Marianne Flach : « Seulement 21% des femmes congolaises allaitent leurs enfants jusqu’à six mois »

Mardi 16 Juillet 2013 - 14:30

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Au moment de quitter le Congo après quatre ans d’exercice, la représentante de l’UNICEF au Congo, Marianne Flach, dresse son bilan. Elle apprécie notamment la politique gouvernementale en faveur des enfants et recommande aux femmes de pratiquer l’allaitement maternel inclusif jusqu’à six mois. Interview exclusive.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Arrivée au terme de votre mandat, quel bilan pourriez-vous dresser des quatre ans d’exercice au Congo ?

Marianne Flach (MF) : Je dresse un bilan positif des quatre ans que j’ai passés au Congo. Durant cette période, nous avons fait beaucoup de choses avec le gouvernement. Je fais allusion à la mortalité maternelle et la mortalité des enfants de moins de 5 ans car ce sont là des indicateurs importants. Sous mon mandat, les deux taux de mortalité ont fortement baissé. Nous avons également mis un accent sur la lutte contre le paludisme, la diarrhée et les infections respiratoires car ces maladies constituent la principale cause de mortalité infantile, surtout chez les moins de 5 ans. Ce qui reste à faire, c’est de mettre aussi un accent sur la lutte contre la mortalité néo natale (enfants de moins d’un mois). Ces enfants décèdent souvent après leur naissance soit par le manque de professionnalisme des personnels de la santé soit par le manque d’un suivi familial. Durant mon mandat, nous avons également accompagné le gouvernement dans la lutte contre la poliomyélite et l’avons assisté dans les différentes catastrophes que le pays a connues.

LDB : Quelle est votre appréciation sur le Congo en termes d’actions engagées en direction des enfants ?

MF : Pendant ma période au Congo, le gouvernement a engagé un certain nombre d’actions en faveur des enfants. Le président de la République a signé deux lois importantes : la première concerne la loi portant Protection des enfants, signée en 2010. La deuxième loi concerne la loi portant Protection des peuples autochtones. Cette loi donne aux peuples autochtones les mêmes droits que les autres citoyens congolais. Aujourd’hui, cette loi attend les textes d’application pour être mise en œuvre. Sous mon mandat aussi, le gouvernement a fait des efforts en matière de droit à l’éducation des enfants. Le Congo est aujourd’hui parmi les premiers pays africains à avoir une loi sur la protection des enfants. Aujourd’hui, la scolarité est devenue gratuite au Congo. Ce sont donc des efforts à saluer et à accompagner.

LDB : Justement, qu’est-ce que l’UNICEF envisage de faire au Congo au cours des prochaines années ?

MF : L’UNICEF envisage de mener un certain nombre d’actions à l’endroit des enfants autochtones. Il s’agira de les inciter à aller à l’école en tenant compte de leur milieu et de leur mode de vie. Nous pensons qu’il faut emmener les écoles vers les peuples autochtones. Nous allons aussi accompagner le gouvernement dans sa politique de gratuité de l’école. Une étude sera même menée sur les filles qui très souvent abandonnent les études au collège ou au lycée. L’UNICEF continuera aussi à soutenir le gouvernement dans la lutte contre la traite des enfants au Congo. Avec le ministère des Affaires sociales, nous allons mettre en place une Coordination nationale de lutte contre la traite et nous comptons mettre en place un mécanisme national de l’action sociale. Ce projet vise à ce que le ministère des Affaires sociales alloue désormais des allocations familiales à un certain groupe de personnes défavorisées. Nous allons également accompagner le gouvernement dans la lutte contre la pauvreté qui n’a pas encore baissé de manière significative. Une action particulière sera également menée à l’endroit des enfants vulnérables. Enfin, l’UNICEF envisage de mener des actions dans la lutte contre le chômage des jeunes.

LDB : Quel est votre dernier mot ?

MF : Je voudrais souligner une chose importante au niveau de la communauté. Je conseille aux femmes mères de pratiquer l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois, sans leur donner autre chose, car cela permet à l’enfant de développer une meilleure résistance. Aujourd’hui le pourcentage des mamans qui pratiquent l’allaitement maternel exclusif est encore de 21%, ce qui est insignifiant et dangereux pour l’avenir des enfants. Les autres aspects que je recommande au moment où je quitte le Congo, c’est de dormir sous une moustiquaire imprégnée et de toujours laver ses mains avant et après les repas. Ce sont des gestes simples que les mamans peuvent faire et qui vont contribuer à la réduction des maladies et de la mortalité infantile.  

Marianne Flash est détentrice d’un master en nutrition et en épidémiologie de l’Université de Netherlands depuis 1981. Elle est arrivée au Congo en 2009 comme représentante de l’UNICEF. De 2007 à 2009, elle a été directrice régionale adjointe de l’ONG internationale Kelen Keler à Dakar au Sénégal. Elle a également été chef de bureau de cette ONG à Kinshasa RD-Congo de 2005 à 2007. De 2000 à 2005, elle a été chef du projet de la sécurité alimentaire pour les femmes vulnérables à Bangladesh. Entre 1996 et 2000, elle a été chef du programme hydraulique villageois à Dosso au Niger. De 1993 à 1996, elle a été expert de la FAO en système Post récolte à Rome en Italie. Au moment où elle quitte le Congo, elle s’est vue attribuer de nouvelles responsabilités comme représentante de l’UNICEF en Guyane.

Tiras Andang

Légendes et crédits photo : 

photo : Marianne Flach, représentante de l'UNICEF, quitte le Congo