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Sonia Rolland : une Miss France engagée pour son pays et les femmes de la diaspora

Lundi 3 Mars 2014 - 1:15

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Sonia Rolland est la première Miss France d’origine africaine. Née d’une union franco-rwandaise, elle quitte le Rwanda en plein génocide. Son élection de Miss fut un réel tremplin. Aujourd’hui, elle est vue comme une comédienne à succès. Elle a créé une ONG, Maisha Africa, afin de subvenir aux besoins des enfants au Rwanda

Sonia Rolland, comédienneLes Dépêches de Brazzaville : Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance au Rwanda ? À quelle fréquence y retournez-vous ?
Sonia Rolland : Les meilleurs certainement, quoique parfois lointains... Mais je me souviens d’une enfance heureuse, avec des parents qui travaillaient beaucoup et recevaient le week-end. C’était souvent la fête. Je naviguais très aisément entre mes deux cultures, française et rwandaise, et, bien sûr, mes deux langues. Nous avons quitté le Rwanda en 1990, puis nous y sommes retournés en 2001 après mon année de Miss France. Nous avons vécu au Burundi de 1992 à 1994 pour finir en Bourgogne... Vous connaissez la suite.

LDB : Comment avez-vous eu l’idée de créer votre ONG, Maisha Africa ? Quelles sont vos principales actions ?
En 2001, lors d’un voyage de retour au Rwanda en famille, j’ai eu une révélation. En tant que personnalité publique, j’étais souvent sollicitée par des associations. Là, dans mon pays d’origine, il y avait beaucoup à faire et surtout au niveau de l’enfance vulnérable, les orphelins. J’ai donc décidé avec ma mère et des bénévoles de créer l’association en 2001 afin de lever des fonds pour aider des associations sur place. Puis nous avons eu des projets de reconstruction, tels que des habitations d’orphelins regroupés en famille, totalement vétustes... Nous en avons réhabilité et meublé 36 qui abritent des familles de six à huit jeunes. En mars, par exemple, nous allons inaugurer des classes de maternelles dans un complexe scolaire à Ntarama, au Rwanda, dont nous avons financé la construction.

LDB : Vous avez eu gain de cause suite à votre pétition contre le collier en forme de chaine d’esclave proposé par une marque de prêt à porter. Que pensez-vous de ces écarts minimisés envers la communauté noire en France ?
Ils ont retiré ces bijoux de la vente. Ce qui nous avait choqués, c’est que ces bijoux soient nommés « Style esclave ». Récemment, une marque a proposé des déguisements dits Zoulous, où le mannequin maquillé en Noir portait un costume ridicule, avec une perruque Afro ornée d’un os... Bref, c’est triste, car il faut simplement imaginer le nombre de personnes qui conçoivent ça dans des cellules marketing et qui le valident. Parfois j’en viens à me demander si cela n’est pas fait sciemment pour créer le buzz... Les lois sont peut-être trop laxistes, car, aux États unis, par exemple, cela n’arriverait jamais ou alors cela serait très sévèrement puni.

LDB : Égérie et ambassadrice de la marque Mixa, vous avez coécrit l’ouvrage Beauté Black. Pensez-vous qu’il y a un manque de renseignements destinés aux femmes noires et métissées ? Est-ce une façon d’éduquer toutes ces femmes qui ont parfois recours à des produits dangereux pour leur peau et leurs cheveux, et donc leur santé ?
Il y en a de plus en plus, et puis avec internet aujourd’hui il y a pléthore de conseils. Attention, tout n’est pas à prendre, mais on peut trouver son bonheur. Il y a aussi l’apparition de magazines dédiés aux femmes noires, ou des numéros spéciaux comme ceux de Femme actuelle qui ont rencontré un succès à chaque rendez-vous. Aussi de nombreux blogs beauté spécialisés existent, comme celui de Sandrine Jeanne-Rose (Sandrinejeannerose.fr) avec qui j’ai coécrit mon livre Beauté Black. Nous en sommes très fières, car il est devenu un vrai guide de beauté indispensable. 

