Mali : le procès d'un djihadiste présumé Al-Hassan s'ouvre à la CPI

Mardi 14 Juillet 2020 - 17:46

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La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert, le 14 juillet, le procès d’Al-Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud. Ce djihadiste présumé est poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis lors de l’occupation de Tombouctou, par Ansar Dine et Aqmi, en 2012.

Le djihadiste malien poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, persécutions, viols et esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés, atteinte à la dignité de la personne, attaque contre des monuments religieux et destruction de mausolées à Tombouctou, s’est tenu sur le banc des accusés devant la CPI. Agé de 42 ans, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, de son nom complet, est accusé d'avoir contribué en 2012 et 2013 à la démolition du patrimoine dans cette ville du nord-ouest du Mali, mais aussi de torture. Au total treize chefs d’accusation pèsent sur celui qui fut l’un des commissaires de la police des mœurs. Il a été remis en avril 2018 par les autorités maliennes à la CPI, basée à La Haye.

Son procès a débuté avec les déclarations d'ouverture de l'accusation, qui avait affirmé lors de précédentes audiences qu'Al Hassan avait joué un rôle déterminant dans le « calvaire » subi par les habitants de Tombouctou sous la mainmise djihadiste. La défense et les représentants légaux des victimes ont prononcé leurs déclarations à une date ultérieure, une fois que les preuves auront été présentées aux juges, a précisé la CPI.

Lors d'un verdict historique, la Cour avait condamné en 2016 un premier djihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à neuf ans de prison pour avoir pris part en 2012 à la démolition de mausolées protégés à Tombouctou, un site inscrit par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité. Cette fois, en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, certains participants ont pris part au procès à distance.

L'accusé aurait été membre d'Ansar Dine, un des groupes armés djihadistes qui ont pris en mars-avril 2012 le contrôle de la région reculée du nord du Mali en 2012, et commissaire de la police islamique à Tombouctou. Ces groupes ont « imposé leur vision de la religion, par la terreur, à une population locale qui n'y adhérait pas », selon le mandat d'arrêt. Une vague de destructions avait déferlé sur Tombouctou, fondée entre le Ve et le XIIe siècles par les tribus touareg et surnommée « La ville des 333 saints » pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.

D'après la CPI, Al Hassan avait sous son contrôle environ quarante policiers islamiques. Toutes les infractions à leur lecture rigoriste des lois islamiques étaient punies de flagellations et de tortures, selon la Cour. Les habitants ont vécu un « calvaire imposé par un régime tyrannique », avait déclaré la procureure de la Cour Fatou Bensouda l'année dernière, soulignant que l'accusé avait participé lui-même à certains de ces châtiments.

A l'origine simple pharmacien vétérinaire membre d'un mouvement prônant la cause du peuple touareg, Al-Hassan, agent de la police islamiste lors de l’occupation de Tombouctou en 2012, partageait le dessein des chefs d’Ansar Dine et d’Aqmi, avance le bureau du procureur. Il voulait soumettre « la population civile à un nouvel appareil de pouvoir fondé sur l’idéologie religieuse ». C’est ce que va tenter de prouver l’accusation au cours du procès qui s’est ouvert ce mardi.

Josiane Mambou Loukoula

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