L’Italie déplore la relance de la peine de mort dans le monde

Samedi 14 Septembre 2013 - 18:00

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Le monde a pratiqué plus d’exécutions capitales dans les vingt derniers jours que depuis le début de l’année

Très en pointe sur le terrain de la lutte contre le recours à la peine capitale dans le monde, l’association italienne Nessunno tocchi Caino (Que personne ne touche à Caïn) est en alerte. Au cours de ces seuls derniers vingt jours, le monde a eu recours aux exécutions capitales qu’il ne l’a fait au total depuis le début de 2013 ! L’association est d’autant plus inquiète que cette brutale tendance a été observée sur les cinq continents, aux pays d’ancienne tradition « exécutionniste » s’ajoutant de nouveaux. Car, en effet, si l’Arabie saoudite, la Corée du Nord, le Vietnam et le Japon ont poursuivi cette tradition discutable, il n’y a pas eu grand monde pour afficher, comme la Chine, la volonté d’inverser le cours de pratiques décriées.

Plus déplorable encore est le fait que l’Afrique, qui avait entamé une louable courbe descendante dans ce domaine, est brusquement revenue en haut du tableau. Surtout à cause d’un seul pays essentiellement : la Somalie ! Vingt-sept exécutions capitales dans ce seul pays, quelle que soit la province considérée. Des territoires autonomes comme le Puntland ou le Samaliland à la zone administrative autour de Mogadiscio, les bourreaux « légaux » somaliens n’ont pas chômé. Car le chiffre ne tient aucun compte des décapitations décidées et appliquées par les milices islamistes Shebab, dont c’est une pratique consolidée dans leur furieuse volonté d’appliquer la loi islamique, la charia sur toute la Somalie.

L’association relève comme encourageants tout de même des signaux envoyés par trois pays (en dehors de la Chine): le Pakistan, qui annonce qu’il va suspendre cette mesure ; la Suisse qui vient de décider de ne plus exporter des produits chimiques létaux utilisés par les prisons des pays où se pratique la peine de mort. Et, pour l’Afrique, c’est la Tanzanie qui fait la fierté des humanitaires: son parlement discute actuellement l’examen du projet de loi portant abolition définitive de la peine de mort, qui n’était d’ailleurs plus appliquée. Mais cela ne suffit pas. La ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, plaide avec force pour que la communauté des Nations adopte à l’ONU le moratoire de suspension de cette peine inhumaine.

La ministre, issue des milieux humanitaires elle-même, annonce la tenue prochaine au Libéria d’une conférence sur la peine de mort. Il s’agira de sensibiliser davantage les nations du continent africain à cette question. La conférence sera une initiative conjointe de la Farnesina (ministère italien des Affaires étrangères) et de Nessuno tocchi Caino. Ce sera, a dit Emma Bonino, l’occasion de réfléchir à l’importance d’une institution internationale comme la Cour pénale internationale. « Car certains veulent l’affaiblir, ainsi qu’on l’a vu avec le vote des députés kenyans s’étant prononcé pour que leur pays s’en retire », a déploré Emma Bonino.

Lucien Mpama