Disparition : Hommage de Guy Noël Sam’Ovhey à François Itouta

Lundi 18 Janvier 2021 - 11:30

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Adieu François Itoua, adieu Maître !  Le destin est imparable comme la tortue d’Eschyle de la mythologie ancienne. Le mois de janvier aura pris de signification à mes yeux vis-à-vis de cet illustre disparu.

Le 14 janvier 2021, j’apprends la tragique nouvelle de la mort du doyen ; c’est un choc indescriptible. A la mi-janvier 1964 que Ya François, alors rédacteur en chef de Radio-Congo, me découvre et m’attire difficilement à la radio, grâce à ma voix et mon éloquence, selon lui. Je suis encore lycéen en Terminale Mathématiques élémentaires (Terminale C actuelle).

Il me prend sous sa protection personnelle et m’initie aux techniques du journalisme radiophonique avec quatre règles d’or : la discipline, la rigueur, la précision et le professionnalisme ; tout y est dit, compris l’observation des textes juridiques et la déontologie professionnelle.

Ensemble Ya François et moi, nous concevons la légendaire émission « Le courrier du pèlerin » ; lui l’indicatif, moi les idées (mars 1964). En juin de la même année sur autorisation du directeur de la Radio-Congo, mon maître m’introduit au journal parlé à l’issue de six mois pleins de circuits fermés en studio et autres exercices d’écriture et d’improvisation sous sa direction. Dans le service des actualités, je retrouve des anciens qui m’accueillent avec bienveillance : Marie-Josée Mathey, André Bernad, Auguste Mpassi Muba…

En janvier 1965 mon mentor me recommande à Levy  Charles Ngoma Mby de la jeune Télé Congo : d’abord pour démarrer le bulletin météréo nouvellement créé ; puis progressivement pour accéder au journal télévisé et enfin au reportage sportif (mon dada de jeunesse).

Dès lors je navigue sur orbite ; indifféremment de Radio-Congo (plus tard Voix de la Révolution congolaise) à Télé Congo, professionnellement épanoui. Même après des stages et des études supérieures de formation professionnelles à l’étranger, je bénéficie toujours des généreux conseils de Ya François.

Le 9 janvier 2009, à l’occasion des Oscars de la presse congolaise dédiés à mes 45 ans de carrière journalistique, mon ancien maître est présent pour me congratuler avec brio en une allocution dont lui seul détenait le secret. Bref, je lui dois presque tout en tant que journaliste : le professionnalisme, l’humilité et la passion d’un métier anoblissant, quoi que l’on dise ! Ma gratitude envers lui est illimitée.

François Itoua a excellé dans plusieurs domaines : chef scout dans sa première jeunesse (peu de gens le savent ou s’en souviennent), journaliste à la plume alerte et à la voix d’or, administrateur des médias, brillant et sobre orateur parlementaire.

Il a occupé plusieurs fonctions, entre autres  rédacteur en chef et directeur de Radio-Congo, secrétaire général de l’Union des Radios et télévisions nationales africaines (URTNA : Dakar), sénateur.

Pour la petite histoire, François Itoua, jeune journaliste de Radio-Congo, vole au secours des reporters de la Radiodiffusion télévision française, ancêtre de RFI, qui ont raté les discours à l’indépendance du Moyen-Congo. Il leur procure les enregistrements d’André Malraux, représentant la France dans cette cascade des indépendances africaines et de l’abbé Fulbert Youlou.

C’est de nouveau lui, et encore lui, qui enregistre la démission du président de la République, à la suite de la révolution congolaise des Trois glorieuses, menée par les syndicalistes et la jeune armée congolaise.

Dans la douleur, j’adresse mes condoléances les plus attristées à sa famille, aux professionnels de la communication et toutes les personnes qui ont connu et aimé François Itoua. Vas mon mentor et cher doyen, vas ton chemin outre-tombe ! Que le Père du haut des Cieux t’accueille en sa demeure pour un repos éternel bien mérité parmi nous. Adieu Maître !

 

 

  

 

 

 

 

Le 27 novembre 1962, premier jour officiel des émissions de Télé-Congo, François Itoua présente le premier journal télévisé de la première télévision d’Afrique noire francophone en compagnie de deux journalistes français de l’Office de coopération radiophonique française, Jacques Conia et Guy Bernedé.

 

La Rédaction

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