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Ouattara et Bédié

Samedi 11 Juillet 2020 - 17:31

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Une question se pose en Côte d’Ivoire et hors des frontières de ce pays depuis le décès, le 8 juillet, à Abidjan, du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, dauphin désigné de l’actuel chef de l’Etat :  que compte faire le président Alassane Dramane Ouattara face à son prédécesseur Henri Konan Bédié, se demande-t-on ?

Déjà, la décision que le président ivoirien avait prise de ne pas briguer un nouveau mandat s’était trouvée contrariée, après-coup, par l’annonce de son ex-allié, Henri Konan Bédié, de se présenter à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Parce que les deux hommes connaissent assez bien leur pays et les péripéties de son histoire politique des cinq dernières décennies en ont fait des concurrents avisés du temps de Félix Houphouët Boigny et après son décès en 1993, de proches alliés contre Laurent Gbagbo, puis aujourd’hui des adversaires résolus.

A ces divers titres, ils deviennent l’un pour l’autre en quelque sorte les deux faces d’une même pièce. L’un pouvant souffrir de l’absence de l’autre sur le terrain politique qu’ils partagent, les observateurs de la scène ivoirienne n’écartent plus complètement l’hypothèse d’un rétropédalage du président Ouattara. Il pourrait réparer son absence et donc se déclarer candidat, de telle sorte que leurs camps respectifs engagent la bataille de la présidentielle prochaine à égale disposition d’esprit.

Bien sûr, au Parti démocratique de Côte d’Ivoire-PDCI-, de Konan Bédié, comme au Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix-RHDP-, d’Alassane Ouattara, d’autres cadres, parmi lesquels de nombreux jeunes, nourrissent l’ambition de prendre la relève des deux inusables pachydermes. Des messages en ce sens ont été entendus des proches du premier qui semble néanmoins pour l’instant bénéficier du soutien de son parti.

Quant au second que la disparition du dauphin oblige à rebattre les cartes, la question se pose en termes de pertinence du choix qu’il doit opérer à présent : désigner un autre hériter préconise qu’il soit celui qui a les faveurs de la majorité de son camp ; s’engager soi-même pour ne pas laisser son adversaire revendiquer seul le prestigieux capital historique qui le légitime aux yeux des plus jeunes suppose d’être sûr de ne pas créer des frustrations et démotiver sa base.

Il y a aussi pour ADO et HKB* des opportunités d’alliances avec les deux ailes rivales du Front populaire ivoirien, le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, l’autre pachyderme du même cran, tenu loin du futur scrutin pour des affaires de procès à la Cour pénale internationale. Les annonces attendues du côté du pouvoir ivoirien dans les heures ou les jours qui suivront les obsèques du défunt Premier ministre fixées au vendredi 17 juillet, permettront certainement de voir un peu plus clair sur la nature des enjeux du futur scrutin présidentiel. A moins de quatre mois de l’échéance, les choses pourront aller vite.

*ADO: initiales d’Alassane Dramane Ouattara ; HKB: initiales d’Henri Konan Bédié.

 

 

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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