Facilitation au dialogue: pas d'avancées significatives

Mardi 2 Février 2016 - 17:07

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Alors qu’il milite pour la tenue du dialogue, sous une forme ou une autre, en essayant de convaincre un large éventail de la classe politique à y adhérer, l’émissaire de l’Union africaine est toujours en quête du meilleur discours persuasif censé faire bouger les lignes.    

La mission de bons offices entamée en RDC par l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Togo sous l’égide de l’Union africaine (UA) semble faire du surplace. Le facilitateur nommé par la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, peine en effet à concilier les points de vue diamétralement opposés des acteurs politiques au sujet du dialogue. Le front antidialogue essentiellement constitué des partis d’opposition s’est davantage radicalisé en obstruant toute possibilité d’ouverture. Leur refus de rencontrer l’émissaire de l’UA traduit leur obstination à ramer à contre-courant de cette dynamique présentée, à tort ou  raison, comme la voie idoine susceptible d’éviter au pays le chaos.

Edem Kodjo a toutefois conféré avec quelques membres du « Front citoyen 2016 » dont le MLC sans pour autant le convaincre sur l’opportunité d’adhérer à l’idée du dialogue. De sorte qu’aujourd’hui, la moisson est bien maigre pour l’ancien secrétaire général de la défunte Organisation de l’Unité africaine (OUA) en termes d’adhésion à la dynamique en cours. Il n’a hélas pu se rabattre que sur quelques menus fretins d’une opposition plurielle qui parle difficillement d’une même voix. À ce stade, la clé de la réussite de sa mission résidera sans nul doute dans sa capacité à convaincre Étienne Tshisekedi à se mettre au pas. Aux dernières nouvelles, il nous revient que l'émissaire de l’UA, après avoir quitté Addis-Abeba où il a pris part au dernier sommet de l’Organisation panafricaine, aurait mis le cap sur Bruxelles où il entend rencontrer le leader de l’UDPS. Il serait, à en croire des sources, porteur de la réponse de la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, à la lettre qui lui est adressée par Étienne Tshisekedi le 26 janvier.

Pour rappel, dans cette correspondance, le « lider maximo » avait réitéré la position de son parti qui ne reconnaît pas au président Joseph Kabila qui, d’après lui,  « fait partie du problème », le pouvoir de convoquer des pourparlers politiques en RDC. Bien plus, l’UDPS, par la voix de son président, reste attaché à sa « feuille de route pour la sortie de crise » publiée à la mi-février 2015. Pour ce parti d’opposition, le dialogue doit être « convoqué sous l’égide de la communauté internationale » et avoir un « facilitateur convenu par toutes les parties ». Cette approche du dialogue prônée par l’UDPS est aux antipodes de celle défendue par le chef de l’État, Joseph Kabila. C’est dire que le dialogue de sourds se poursuit car tout paraît diviser les concernés. Edem Kodjo aura-t-il les coudées franches pour ramener le « Sphinx » de Limete à la raison ? Pas si sûr. Pour avoir rencontré une délégation de l’UDPS à Kinshasa et n’ayant pas ressenti dans le  chef de ses membres une farouche opposition au dialogue, Edem Kodjo voudrait se forger une conviction en conférant personnellement avec Étienne Tshisekedi à Bruxelles, question de lever tout équivoque.   

Entre-temps, les jours s’égrènent et la versatilité du leader de l’UDPS qui, hier encore, ne jurait que par la convocation du dialogue, n’est pas de nature à faire avancer les choses. Les réticences des uns et des autres à participer au dialogue favorisent, du point de vue de l’émissaire de l’UA, le statu quo et font perdre du temps.

Quant à Edem Kodjo, sa facilitation à la crise en RDC peut à juste titre être considérée comme la dernière grande mission de sa très longue carrière de diplomate. Il est à la croisée des chemins, écartelé entre le choix d’une Afrique de l’incurie et de l’irresponsabilité au sommet des États et celle de l’honneur et de la dignité. Dans une de ses dernières tribunes, le président de « Congo na biso », Freddy Matungulu, pense que si Edem Kodjo assigne à sa médiation l’objectif d’aider la RDC à rejoindre le club des nations matures à institutions fortes, « son héritage politique figurera en lettres d’or dans les livres de l’Afrique de demain, celle de dirigeants qui servent leurs pays et rendent compte à leurs populations ».

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Edem Kodjo

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