Nord-Kivu: la Monusco somme les groupes armés à déposer les armes

Samedi 16 Novembre 2013 - 15:15

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Un appel pressant leur a été lancé depuis Goma par le chef d'Etat-major des forces armées de la Monusco, les exhortant à déposer rapidement les armes au risque d’y être contraints par la force.

Décidément, l’étau se resserre de plus en plus sur les groupes armés encore actifs dans l’Est de la RDC. Après la débâcle du M23, tous sont pour ainsi dire sur le qui-vive, redoutant une éventuelle offensive généralisée de la part des FARDC et de la Monusco qui tiennent à en finir avec eux. Aujourd’hui, le credo est le même au niveau de la communauté internationale : mettre fin à l’instabilité chronique de cette partie de la RDC en y restaurant la paix. Pour y arriver, il faut absolument éradiquer le phénomène « groupes armés » enraciné dans l’Est du pays et devenu source d’insécurité sur fond d’affrontements armés récurrents. La Monusco qui vient d’intérioriser cette réalité est décidée de prendre le taureau par les cornes en traquant, au besoin, tous les groupes armés réfractaires à la paix.

Le lieutenant-général Carlos Alberto Dos Santa Cruz, chef d'Etat-major des forces armées de la Monusco, a fait état de cette perspective au cours d’un récent point de presse tenu à Goma. Il a saisi cette opportunité pour lancer un appel pressant aux groupes armés concernés, nationaux et étrangers, à déposer rapidement les armes au risque d’y être contraints par la force. « Nous souhaitons que les groupes armés choisissent la reddition, qu’ils déposent les armes et retournent dans la vie civile. Mais, s’ils ne le font pas, nous allons aller de l’avant avec notre mandat, qui est de les éliminer », a déclaré le chef militaire de la Monusco. En fait, la Mission onusienne se dit prête à user comme il se doit de son nouveau mandat tel que repris dans la résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu. Après moult tergiversations, et tenant compte d’une opinion intérieure qui n’était plus en phase avec ses activités de maintien de la paix dont les résultats sur terrain étaient souvent mitigés, la Monusco entend cette fois-ci, booster son image en scrutant toutes les voies possibles pour faire taire définitivement les armes à l’Est du pays.

C’est non sans raison que le lieutenant-général Carlos Alberto Dos Santa Cruz a rappelé que son institution n’avait aucune accointance avec un quelconque groupe armé dans la région. Cette vision de la Monusco consistant à mener des opérations militaires ciblées contre les groupes armés « n’est pas influencé par quelques discussions que se soit », s’est-il contenté de dire, allusion faite sans doute aux pourparlers de Kampala qui n’auront aucune incidence sur la position déjà arrêtée. Et d’ajouter : « C’est facile de comprendre pourquoi nous devons changer la donne ici au Congo. Nous devons arrêter ces groupes armés ici. Et, c’est à cela que nous allons nous atteler dans notre mandat ».

Ce coup de gueule du lieutenant-général Carlos Alberto Dos Santa Cruz fait suite à plusieurs autres sommations antérieures non suivies d’effets de la communauté internationale et du gouvernement congolais appelant les groupes armés encore actifs à déposer les armes. Cette fois-ci sera peut-être la bonne d’autant plus que la population locale a été exhortée « à être solidaire des autorités dans la lutte contre ces groupes armés qui troublent la paix sociale dans cette partie du pays ». Après avoir vécu dix-huit mois de guerre avec tout ce que cela implique en termes d’instabilité et d’insécurité, les populations du Kivu ne jurent que par le rétablissement de la paix dans leur province.

Appuyée par la population et requinquée à la suite du dernier succès militaire réalisé conjointement avec les FARDC sur le M23, la Monusco via sa brigade spéciale d’intervention dispose donc de tous les atouts pour venir à bout des groupes armés qui empestent l’Est de la RDC. Ils sont à peu près une quarantaine de groupes armés actuellement recensés qui sévissent encore dans l’Est, notamment dans les Nord et Sud-Kivu, le Maniema, le Katanga et la Province Orientale.

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le Chef d’État-major de la Monusco,Carlos Alberto Dos Santa Cruz.