Commémoration : 140 ans de la signature du « traité Brazza-Makoko »

Jeudi 10 Septembre 2020 - 19:02

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La célébration des cent-quarante ans de la signature du « traité Brazza-Makoko », a été marquée par une conférence-débat portant sur le thème : « Traités de Brazza et Makoko et leurs incidences », organisée le 10 septembre au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza.

Peu avant la conférence-débat, la directrice générale du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, Bélinda Ayessa, a rappelé les faits à l’auditoire. « C’était un vendredi, 10 septembre 1880. Le Makoko Ilo 1er signa avec Pierre Savorgnan de Brazza le traité qui ouvrit la trajectoire d’une histoire bien féconde. Celle-ci trouvera, quelques semaines plus tard, les marques indélébiles d’une postérité quasi pérenne dans la fondation d’une ville, du nom de son héros éponyme. », a-t-elle déclaré.

Bélinda Ayessa, a en outre indiqué que la mise en perspective des activités liées aux cent-quarante ans du traité Brazza-Makoko et les cent-quarante ans de la fondation de Brazzaville n’est qu’un pan de ce que le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza offre.

Dans son évocation, le prince Louis Nsalou, a rendu un hommage mérité au chef de l’État congolais, Denis Sassou N’Guesso, géniteur du mémorial. Il a évoqué aussi la vision de Pierre Savorgnan de Brazza, légende des deux pointes d’Ivoire. Le prince Louis Nsalou a expliqué que Pierre Savorgnan de Brazza était arrivé, le 28 août 1880 puis il s’est familiarisé avec les tékés pendant deux semaines, prélude à la signature de l’alliance du 10 septembre 1880.

La signature du traité Brazza-Makoko, dit-il, était symbolisée par le pacte de sang. Les deux avaient bu le sang de l’un de l’autre. Pour le prince Louis Nsalou, si De Brazza était venu en conquérant, le roi n’aurait pas accepté de boire de son sang. Car, on ne boit le sang que d’un ami considéré. C’est un peu dans ces circonstances que le traité a été signé. « Pierre Savorgnan de Brazza avait attiré l’admiration des tékés qui disaient que nous venons d’avoir un ami qui va nous rendre des grands services. De Brazza était un homme de paix qui a rencontré un peuple de paix (le peuple téké). C’est après la mort de De Brazza que les concessionnaires commençaient à appliquer les méthodes qui n’avaient rien à voir avec l’amitié qu'il avait pour les tékés. Ce n’était pas un envahissement, mais une amitié liée par un destin commun. », a-t-il signifié. 

La leçon inaugurale sur les incidences des traités Brazza-Makoko

Le Pr Joseph Itoua, historien,  a lancé la série des conférences prévues à cette occasion. Dans sa communication portant sur : « Traités Brazza- Makoko et leurs incidences », il s’est intéressé aux traités signés entre De Brazza et Makoko, roi des Tékés. Cette communication articulée autour de deux questions principales, dit-il, peut aider à appréhender la nature de ces traités et leur impact sur la suite de l’œuvre coloniale française sur cette partie de l’Afrique.

S’agissant du premier volet de cette communication, à savoir, Quels traités ont été signés entre De Brazza et Makoko, Joseph Itoua, a souligné que deux traités ont été signés entre l’explorateur français et le roi des Tékés. Le traité du 10 septembre 1880 est le premier signé à Mbé-Nduo par Makoko, roi des Batéké et De Brazza, représentant de la France. Grâce à ce traité, la France prit possession des territoires s’étendant de la rivière Léfini au Stanley-Pool. Elle se prévalut ainsi d’avoir des droits sur les deux rives (rives droite et gauche) du fleuve Congo.

Le traité du 3 octobre 1880 est le deuxième signé à Ntamo (ou Stanley Pool) entre De Brazza et Ngaliema, chef téké, vassal de Makoko. Celui-ci attribue à la France le territoire limité de part et d’autre par les rivières Tsiémé (au village Impila ou Mpila) et Djoué. Grâce à ce traité un poste est installé au village Mfoa.

Ces traités poursuit-il, ne sont pas un fait nouveau dans l’histoire des alliances entre Africains et Européens, notamment en Afrique centrale. Les traités signés par les Mani Kongo et les rois du Portugal aux premiers moments du contact Afrique centrale- Europe au XVème siècle en sont une illustration. Par ailleurs, la signature de ces traités ouvrit la voie à d’autres, entre la France et les chefs locaux du bassin du Congo. Il s’agit entre autres du traité conclu le 12 mars 1883 entre le lieutenant Cordier et Ma Loango, Mani Macosso Chicusso ; traité signé le 11 juin 1884, à Brazzaville, entre Charles De Chavannes et Mfoumou Nzabi ; traité d’Essoukou signé le 17 octobre 1884, entre Albert Dolisie et les chefs de l’Alima.

Le Pr Joseph Itoua, a rappelé que les deux traités (du 10 septembre et 3 octobre 1880) sont ratifiés par le parlement français le 21 novembre 1882. A la remise de ladite ratification à Mbé, le 10 avril 1884, à travers une palabre, les chefs tékés des deux rives du Congo, soumis à Makoko reçurent l’ordre d’obéir à De Brazza, le grand chef blanc. Il en fut de même, le 1er juin 1884, à Mfoa où le chef Mpohontaba réitéra aux chefs des deux rives d’obéir au Blanc. Grâce à ces palabres, la France confirma ses droits sur les territoires de Makoko.

Par ailleurs, la ratification des traités mis la France à l’abri des contestations des autres puissances colonisatrices ; elle lui permit aussi de prendre position à l’extrémité qui reliera l’Atlantique au Congo intérieur navigable.

A l’issue de cette cérémonie, l’ambassadeur d’Italie au Congo, Stefano de Leo, a remercié la directrice générale du Mémorial, pour avoir organisé cet événement qui aborde les valeurs de l’amitié, de la collaboration, de la solidarité. « Pour nous diplomates, l’amitié c’est la base du travail. Parce que nous sommes ici comme des amis dans la tradition de Pierre Savorgnan de Brazza… Pour nous Savorgnan de Brazza qui est né en Italie mais qui est Français, représentait aussi l’évolution de l’amitié en Europe. Après les deux guerres mondiales, l’Europe est désormais unie… », a-t-il dit.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : la directrice générale du Mémorial PSB entourée de l’ambassadeur et du premier consul d’Italie, suivant la prestation de la troupe Savorgnan De Brazza (crédit photo/ ADIAC) Photo 2 : les invités de directrice générale du Mémorial PSB posant avec elle à l’issue de la conférence (crédit photo/ ADIAC)

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