Afrique/covid-19 : le continent n'est pas prêt à une vacinnation de masse

Mercredi 2 Décembre 2020 - 14:15

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L'Organisation mondiale  de la santé (OMS) évalue à environ 4,8 milliards d'euros le coût de la vaccination des seules populations prioritaires en Afrique. Veut-elle vraiment de ce vaccin ?

L'OMS appelle le continent africain à améliorer rapidement sa capacité à vacciner sa population contre la Covid-19, préoccupé qu'il soit "loin d'être prêt" à une vaccination massive. Elle exhorte ses dirigeants à intensifier ses préparatifs, puis estime à seulement 33% le nombre de personnes prêtes à se faire vacciner. Un pourcentage, évalué sur la base de données fournies par 40 pays,  pour l'instant inférieur à l'objectif de 80%. Ce qui donnerait l'impression assez nette que ce continent n'adhère pas au vaccin, se réfugiant à sa médecine traditionnelle.

L'Afrique est loin d'être prête à la plus grande campagne de vaccin du continent

Alors que "la course pour un vaccin sûr et efficace contre la pandémie de coronavirus est de plus en plus encourageante", indique l'OMS, une analyse récente montre que "l’Afrique est loin d’être prête à ce qui sera la plus grande campagne de vaccination du continent". Or « la planification et la préparation seront décisives pour cette tâche sans précédent », indique la directrice régionale de cette Organisaion onusienne, Matshidiso Moeti, précisant que l'objectif était de vacciner 3% des Africains et 20% d'ici à la fin de l'année prochaine.

Parmi les carences retenues: le manque de financements, d'instruments de mesure et de communications avec les populations. Pour y remédier, "la solidarité internationale sera impérative", selon elle.

L'OMS évalue le coût de la vaccination des seules populations prioritaires en Afrique à environ 4,8 milliards d'euros, dont elle pourra bénéficier d'une partie du dispositif d'achat et de répartition des vaccins Covax, mais aussi de financements de la Banque mondiale.

L'Afrique, un continent moins touché, mais appelé à se vacciner en masse

L'Afrique, un continent de plus de 1,2 milliard d'habitants, est la partie la moins touchée par l'épidémie de coronavirus: 50 000 décès signalés, 1,7 million de guérisons et 2,1 millions de cas recensés en 8 mois; contre 1,5 million de décès, 40 millions de guérisons et 62,515 de cas dans le monde, 10 mois après le début de l'épidémie. Elle est parvenue à déplorer moins de morts que la France (+52 127décès) qui n'en compte que 67 millions.

Alors que de nombreuses prévisions alarmistes circulaient au début de l'épidémie, c'est exactement l'inverse qui s'est produit. Seuls quelques pays font exception: l'Algérie, l'Egypte, le Maroc, le Kenya et l'Afrique du Sud qui comptabilisent de la moitié des morts de tout le continent. Une situation exceptionnelle qui est due à une stratégie anticipatrice - contrôles de température systématiques dans les aéroports, couvre-feu, mise en place de centres d'opérations d'urgence sanitaire, port du masque, quarantaine... L'épidémie a donc été prise au sérieux dès le départ, à l'inverse des pays occidentaux. Les Africains ont des réflexes, car habitués aux épidémies. Mais tout n'a pas été parfait.

Une faible progession du virus en Afrique

Au-delà de la très bonne gestion sanitaire par anticipation des autorités et de la bonne attitude de la majorité des populations, des explications liées au contexte africain ont été avancées pour expliquer la faible progression du virus sur le continent, notamment le climat – la chaleur serait défavorable au virus -, n'a pas été démontré scientifiquement. Et lorsque la population africaine - tombe très peu malade - est infectée par la Covid-19, elle n'en meurt que quand elle est âgée.

Plusieurs hypothèses sont avancées : l'environnement - la majorité des personnes testées Covid positif ont un taux de vitamine D plus bas que la moyenne; la vitamine D notamment apportée par l'exposition au soleil, ce qui est plus le cas en Afrique, en explication insuffisante, tout comme celle des modes de vie. D'autres possibilités sont donc avancées, dont celle d'une possible de l'immunité collective avec la circulation du virus, avec l'exposition des populations à d'anciens coronavirus ou des bactéries.

L'Afrique ne doit pas autant relâcher sa vigilance, malgré qu'elle ait bénéficié d'une conjugaison de facteurs favorables. A ceux-ci s'ajoutent l'herboristerie autochtone, négligée par les experts occidentaux qui ont voulu faire de l'Afrique un « continent cobaye », alors qu'elle a su résister à l'épidémie ; et l'offre de la pharmacopée africaine rejetée par l'OMS, alors que celle-ci a sauvé des millions de personnes dans le monde. Conséquence, une barrière psychologique s'est créée parmi les populations africaines.

Compte tenu du chaos que le virus génère dans les pays développés, l'OMS veut anticiper et atténuer les conséquences catastrophiques (sociales, sanitaire, économiques) que la pandémie aurait en Afrique. Elle veut à son tour anticiper dès maintenant. En cause aussi, un système de santé déficient et surchargé, qui ne résisterait pas à « une tempête aussi brutale », que celle provoquée par la Covid-19 en Europe.

Les maladies les plus meurtrières en Afrique

La priorité en matière de santé de l'Afrique est ailleurs. Elle est le berceau de cultures variées, dont beaucoup ont été décimées par des épidémies historiques. A cause des conditions d'hygiène parfois très sommaires ,le manque de moyens et d'infrastructures médicales, le continent est le foyer de plusieurs pathologies mortelles. Les maladies les plus meurtrières prioritaires à être éradiquées sont: le paludisme ou malaria ( 3 millions de décès par an), le VIH, les maladies respiratoires, les maladies diarrhéiques, la rougeole, la tuberculose, les maladies non transmissibles, etc.

Noël Ndong

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