Crise à l’Est : le Conseil de sécurité prône une solution négociée

Lundi 7 Octobre 2013 - 18:56

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À la fin de son séjour de travail en RDC, la délégation onusienne a encouragé les Congolais à s’approprier le processus de paix initié par l’Accord d’Addis–Abeba.

Le récent séjour de la délégation du Conseil de sécurité de l’ONU en RDC a permis de lever quelques zones d’ombre quant à la perception que les Nations unies ont vis-à-vis de la situation à l’est de la RDC. Cette visite a permis de cerner leur approche de la question sécuritaire au nord et au sud Kivu ainsi que sur les voies pouvant amener à son règlement définitif. Il est aujourd’hui établi que l’ONU soutient une option non militariste dans le conflit qui sévit à l’Est de la RDC. À l’étape de Kinshasa où ils ont rencontré le chef de l’État et d’autres personnalités politiques de premier plan, les représentants des quinze pays membres du Conseil de sécurité ont encouragé les Congolais à s’approprier le processus de paix initié par l’Accord-cadre signé le 24 février à Addis-Abeba par onze États africains. Il s’agit pour cette délégation onusienne de renouveler le soutien du Conseil de sécurité à la mise en œuvre de cet accord pour le retour de la paix dans l’est de la RDC.     

En s’inscrivant sur cette voie pacifique, le Conseil de sécurité adhère à la dynamique de paix enclenchée à Kampala à la faveur des négociations entre le M23 et le gouvernement qu’il voudrait voir relancées. « (…) Il y a indéniablement une dynamique de paix en RDC et dans la région et que toutes les parties concernées n’ont pas le droit de rater cette opportunité », avait déclaré Alexis Lamek, représentant permanent adjoint de la France à l’ONU au nom de la délégation. « Il n’y a pas de solution autre que politique pour sortir de cette situation », a-t-il ajouté. Une façon de condamner les deux parties engagées aux pourparlers de Kampala à renouer avec le fil du dialogue interrompu depuis quelque temps.

Le même credo a été réitéré à Goma où s’est rendue le 6 octobre la délégation onusienne en visite dans les Grands lacs. Or, il s’avère que la solution négociée que prône le Conseil de sécurité risque de floper lorsqu’on considère les positions extrêmes et difficilement conciliables développées par les deux parties à Kampala. En effet, les discussions achopperaient, pour l’heure, sur les questions d’amnistie, de l’intégration dans l’armée nationale des officiers du M23 et le devenir politique de ses dirigeants. Là-dessus, Kinshasa qui a déjà publié une liste reprenant les noms des cadres du M23 non éligibles au sein des Fardc n’entend pas négocier sur cette question. Là-dessus, le diplomate français a reconnu « qu’il y a des questions sur lesquelles il est difficile de transiger ».

Évaluation impérative de l’Accord-cadre

En tout état de cause, la visite du Conseil de sécurité de l’ONU en RDC, précisément à l’étape de Goma, a permis à ses émissaires de s’imprégner de la situation de belligérance qui prévaut au nord et sud Kivu. Des informations recueillies sur le terrain leur ont permis de maîtriser les enjeux réels sur le terrain où fulminent une quarantaine des groupes armés dont le M23. Ce qui met à rude épreuve la Brigade spéciale d’intervention dans sa traque des forces négatives. « Nous devons examiner bien plus attentivement l'accès, pas seulement du M23 et des FDLR, mais l'accès de tous les groupes aux armes et aux munitions. Il nous faut en savoir davantage sur le soutien financier dont ils bénéficient, comment ils obtiennent ces armes, ces munitions et ces ressources, notamment les uniformes », a dit le commandant de la force de la Monusco, le général Carlos Alberto dos Santos Cruz, aux ambassadeurs du Conseil de sécurité.

Tout en mettant en garde sur les « attentes excessives » manifestées par les autorités congolaises sur cette brigade d’intervention, les membres du Conseil de sécurité ont pris bonne note des rapports qui leur ont été faits. Après Kigali, Kampala et Addis-Abeba, dernière étape de sa tournée dans les Grands lacs, le Conseil de sécurité aura à évaluer les engagements pris par les pays de la région à travers l’Accord-cadre. « Lorsque le Conseil de sécurité aura terminé cette évaluation, il pourra envisager une suite à donner sur la base de manière consensuelle », a commenté le diplomate français Alexis Lamek peu avant de quitter Goma.      

Alain Diasso