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Et Loango s’imposa …

Samedi 11 Mars 2023 - 17:51

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Parmi les échanges qui ont eu lieu à Brazzaville le 3 mars entre les présidents Emmanuel Macron et Denis Sassou N’Guesso figura en bonne place, nous dit-on, la mise en avant dans le patrimoine historique mondial de l’ancienne cité de Loango, qui fut pendant près de trois siècles le point de départ des navires européens de la traite négrière de l’Afrique centrale vers l’Amérique latine,  les Caraïbes et les Etats-Unis. Un trafic inhumain, dramatique, qui coûta la vie à des millions d’êtres humains et qui plongea cette partie du monde dans un chaos économique dont les effets se font toujours sentir.

Le Congo ayant décidé à juste titre de rouvrir enfin pour la communauté mondiale cette page épouvantable de l’Histoire, Loango s’imposera dans les prochains mois comme l’un des pivots avérés de la traite atlantique, bien au même titre que l’île de Gorée, au Sénégal, qui occupait jusqu’à présent le devant de la scène en Afrique de l’Ouest mais qui était en réalité loin d’avoir provoqué l’ampleur des tragédies dont l’Afrique centrale fut le centre durant des centaines d’années. Un réveil qui doit être préparé avec le plus grand soin par le Congo et par la France, acteur majeur de la traite, car il aura à coup sûr des conséquences importantes sur les relations entre le très jeune Bassin du Congo et la très vieille Europe.

La ministre de la Culture, Lydie Pongault, ayant pris ce dossier en main dès son arrivée au sein du gouvernement il y a six mois, de grands pas en avant ont déjà été franchis parmi lesquels figurent en très bonne place les échanges qui ont eu lieu ces dernières semaines avec l’ancien Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, qui préside aujourd’hui depuis Nantes, d’où partait une grande partie des navires de la traite atlantique française, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Et même s’il fut relativement bref, l’échange sur ce sujet qui a eu lieu le 3 mars entre les présidents congolais et français a ouvert en grand les portes de la mémoire collective.

Qu’il nous soit donc permis, à nous qui sommes de simples observateurs de la scène mondiale, de conseiller aux historiens de se pencher avec la plus grande attention sur cette terrible page de l’Histoire commune entre l’Afrique et la France. Ceci parce que, d’une part, bien des conséquences de cette époque révolue n’ont pas encore été perçues et analysées à leur juste mesure, d’autre part, parce que l’ancien Royaume de Loango deviendra dans les mois à venir une place incontournable de l’Histoire avec les conséquences culturelles, artistiques, touristiques dont l’île de Gorée donne une idée bien précise.

Ajoutons, pour conclure, que la grande ville de Pointe-Noire et le département du Kouilou qui l’entoure tireront de ce rappel légitime de l’Histoire des avantages économiques dont bénéficiera leur population.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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