Etats Unis. Une page se tourne

Mercredi 20 Janvier 2021 - 23:45

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Quatre années "fantastiques", "l'honneur d'une vie": Donald Trump a quitté mercredi la Maison Blanche, quelques heures avant la fin de son mandat et la prestation de serment de Joe Biden. Récit.

Le 45e président de l'Histoire américaine, qui, pendant quatre ans, a piétiné tous les usages et, pendant plus de deux mois, refusé d'accepter sa défaite, est parti sans avoir rencontré son successeur. Après quelques mots aux journalistes, il a embarqué à bord de l'hélicoptère présidentiel Marine One. Il devait s'envoler pour la Floride depuis la base militaire d'Andrews, pour son dernier vol à bord d'Air Force One.

S'il a finalement souhaité bonne chance à son successeur dans un message vidéo, le tempétueux milliardaire ne l'a jamais félicité et - fait sans précédent depuis 150 ans - a boudé sa cérémonie d'investiture à Washington.

Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton étaient, eux, aux premières loges durant ce moment fort de la démocratie américaine avec un dispositif de très haute sécurité.

La journée restera dans les livres d'histoire en particulier en raison de l'accession, pour la première fois, d'une femme à la vice-présidence de la première puissance mondiale. Kamala Harris, 56 ans, est la première personne noire, et d'origine indienne, à occuper cette fonction.

A l'issue d'un mandat marqué par une avalanche de scandales et deux "impeachments", Donald Trump quitte le pouvoir au plus bas dans les sondages, coupé d'une partie de son camp horrifiée par les violences du Capitole le 6 janvier dernier. Juste avant de partir, il a gracié 73 personnes, dont son ancien conseiller Steve Bannon, accusé d'avoir détourné des fonds prétendument destinés à la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique.

Après une brève cérémonie sur la base militaire d'Andrews, dans la banlieue de Washington, il s'est envolé une dernière fois à bord d'Air Force One pour rejoindre son club de Mar-a-Lago, en Floride, où il entamera sa vie d'ex-président.

Joe Biden marque le contraste
Joe Biden, qui accède à la présidence à 78 ans après un demi-siècle en politique, entend marquer dès le premier jour le contraste - sur le fond comme sur la forme - avec l'ancien homme d'affaires de New York. "Nous n'avons pas une seconde à perdre pour faire face aux crises auxquelles nous sommes confrontés en tant que nation", a-t-il tweeté mardi soir.

Dès mercredi, il a pris 17 décisions présidentielles pour revenir sur les mesures phares de Donald Trump, en engageant notamment le retour des Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat et au sein de l'Organisation mondiale de la Santé.

L'immunologue Anthony Fauci interviendra au nom des Etats-Unis à une réunion du conseil exécutif de l'OMS dès jeudi, a déclaré Jeff Zients, qui coordonne la réponse de la nouvelle administration à la pandémie de Covid-19. Pour limiter la propagation du virus, le président devrait signer également un décret pour rendre obligatoire le port du masque dans les bâtiments fédéraux, ou pour les agents fédéraux.

Mardi soir, peu après son arrivée à Washington, il avait rendu un hommage solennel aux victimes du Covid-19, prenant le contre-pied de Donald Trump qui a depuis des mois tenté de minimiser l'impact d'une pandémie ayant fait plus de 400.000 morts aux Etats-Unis."Pour guérir, nous devons nous souvenir. Il est difficile parfois de se souvenir mais c'est ainsi que nous guérissons", a-t-il déclaré devant l'imposant monument Abraham Lincoln.

L'ancien bras droit de Barack Obama s'est ensuite recueilli, au son de la chanson "Hallelujah" de Leonard Cohen, face aux 400 lumières allumées autour du bassin rectangulaire dans lequel se reflétait le Washington Monument.

Quelques heures plus tôt, au moment de quitter son fief du Delaware, il s'était montré très ému, des larmes coulant sur son visage. "Excusez mon émotion, lorsque je mourrai, Delaware sera écrit dans mon coeur", a déclaré le démocrate en écho aux paroles de l'auteur irlandais James Joyce.

Pas de foule mais des drapeaux
Cette journée de consécration pour Joe Biden s'est déroulée dans un climat très particulier, sous l'effet combiné de la pandémie et du traumatisme encore frais des violences du Capitole qui ont fait cinq morts.

Loin des foules immenses qui se pressent traditionnellement sur l'immense esplanade du "National Mall" pour voir leur nouveau président, l'ancien vice-président de Barack Obama a fait face à plus de 190.000 drapeaux plantés pour représenter ce public absent. De hautes grilles, parfois surmontées de barbelés, protégeant la "zone rouge" entre la colline du Capitole et la Maison Blanche.

En attendant, le processus de confirmation par le Sénat des ministres désignés par le président élu a commencé mardi, afin que le gouvernement soit au plus tôt en ordre de marche face aux nombreuses crises.

Sur le front diplomatique, le futur secrétaire d'Etat, Antony Blinken, a promis de rompre avec quatre années d'unilatéralisme en "revigorant" les alliances mises à mal sous Donald Trump.

Mais le futur chef de la diplomatie américaine a aussi déclaré que le républicain avait "eu raison" d'avoir adopté une position "plus ferme face à la Chine".

L'Europe "a de nouveau un ami à la Maison Blanche" a lancé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, quelques heures avant l'investiture de Joe Biden, tandis que le président du Conseil européen, Charles Michel, l'a invité à une réunion avec les dirigeants de l'Union européenne pour "construire ensemble un pacte fondateur nouveau".

Le président iranien Hassan Rohani s'est réjoui, lui, de la fin de l'ère du "tyran" Donald Trump.

Du côté de l'économie, la prochaine secrétaire au Trésor Janet Yellen a appelé à "voir grand" dans la réponse à la crise provoquée par la pandémie et à remettre donc à plus tard les préoccupations sur le déficit public.
 

Kamala Harris, une vice-présidente qui entre dans l'Histoire

La démocrate Kamala Harris a été investie mercredi vice-présidente des Etats-Unis, entrant dans les livres d'histoire comme la première femme mais aussi la première personne noire et d'origine indienne à occuper cette fonction. 

L'ex-sénatrice et ancienne procureure âgée de 56 ans, fille d'immigrés, a prêté serment face à la juge de la Cour suprême Sonia Sotomayor, la main sur une bible que tenait son époux Doug Emhoff. 

AFP

Légendes et crédits photo : 

Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris devant les couples Obama, Bush et Clinton (POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP) Donald et Melania Trump ont quitté Washington avant la cérémonie d'investiture du nouveau président Joe Biden (POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP) Après son investiture, Joe Biden a pris possession du bureau ovale à la Maison-Blanche (GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP) En raison des restrictions sanitaires liées au Covid-19, l'investiture a eu lieu sans public, remplacé par des milliers de drapeaux étasuniens (STEPHANIE KEITH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP) Kamala Harris a prêté serment et devient vice-présidente des Etats-Unis (GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)

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