Coronavirus : les pires scénarios économiques envisagés en Afrique

Lundi 23 Mars 2020 - 16:15

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Le principal facteur de risque sera la dépendance directe ou indirecte de la plupart des  économies africaines aux pays dévastés par le virus mortel. Même à l’intérieur des frontières africaines, l’on s’interroge déjà sur le sort de certains grands projets panafricains, notamment le lancement de la Zone de libre-échange continentale prévu pour juillet prochain.

Dans une analyse sans ambiguïtés dans Le Point Afrique, les experts de l’OCDE affirment suivre de près la progression de la pandémie dans le monde. Toutefois, à ce stade, il n’existe pas des données en temps réels sur les conséquences économiques du coronavirus. Mais dans leur réflexion, ces experts ont dégagé une certaine tendance des événements futurs en cas de persistance du ralentissement économique de la Chine et de l’Europe, les deux principales partenaires de l’Afrique. Certes, l’Afrique s’en sort jusqu’à présent plutôt bien face à la désolation provoquée par cette pandémie du coronavirus dans le monde, mais le vrai danger pour les Africains sera surtout d’ordre financier.

Le secteur des hydrocarbures menacé

Le plus grand impact sera enregistré certainement au niveau de la croissance des économies pétrolières de la région. En effet, le secteur pétrolier africain déjà en souffrance depuis un certain temps à cause de la guerre commerciale larvée entre grandes puissances dépend en grande partie de la Chine pour ses exportations. En décembre dernier, certains pays de la région ont exporté le baril à moitié prix. Et le ralentissement de l’économie chinoise ne va rien arranger dans les prochains jours. A cause de cette dépendance aux hydrocarbures (pétrole, gaz, etc.), des pays comme l’Angola, l’Égypte, le Soudan du Sud et l’Algérie devront se préparer à traverser une période très difficile.

D’autres secteurs menacés

Les pays non dépendants des hydrocarbures ne seront pas épargnés non plus. Le cas le plus cité est celui de la RDC pour les produits miniers exportés qui génèrent l’essentiel des revenus du pays. Le maintien de la fermeture des frontières et la suspension des vols, sans oublier le ralentissement de la Chine, pèseront lourdement sur l’économie RD-congolaise du reste chancelante. Dans cette catégorie, il y a aussi d’autres pays en phase de diversification de leurs économies. Le secteur le plus générateur des devises est le tourisme, principalement dans le Nord de l’Afrique. Sur ce point aussi, il sera difficile d’espérer promouvoir le tourisme et les industries en lien avec l’Europe dans un contexte d’isolement et de repli des régions.

Remettre à plat

L’Afrique elle-même va certainement se remettre en cause et envisager des nouvelles stratégies pour redémarrer l’économie régionale. Il faut craindre l’effondrement des échanges intra-africains déjà précaires et leur impact certain sur le développement africain.  Pour revenir en force, l’Afrique devrait, à en croire nos experts, s’appuyer sur ses partenaires multilatéraux comme le Fonds monétaire international. « Le gros enjeu, désormais, sera de faire valoir la part de production africaine dans les chaînes de valeur régionales. Il faudra se concentrer sur l'intérieur car même les petits marchés sont dépendants de l'extérieur ».

Laurent Essolomwa

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