans l’univers très concurrentiel de la communication à l’heure où les initiatives sur la préservation de l’environnement et la valorisation des expériences de consommation moins polluantes mobilisent à travers les cinq continents.

A partir du raphia sont confectionnés des tenues vestimentaires ainsi que divers objets utilisés dans la vie de tous les jours parmi lesquels des paniers, des chapeaux, des corbeilles, des abat-jours et bien d’autres. Il est certain que le handicap de la production essentiellement artisanale de ces outils fait qu’ils ne sont pas disponibles partout. Mais c’est bien cette dimension du travail manuel qui en scelle le charme car il y a aussi de l’attrait à observer le tisserand ramassé sur ses deux genoux, ou assis sur un banc au ras du sol, donner forme à sa création avec une patience incassable.  

Les organisateurs de ce rendez-vous ont invité de potentiels mécènes à soutenir les artisans, mais aussi à faire en sorte que la matière première subsiste. C’est pour cela qu’ils ont exprimé l’ambition de dépasser le seul cadre de parler de la « fibre » au public. Pour eux, donner quelque couleur au raphia passe nécessairement par la recherche, le planting du fameux palmier, la production, le traitement, le tissage, l’exposition et la vente de produits dérivés. Une telle ambition suppose aussi que l’appel lancé pour « sauver » le raphia soit entendu.

Comme tous les petits métiers hérités des générations passées, celui de tisserand comme celui de vannier ou de récolteur du vin de palme ont du souci à se faire sur le passage de témoin. De nos jours, les jeunes s’intéressent de moins en moins au méticuleux assemblage de fibres textiles, alors qu’il s’agit bien d’un art accompli de créativité, de choix des couleurs, d’originalité et de notoriété. Comment expliquer aux plus jeunes qu’ils peuvent produire et vivre de la confection de pantalons, chemises, robes, vestes, pagnes, sacs à main et sandales en raphia si l’on n’a pas au préalable « conté » le raphia ?

Cette journée aura été instructive avec une session d’information couplée à une exposition-vente de produits originaux divers. Les initiateurs de la rencontre emmenés par Pascal Ngalibo étaient eux-mêmes parés de beaux complets en pagne - cette autre valeur vestimentaire congolaise et africaine- confectionnés avec des motifs parfaitement bien assortis. On leur souhaite de poursuivre cette œuvre de valorisation du textile africain en fibres naturelles avec l’implication des organismes nationaux ou internationaux qui pourront leur apporter le soutien requis pour réussir leur entreprise. Pour tout dire, consommer local est un choix plus que noble.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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