Interview. Flore Loussakoumounou: « Les apprenants d’aujourd’hui sont les acteurs du changement demain »

Vendredi 3 Février 2023 - 11:59

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Lors de la célébration de la Journée internationale de l’éducation, le 24 janvier dernier, le Dr Flore Loussakoumounou Diafouka, psychologue et enseignante au parcours-type de psychologie à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines de l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville, a rappelé qu’une éducation de qualité fait partie des besoins fondamentaux de l’enfant et des droits humains qui sont inaliénables. Dans cet entretien, elle a évoqué les problèmes du système éducatif congolais et les mesures à prendre pour l’améliorer.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Le 24 janvier a été la Journée internationale de l’éducation. Que pensez-vous de cette journée ?

Flore Loussakoumounou Diafouka (F.L.D.) : La célébration de cette journée est certainement une bonne chose. Cependant, elle ne devrait pas se limiter en simple déclaration, mais être plutôt une occasion de réfléchir sur les problèmes épineux de l’éducation. Pour rappel, l’accès à l’éducation de qualité est un droit humain, l’objectif n°4 des dix-sept objectifs du développement durable. Malheureusement, à travers le monde, beaucoup en sont encore privés, en l’occurrence les personnes vivant avec handicap, la population rurale et les peuples autochtones. 

L.D.B.C. : Comment pourrait-on la valoriser au Congo ?

F.L.D. : L’accent devrait être mis sur la sensibilisation à l’importance et le caractère transversal de l’éducation. A cette occasion, le problème de l’accessibilité de tous à l’éducation devrait être pris en compte.

L.D.B.C. : Quelle est votre analyse de l’éducation des enfants au Congo ? 

F.L.D. : Je pense que l’éducation des enfants congolais se focalise sur l’acquisition des connaissances théoriques au détriment des notions pratiques et des compétences de vie.

L.D.B.C. : Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être fait concrètement pour améliorer les choses ?

F.L.D. : A mon humble avis, le système éducatif ou l’école devrait viser la transformation holistique de l’enfant et non uniquement la quête des notes ou le passage en classes supérieures. En outre, l’obligation de scolarisation jusqu’à l’âge de 16 ans devrait être également respectée pour se prémunir tant soit peu des actes de délinquance juvénile. Les pouvoirs publics devraient veiller à la faire respecter, d’une part, et favoriser la rescolarisation ou l’accès à l’éducation non formelle (l’alphabétisation), d’autre part.

L.D.B.C. : Quels aspects de l’éducation des enfants congolais méritent d’être revus ou améliorés et pourquoi ? 

F.L.D. : D’une part, les aspects moraux, relationnels et sanitaires de l’éducation doivent être renforcés et, d’autre part, la question des infrastructures scolaires ainsi que celle d’un personnel qualifié et motivé mérite d’être revue. Parce que ces différents aspects sont susceptibles de contribuer à l’atteinte des objectifs pédagogiques et du bien-être global de l’enfant.

L.D.B.C. : A ce propos, quel est votre message à l’endroit des parents, des enfants et des autorités ?

F.L.D. : Les parents sont encouragés à faire de l’éduction de leurs enfants une priorité au même titre que leur santé, leur nutrition et leur logement. En fait, investir dans l’éducation de son enfant c’est lui léguer un héritage inestimable. L’éducation de qualité fait partie des besoins fondamentaux de l’enfant et des droits humains qui sont inaliénables. Ils doivent la faire valoir et ne la troquer pour rien au monde. Il est souhaitable que les autorités éducatives congolaises se substituent en garantes de l’éducation de qualité pour tout le monde. Pour cela, elles doivent combattre toute forme d’exploitation de mineur. Les autorités éducatives congolaises feraient également de leur mieux de rendre les structures d’apprentissages formelles et non formelles tout aussi sécures que conviviales.

L.D.B.C. : Votre dernier mot ?

F.L.D. : Je clos mon propos par un plaidoyer pour une éducation de qualité, sans discrimination. Que du préscolaire à l’université, les besoins des apprenants soient identifiés et satisfaits afin que les apprenants d’aujourd’hui soient les acteurs du changement demain car, comme le disait Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ».

Propos recueillis par Chris Louzany

Légendes et crédits photo : 

Flore Loussakoumounou Diafouka/DR

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