Trafic des personnes : les religions s’engagent

Lundi 17 Mars 2014 - 18:26

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Catholiques, anglicans, musulmans et humanistes ont signé, ce lundi au Vatican, un engagement à lutter contre la traite des êtres humains dans le monde

Un accord a été signé lundi matin au Vatican par des représentants des Églises anglicane et catholique, et de l'université sunnite d'Al-Azhar pour lutter contre « les formes modernes d'esclavage et le trafic de personnes ». Le protocole d'accord, sous le titre de Global Freedom Network, a été négocié avec le plein appui du pape François, de l'archevêque de Canterbury et du grand imam d'Al-Azhar, sous les auspices d'une fondation privée, la Walk Free Foundation, du magnat australien des mines, Andrew Forrest. Le protocole ouvre à la création d'un réseau interconfessionnel ayant pour but l'éradication de toutes les formes modernes d'esclavage et de la traite des personnes d'ici 2020.

C’est l’archevêque argentin Marcelo Sanchez Sorondo qui a signé le document au nom du Vatican où il préside les Académies pontificales des sciences et des sciences sociales. L’an dernier, Mgr Sorondo avait organisé un séminaire de travail au Vatican en présence d'experts internationaux pour voir quelles ripostes concrètes l'Église et d'autres institutions pouvaient opposer aux réseaux de traite d'êtres humains. À plusieurs reprises, le pape François a condamné « le grave délit contre l'humanité qu'est la traite des femmes, des enfants, des immigrés, forme d'esclavage la plus répandue » de ce début du XXIe siècle. Le Souverain pontife a décidé de faire de cette cause l'une des priorités de son pontificat.

Le religieux sunnite Mahmoud Azab représentant le grand imam d'Al-Azhar, le père anglican David John Moxon pour l'archevêque de Canterbury Justin Welby, et Andrew Forrest, homme d'affaires et philanthrope, étaient présents ce lundi au Vatican, pour cette signature. « Global Freedom Network se veut un réseau interconfessionnel ouvert à toutes les religions et croyances », a souligné M. Forrest, moteur de cette initiative avec sa fondation Walk Free Foundation. L’idée, a-t-il dit, est de travailler en amont, à la prévention, et en coopération avec les organisations déjà en lutte contre ce fléau qui toucherait 30 millions de personnes.

Le texte signé lundi comprend un mémorandum d'entente et une déclaration commune, qui dénonce « la violente capacité destructrice de l'esclavage moderne et de la traite des êtres humains », et invite les autres églises chrétiennes et confessions religieuses dans le monde à intervenir. Les parties signataires à l’accord ont pris une série d'engagements pour la première année d'activité du réseau : débarrasser de leurs chaînes les fournisseurs de services et de tout soupçon d'esclavage ou de traite de personnes ; sensibiliser les familles, écoles et institutions religieuses pour identifier et dénoncer ces fléaux.

Le réseau appelle aussi les 50 plus grandes entreprises mondiales à garantir dans leur chaîne d'approvisionnement, l'exclusion de toute forme d'esclavage moderne et demande le soutien de 162 gouvernements et du G20 à la création d'un Fonds global qui financera des programmes d'éradication. Selon M. Forrest, le fonds qui fonctionnera selon une approche économique industrielle, sera lancé lors du prochain Forum économique mondial. Le représentant de la mosquée Al-Azhar, Mahmoud Azab, a expliqué l'implication de la plus haute autorité du monde sunnite par la volonté de s'attaquer aux problèmes concrets du monde avec une initiative noble, extraordinaire. « Il s'agit d'un appel fort contre l'égoïsme des pays riches, contre les sociétés matérialistes qui doivent cesser toute forme d'agression contre l'être humain », a-t-il conclu.

Lucien Mpama