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Agir pour l'Afrique

Samedi 14 Janvier 2023 - 16:10

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Une Afrique maîtresse de son destin est possible. Capable d’influer sur la scène internationale, de contribuer aux côtés des autres continents à l’avènement d’un monde plus apaisé. Le dire et même le croire ne suffisent pas. Elle doit agir, mais agir à l’unisson de façon à ce que les initiatives qu’elle entend conduire, puisant dans ses valeurs propres, ne l’exposent continuellement aux critiques qui lui sont faites de jouer les éternels suivistes sans jamais savoir se déterminer.

Lors de la tenue à Brazzaville de la dixième réunion du comité des dix chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), l’essentiel des discours entendus à l’ouverture des travaux, le 12 janvier, a convergé vers cette exigence d’unité. Pour espérer attirer l’attention de ses partenaires, insistaient les orateurs, l’Afrique doit parler d’une seule voix.

Il ne faut pas oublier qu’exiger la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, avec comme revendication principale l’obtention d’un siège permanent, ne va pas de soi. Quand bien même cette réclamation serait portée par voie diplomatique, on s’attaque tout de même à un prestigieux cénacle au sein duquel les cinq puissances dominantes disposent de privilèges étendus. Le plus emblématique étant cet inaliénable droit de véto, qui leur laisse les mains libres de décider ce qui est bon ou ne l’est pas pour le reste des nations.

Au fond, la réalité est implacable. Il y a soixante-dix-huit ans, à la création de l’ONU en 1945, l’Afrique, encore sous le joug colonial, n’est référencée que pour sa participation active au conflit mondial dans le quota des vainqueurs. Elle y a sacrifié près de cent mille de ses bras valides. Le continent ne fait donc pas partie des perdants puisque la fin de la guerre, pour paraphraser le poète, voit poindre le soleil des indépendances. Au fil de la consolidation des indépendances, sa voix s’est élevée, sa population s’est multipliée et elle s’est mise sur les standards universels du développement. Elle est devenue un acteur important des échanges mondiaux dans divers domaines.

Forte de la cinquantaine de ses Etats et contribuant pour 1, 216 milliards d’habitants (2016) à la population mondiale, l’Afrique ne devrait-elle pas être mieux représentée dans les institutions internationales qu’elle ne l’est aujourd’hui ? Répondre par l’affirmative consiste à considérer que le monde doit adopter des postures nouvelles assises sur le partage et l’équité. On voit bien combien le continent est interpellé dans les forums internationaux pour préserver ses écosystèmes naturels et assumer sa part dans la survie de l’humanité. Cela veut dire qu’à la question posée ci-haut, la seule réponse qui vaille s’agissant de sa représentativité est oui.

Il reste une autre bataille qui est celle de redorer le blason de l’organisation internationale. Comme tribune démocratique à l’échelle planétaire, l’ONU n’a pas d’équivalent. Est-elle submergée par l’hyperpuissance des cinq membres permanents du Conseil de sécurité aux intérêts de plus en plus contradictoires au point de ne plus avoir beaucoup à dire quand ces derniers lui forcent la main ? C’est à l’évidence pour y apporter un témoignage différent que l’Afrique tient tant à sa réforme. Et elle n’abandonnera pas.

NDLR. Les membres permanents sont les vainqueurs de la guerre, les dix autres membres sont élus pour deux ans par l’Assemblée générale en tenant compte d’une répartition géographique. Chaque groupe régional dispose ainsi d’un nombre attribué de sièges : trois pour l’Afrique, deux pour l’Asie-Pacifique, deux pour l’Amérique latine et les Caraïbes, un pour l’Europe orientale et deux pour l’Europe occidentale et les autres Etats.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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