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Covid-19 : les pouvoirs publics interpellent la conscience collective

Lundi 4 Janvier 2021 - 18:05

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L’année 2020 a été une mauvaise année pour l’humanité tout entière. Elle a été caractérisée, dès le mois de janvier par l’apparition, inopinée, d’une maladie nommée Coronavirus. La virulence et la diversité de ses effets néfastes et dévastateurs ont surpris tous les systèmes établis : économiques, culturels, sanitaires et même sécuritaires partout, y compris dans les pays développés. Les morts se comptent quotidiennement par centaines, alors que les contaminations et les malades le sont par milliers.

Ici, comme ailleurs, à cause de sa furie meurtrière, les dirigeants ont comparé « la bête » à une guerre totale. Sous la pression de cet ennemi invisible, vaille que vaille, chaque pays a organisé la contre-offensive. Pendant de longues périodes, les populations ont été privées de certains droits : la liberté d’aller et venir a été restreinte, alors que l’économie mondiale suffoque et maintenue quasiment sous perfusion.   

Au Congo, la réaction n’a pas tardé à venir. D’ailleurs, elle s’est voulue vigoureuse. Évidemment, nulle part au monde, elle n’a été parfaite, chacun se démenant comme il peut. Néanmoins, le gouvernement a pris la lutte à bras le corps, évitant la catastrophe annoncée, avec certitude, dès la manifestation de la maladie. La mort dans l’âme, il décrète un « état d’urgence sanitaire ». A la clé, un confinement général de la population et un couvre-feu, dès 20 heures. Le port du masque est rendu obligatoire quelques jours plus tard. Ces mesures circonstancielles sont édictées par la nécessité pour les gouvernants de protéger la population. Elles ont pour but essentiel, de casser la chaîne de contamination. Le système sanitaire est renforcé, en vue de la prise en charge des malades de Covid-19, dont les contaminations dans le pays allaient crescendo, singulièrement à Brazzaville et à Pointe-Noire.

Huit mois après la découverte, en mars 2020, du premier cas de Covid-19 au Congo, les efforts gouvernementaux, appuyés par les partenaires bilatéraux et multilatéraux, ont permis de ralentir considérablement le rythme de propagation de la maladie. Mais, en dépit de la baisse significative des cas, le gouvernement prévient : le virus continue de circuler. Les mesures de précaution doivent donc demeurer d’application rigoureuse, malgré la rémission observée pendant les mois d’août et septembre.       

Mais hélas, les Congolais ont cru devoir retrouver leur mode de vie habituelle d’avant la pandémie. L’application des mesures barrières est devenue aléatoire ou foulée aux pieds. Dans des manifestations qui regroupent toujours au-delà de 50 personnes, la distanciation physique est rarement une préoccupation des convives, le masque se porte sous le menton. Bref, les week-ends, Brazzavillois et Ponténégrins, notamment, ont presque repris leur rythme traditionnel.

La conséquence de ce relâchement collectif n’a pas tardé à se faire jour. Très vite, les cas de contamination au Coronavirus ont repris progressivement à augmenter. A la date du 21 décembre 2020, le Congo comptait 6.579 cas confirmés, 5.449 guéris sur 74.714 personnes testées. Cette situation épidémique révèle 105 décès, alors que les indicateurs disponibles mettent en lumière une circulation de plus en plus intense de l’épidémie de Covid-19, signalait le chef de l’État, le 23 décembre dans son message sur l’état de la Nation devant le parlement réuni en congrès. De même, son message de vœux à la nation a été, entièrement, consacré à la situation épidémiologique du pays. Le taux de positivité, qui était de 3% en octobre dernier, a dépassé le seuil de 8% au cours des dix premiers jours de décembre 2020.

La crainte de la deuxième vague de contamination est donc perceptible. La période y est tellement favorable puisqu’il s’agissait de la fin de l’année, avec deux dates essentielles : le 25 décembre et le 1er janvier, deux jours où l’effervescence populaire est plus qu’accrue, deux jours de pandémonium. Or, dans le contexte du Coronavirus, la frénésie populaire est synonyme de contamination accélérée et donc, de propagation du virus, surtout que dans ces conditions, le respect des mesures barrières est presque transgressé.

Gouverner, c’est aussi prévoir. Face au risque de rebond de la maladie, évoqué plus haut, le gouvernement se devait d’agir. Et, sur la base de l’analyse des experts, il a ainsi décidé du confinement général de la population, le 25 décembre 2020 et le 1er janvier 2021.

Chargé, constitutionnellement, de protéger la vie des Congolais, le président de la République a, d’ailleurs, invité ses compatriotes dans son message sur l’état de la Nation devant le Parlement réuni en congrès, à rester « toujours mobilisés et vigilants, nonobstant l’espoir suscité par la découverte et l’introduction de vaccins ».

Fallait-il laisser la propagation du coronavirus s’intensifier dans le pays ? Non et non ! Pourtant, depuis décembre 2019, date du déclenchement de la maladie à Wuhan en Chine, les scientifiques du monde peinent à trouver le traitement adéquat, les fidèles des confessions religieuses ont imploré Dieu pour que s’arrêtent les ravages de la Covid-19, même les adeptes de panacée, à ce jour, personne n’a encore réussi à apporter le salut attendu. C’est pourquoi le Pape, seul digne protecteur des âmes devant l’éternel, n’a pas mieux fait que d’inviter les fidèles catholiques à respecter et appliquer rigoureusement les gestes barrières, lors de rassemblements spirituels, telle la messe du 25 décembre dernier.   

C’est dire combien notre conscience est contributrice au succès que tout le monde attend dans la lutte contre la propagation du Coronavirus dans notre pays. Ceci ne devrait pas donner lieu à quelques propos relevant d’un romantisme échevelé. Sauf à vouloir faire l’amalgame, les différentes mesures de privation des libertés prises par les autorités dans le cadre de cette lutte ne sont pas destinées à préjudicier ni une catégorie de personne, ni toute la population, encore moins une communauté ciblée. Elles s’imposent à toutes les couches de la société congolaise. Le gouvernement prend, évidemment, des précautions pour que la situation ne soit pas hors de contrôle. Celle-là est sa responsabilité.

Valentin Oko

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