Entraves à la liberté de la presse :l'Olpa interpelle le Premier ministre

Lundi 16 Septembre 2019 - 15:30

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L’ONG de promotion et de défense de la liberté de la presse sollicite l’intervention du chef du gouvernement, Sylvestre Ilunga, en vue de mettre fin à la montée en flèche de cas d’atteintes graves au droit d’informer et d’être informé garanti par la législation nationale et les instruments juridiques internationaux dûment ratifiés par la République démocratique du Congo, enregistrés dans la partie est du pays.

 L’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) a protesté, dans une lettre adressée au Premier ministre le 13 septembre, contre l’accroissement du nombre des actes menaçant la liberté des médias et des journalistes en Ituri et au Nord et Sud-Kivu. Exprimant ses inquiétudes, il a exhorté l’autorité à mettre fin à cette spirale, se référant ainsi à plusieurs cas d’atteintes à la liberté d’information documentés d’août à septembre dans ces trois provinces.

Enumérant une dizaine de ces cas avérés, Olpa, représentée par son secrétaire exécutif, Alain Kabongo Mbuyi, a rappelé à Sylvestre Ilunga le ferme engagement qu'il avait pris, lors de la présentation du programme de son gouvernement, le 3 septembre, devant l’Assemblée nationale, de garantir la liberté de la presse conformément à la Constitution, en revisitant la loi sur la presse et en facilitant l’accès des médias publics et privés à l’information.

« Ces actes ne peuvent nullement être cautionnés par le gouvernement dont vous êtes Premier ministre », a indiqué Olpa, l'invitant à peser de tout son poids afin de mettre fin à cette situation.

Un monitoring des cas avérés

L’ONG a notamment recensé les cas des journalistes Richard Pituwa, Nicolas Synte, Placide Ucircan, Paprino Tchombe et Jacques Pazo, respectivement directeurs et animateurs de Radio Canal révélation, Radio Tam-Tam de Monts bleus et Radio Merveille Bunia, des stations de radio émettant à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, qui ont été invités à comparaître, du 2 au 12 septembre, devant le parquet général de Bunia. Il leur est reproché, selon cette organisation, d’avoir diffusé dans leurs médias respectifs des émissions aux cours desquelles les invités ont débattu sur la vente présumée de douze lingots d’or par les autorités provinciales. « Lors de leurs auditions, ils ont été sommés de ramener des supports audio contenant des émissions incriminées au parquet », a regretté l’Olpa.

L'Observatoire relève également qu’Abdoul Lazo Jérémie, journaliste à la station provinciale de la Radiotélévision nationale congolaise/Ituri, a été suspendu, le 5 septembre dans la plus grande irrégularité, pour une durée indéterminée par un chef de service dans ce média public, Serge Karba Atwoki, pour avoir participé à une discussion dans un groupe WhatsApp dénommé « la Voix de l’Ituri » au cours de laquelle, il a déploré les arrestations arbitraires et les menaces subies par la population dans cette partie du pays. D'autres cas similaires sont aussi rapportés dans cette province.

Il en est de même du Nord-Kivu, où le journaliste Paul Zaidi de Radiotélévision Graben Kasindi, station communautaire émettant à Kasindi, a reçu de sérieuses menaces de la part des responsables locaux des services de défense et de sécurité. Les auteurs des menaces, explique cette association, accusent le journaliste d’avoir diffusé, les 7 et 21 août derniers, une émission intitulée « Meli-Melo Cultura » au cours de laquelle, il a mis en cause les responsables de la sécurité dans la fraude douanière dans la filière café et cacao. 

L'Olpa a indiqué aussi à l'endroit du Premier ministre que dans la province du Sud-Kivu, Ghislain Bafunyembaka, rédacteur en chef de la radio Tuungane de Minembwe, station communautaire émettant à Minembwe, a reçu, depuis le 10 septembre, des menaces de mort de la part des hommes non autrement identifiés qui l’accusent d’avoir diffusé une fausse information à travers les médias et d’avoir révélé un secret sans plus de précision. Selon cette organisation, ici également, l’incriminé, dont les auteurs des menaces promettent de ramener son cadavre à Bukavu, a rejeté cette accusation.

Notons qu'il a été fait copie de cette lettre au président de la République, chef de l'Etat.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

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