Commerce de bois illégal : un poids sur les ressources naturelles de la RDC

Mardi 4 Février 2014 - 18:02

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Pour Greenpeace, citant Interpol, le bois illégal constitue un fléau dans les pays tropicaux et un désastre climatique global.

Dans un communiqué soutenant la saisie symbolique de bois illégal au port de Caen, en France, Greenpeace Afrique, citant Interpol, a regretté que le bois illégal représente quinze à trente pour cent du volume du bois commercialisé internationalement.

Pour le coordonateur national RDC pour Greenpeace Afrique, Raoul Monsembula, le bois illégal, dans des pays comme la RDC, rime avec déforestation et violents conflits sociaux. « Il ne profite pas aux populations et impose une concurrence déloyale avec des filières légales en difficulté. C’est aussi un facteur majeur du dérèglement climatique au niveau mondial, qui a des répercussions dramatiques en Afrique », a-t-il expliqué. Il a relevé comme caractéristiques de ces activités illégales, le non-paiement des taxes, le dépassement des quotas de coupe, la coupe d’essences protégées, le non-respect des communautés forestières, etc.

Ce communiqué a, en effet, rappelé une action de Greenpeace France, qui a procédé, le 9 janvier, à une saisie symbolique de bois illégal au port de Caen.

Saisie symbolique d’une pièce à conviction

À l’issue de cette activité menée par quinze militants de Greenpeace France en combinaisons siglées « Brigade de vérification du bois », une grume longue d’environ sept mètres et demi a été placée sur la remorque d’un camion pour être présentée aux autorités françaises comme pièce à conviction. Le convoi a finalement été bloqué par les forces de l’ordre.

Greenpeace France a révélé que le port de Caen est un point d’entrée important pour le bois illégal en provenance notamment de la RDC. Cette organisation internationale et d’autres ONG auraient déjà alerté le ministère français de l’Agriculture sur la présence de bois illégal dans les ports français. « Nous exhortons les autorités françaises à saisir ce bois illégal et à appliquer les dispositions du Règlement sur le bois de l’Union européenne (RBUE), afin de contribuer à la protection des forêts congolaises et à la lutte contre le commerce illégal du bois », a appuyé Raoul Monsembula.

Greenpeace a indiqué que le bois saisi est vendu par la compagnie Sicobois en RDC. Alors qu’il a été importé par la société française Peltier Bois. À en croire cette organisation, Sicobois est une compagnie connue pour ses activités forestières illégales provoquant d’incessant conflits sociaux- dans le territoire de Lisala, province de l’Équateur. L’ONG a appuyé ses allégations par les conclusions d’une mission effectuée, en décembre dernier, avec des organisations locales dans le groupement Mondunga où la communauté locale a rapporté avoir été victime de violence. « Ainsi des documents officiels et des témoignages de la population font état d’atrocités qui auraient été commises par des employés de la Sicobois à l’encontre des populations locales. Par ailleurs, six personnes disent avoir été arbitrairement arrêtées par une intervention policière et militaire. La communauté locale a déposé une plainte contre les employés de Sicobois auprès du procureur de Lisala », a souligné Greenpeace.

Cette ONG a rappelé que, depuis mars 2013, le RBUE est entré en vigueur. « Censé s’appliquer dans tous les pays de l’Union, il prévoit qu’un importateur de bois s’assure par tous les moyens de la légalité de son bois. Une immobilisation, voire une saisie ou des sanctions pénales peuvent être prises », a-t-elle expliqué. L’organisation a salué la saisie, l’année passée en Allemagne, de deux cargaisons de bois illégal en provenance de la RDC. Pour Greenpeace, cette action des autorités allemandes est comptée comme un premier cas d’application du RBUE en Europe.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Chargement des grumes sur une remorque