Covid-19 / Afrique : la riposte est enclenchée

Vendredi 10 Avril 2020 - 10:00

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Longtemps épargnée par le coronavirus avec 10 000 cas recensés et 500 décès, la communauté internationale craint le pire en Afrique dans les jours à venir.

La plupart des pays ont pris des mesures de confinement tandis que d'autres ont déclaré l'état d'urgence. Par mimétisme, l'Afrique a prescrit la distanciation sociale. Mais elle s'avère impossible à mettre en oeuvre. Le continent est pressé de procéder à des tests et à un traçage systémiques, ainsi qu'à l'isolement des personnes infectées. L'Europe de son côté est préoccupée des dommages que pourrait causer le coronavirus à l'économie africaine ; peu de gouvernements africains disposent des ressources nécessaires pour la relance économique.

Du coup, l'Afrique est confrontée à une double préoccupation : sauver des vies et limiter le préjudice économique. Un rapport de l'Union africaine (UA) datant du 6 avril, et intitulé "L'impact du coronavirus (Covid-19) sur l'économie africaine", prédit des jours difficiles. Le Covid-19 fait peser la menace d'un affaiblissement des PIB d'une vingtaine de millions de pertes d'emplois et de potentiels troubles sociaux. "Les économies africaines restent informelles, très extraverties et vulnérables aux chocs extérieurs", explique le rapport. Il retient deux scénarios pour 2020, dont un "scénario réaliste" qui relève que l'Afrique connaîtra une contraction moyenne de son Pib de 0,8% et "un scénario pessimiste" qui indique que le continent enregistrera une contraction de 1,1%.

L'Union européenne (UE) est prête à tout mettre en oeuvre pour sauver l'Afrique, notamment en renforçant l'aide humanitaire, sociale et économique. "Cette démarche relève de notre intérêt mutuel et est en phase avec la nouvelle stratégie UE-Afrique", rappelle Bruxelles. L'Afrique de son côté a lancé un appel à l'annulation de sa dette publique et au réaménagement de sa dette privée lors de la conférence téléphonique du 3 avril des présidents Emmanuel Macron de la France, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Cyril Ramaphosa de l'Afrique du Sud, Paul Kagamé du Rwanda, Félix Tshisekedi de la RD Congo, Abdel Fatatah al-Sissi de l'Egypte, Uhuru Kenyatta du Kenya, Emmerson Mnangagwa du Zimbabwe, du président de la Commission de l'UA Moussa Faki et du Premier ministre et Nobel de la paix Abiy Ahmed d'Ethiopie. 

"Nous sommes tous vulnérables", a affirmé le président MacKy Sall. "Les vulnérabilités communes s'ajoutant aux fragilités individuelles. Même si nous n'avons pas le même passé [...] nous avons le même avenir. L'heure des destinées singulières est révolue [...] mais l'Afrique ne servira pas de cobaye".

Auparavant, les Nations unies avaient lancé un plan d'aide humanitaire mondial de 2 milliards de dollars pour lutter contre le Covid-19. Les dirigeants du G20 se sont engagés à apporter une réponse mondiale coordonnée et à mettre tout en oeuvre pour surmonter la pandémie afin de protéger les populations et leurs moyens de subsistance, dans l'intérêt collectif de placer l'Afrique au coeur de cette stratégie. 

Abiy Ahmed a lancé un appel en faveur de la mise en place d'un fonds mondial solide pour éviter l'effondrement des systèmes de santé des économies africaines et la stabilité démocratique en Afrique.

La présidence du Conseil économique social et environnemental (CESE) en France invite l'UE à "jouer son rôle avec conviction et à travailler main dans la main avec l'Afrique pour élaborer un plan en vue de sa relance, sans quoi d'autres acteurs, comme la Chine, pourraient bien dicter l'avenir, avec des conséquences qui reviendraient vers nous comme un boomerang". Le coronavirus a déjà fait plus de 100 000 morts dans le monde. Paris va consacrer 1,2 milliards d'euros à la lutte contre le coronavirus en Afrique.

 

 

 

Noël Ndong

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