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Tâter le pouls

Samedi 12 Décembre 2020 - 18:15

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Pour la première fois, depuis son départ du pouvoir, en janvier 2019, l’ex-chef de l’Etat de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a entamé un périple à l’intérieur du pays. Les images diffusées en boucle par les chaînes de télévision émettant depuis Kinshasa montrent l’enthousiasme de ses partisans, alors que tout se passe dans le calme. Cela a été le cas notamment le 11 décembre à Kolwezi dans la province du Lualaba.

Ce déplacement intervenant après la destitution du bureau de l’Assemblée nationale naguère dirigée par une proche de l’ex-président, Jeanine Mabunda, porte à croire que Joseph Kabila veut prendre le thermomètre du climat sociopolitique dans le pays. Il veut par lui-même se rendre compte si son message reste audible, si son image passe, s’il peut compter sur les foules immenses qui l’accueillent en pompe pour envisager les futures batailles politiques dans son pays avec sérénité.

« On m'a dit que vous me cherchiez. Je vous remercie beaucoup pour l'accueil que vous m'avez réservé. Aujourd'hui je ne suis pas venu pour un meeting. Je suis juste venu vous saluer, vous témoigner mon amour. Je pense beaucoup à vous, je vais rester à Kolwezi et nous allons nous revoir ici ». Ces mots sont ceux prononcés par celui que ses fidèles considérèrent comme l’autorité morale du Front commun pour le Congo, cette plateforme mise en place peu avant les élections générales de la fin d’année 2019, dont la présidentielle remportée par celui qui était il y a peu son allié, le président Félix Tshisekedi.

Après dix-sept années passées au pouvoir, Joseph Kabila sait mesurer les enjeux dans un champ politique Rd-congolais très changeant. Il a pu en faire un premier constat avec le revers de l’Assemblée nationale où son camp, hyper majoritaire depuis la fin du processus électoral, est en passe de perdre la main. Certains de ses fidèles assurent que rien n’est définitivement joué, mais les observateurs avertis entendent que l’alerte ayant conduit à la destitution du bureau de la chambre basse est un signe qui ne trompe pas.

Tirer le meilleur parti d’un échec n’a jamais été une défaite cuisante, surtout en politique. La question est seulement de savoir rebondir au bon moment. Lors de son discours de dénonciation de l’accord Cap pour le changement-Front commun pour le Congo, le 6 décembre, le président Félix Tshisekedi avait indiqué que s’il ne repère pas une nouvelle majorité qui lui serait favorable à l’Assemblée nationale, il prononcera la dissolution de cette chambre parlementaire et appellera à de nouvelles élections. Si le compte est bon pour lui permettre d’exercer librement, les choses iront leur cours plus calmement.

Il y a donc visiblement pour la RDC deux échéances qui s’épient : dissolution de l’Assemblée nationale et convocation des élections ; formation d’une nouvelle majorité et d’un nouveau gouvernement. Cette première échéance génère la seconde ; celle d’après laquelle la probable nouvelle majorité resterait en place jusqu’aux élections de renouvellement des mandats en 2023. Si le FCC est définitivement défait dans les heures ou les jours prochains, ses dirigeants peuvent miser sur la seconde échéance. Elle peut être porteuse de convenances démocratiques et prévenir les violences.

Gankama N'Siah

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