LDB : Votre actualité ? Dites-nous tout !
Je tourne un documentaire sur le Rwanda. C’était un désir que j’avais depuis quelques années, car je me rends compte que la reconstruction du Rwanda est totalement méconnue du grand public, alors qu’à mon sens il y a un vrai regard à avoir sur ce pays, qui par la force d’un peuple, d’une rigueur et d’une vision à pu se remettre sur pied avec autant de rapidité et de modernisme, sans oublier son identité et ses valeurs. C’est une vraie réussite, un miracle !

 

 

 

 

Miss France 2000, Sonia Rolland fait ses premiers pas de comédienne en 2002. En 2001, elle fonde et préside avec sa maman Landrada, l'association « Sonia Rolland pour les enfants » qui devient un peu plus tard « Maïsha Africa ». Elle sort en 2007 le livre « Les Gazelles n'ont pas peur du noir » aux Ed. Michel Lafon et en 2010 « Beauté De Black » aux Ed. du Rocher. Aujourd'hui, ambassadrice de la marque de cosmétique Mixa aux côtés de Estelle Lefébure, elle produit et se lance dans la réalisation d’un court métrage…

Maisha Africa : une organisation qui met en lumière le Rwanda

Maisha Africa est une organisation non gouvernementale qui a pour visée de rebâtir l’environnement de la jeunesse rwandaise à la suite du génocide. L’ambassadrice et présidente phare de ce projet n’est autre que Sonia Rolland. Véritable personnalité française, elle ne s’est pas arrêtée à son expérience de Miss France, mais en a fait bon usage. Cette visibilité lui permet chaque jour de lever des fonds et de sensibiliser ses partenaires au redressement du Rwanda, qui reste exemplaire. Les champs d’action sont multiples. La reconstruction en est la clé de voûte, et elle est matérielle, sociale, mais aussi psychologique. Les axes que défend l’organisation sont nombreux et effectifs : financement des projets de scolarisation, rénovation des habitations des enfants ainsi que les équipements qui vont avec. Depuis sa création en 2001, Maisha Africa s’est spécialisé aussi dans l’aide d’urgence, cela prouve bien que c’est une association quotidienne qui œuvre pour une amélioration effective du pays. Des grands projets aux aides personnalisées, l’association ne néglige aucune piste pour améliorer le quotidien de nombreuses personnes au Rwanda. L’ONG s’est associée à la création d’un orphelinat et chaque jour facilite l’insertion des jeunes. Et dernier projet, mais non des moindres : la construction d’une boutique-épicerie dans le district de Kamonyi, au centre d’un village d’enfants. 

Living The African Dream : rêver pour une Afrique entrepreneuse

Living The African Dream est une jeune ONG qui veut promouvoir la culture entrepreneuriale en Afrique afin qu’elle se tourne vers un développement durable et équitable du continent. Grâce à Living The African Dream, les experts pourront repérer les talents créatifs des Africains pour les mettre en valeur dans des activités entrepreneuriales. Cela permettra de mettre en place des initiatives et des structures visant à accompagner ces jeunes talents. Les ambassadeurs, Fally Ipupa (artiste-musicien RD-Congo), Sonia Rolland (ex-Miss France et présidente de Maisha Africa), Jemal Taleb (avocat d’affaires), et Philipe Douste-Blazy (ancien secrétaire adjoint des Nations unies), Mahmoud Thiam (ancien ministre, CEO Thiam&Co) et Émilie Gomis (championne d’Europe de basket, Sénégal) sont partis du terrible constat que plus de 17 000 Africains sont morts en tentant de rejoindre l’Europe depuis 20 ans. Ainsi, ne serait-il pas plus simple de créer de l’emploi dans les pays concernés ? C’est pourquoi ils sont déterminés à créer un média entièrement destiné à l’Afrique ainsi qu’une interface pour promouvoir les initiatives africaines. Créer un réseau d’entrepreneurs et mettre en lumière les actions de la jeunesse, c’est le souhait de Living The African Dream.

Propos recueillis par Grâce Loubassou

Légendes et crédits photo : 

Sonia Rolland, comédienne ©DR