Sommet du G5 Sahel au Tchad : l'avenir de l'opération Barkhane en question

Lundi 15 Février 2021 - 12:30

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Les cinq pays de la bande sahélo-saharienne et la France se réunissent, les 15 et 16 février, à N'Djamena pour « réajuster » le dispostif de l'opération Barkhane. En raison de la crise sanitaire, le président français, Emmanuel Macron, et ses ministres de tutelle n'y seront pas physiquement. Des annonces sont attendues.

Le sommet qui réunit les cinq pays de la bande sahélo-saharienne (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) et la France, les 15 et 16 février, sera l'occasion de « réajuster » le dispositif de l'opération Barkhane, présente au Sahel, notamment pour « combattre le terrorisme ». Mais la décision pourrait être retardée pour « consulter les partenaires sahéliens et européens ». En raison des contraintes sanitaires, ni Emmanuel Macron, ni Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, ni Florence Parly, ministre des Armées ne se rendront physiquement à N'Djamena. Le président français « se concertera en visioconférence avec ses homologues africains (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie) qu'il a déjà tous reçus ces derniers mois à Paris », a indiqué l'Élysée.

Aucune conférence de presse n'est prévue par l'Elysée. On explique qu'un « réajustement » serait annoncé à N'Djamena. « La réflexion est en cours sur ce réajustement, ce n'est pas une réflexion solitaire, mais en lien avec les partenaires de la coalition », souligne un conseiller d'Emmanuel Macron. Paris va aussi évoquer sur « un degré d'investissement » supplémentaire des cinq pays et pourrait patienter quelques semaines, « dans un souci de consultation préalable avec les partenaires sahéliens et européens », pour annoncer sa décision finale. Un an après le sommet de Pau, convoqué par le président français pour mettre la pression sur les autorités des cinq pays concernés, celui de N'Djamena doit permettre de franchir un nouveau cap dans la région. « Après le sursaut militaire, (depuis le sommet de Pau), ce nouveau sommet doit être celui du sursaut politique, diplomatique et de développement », avait déclaré récemment Florence Parly, lors du débat au Sénat sur l'avenir de l'opération Barkhane.

JYLD : « Convertir les progrès militaires en succès politiques »

Jean-Yves Le Drian a affirmé que la résolution de cette crise « sera obligatoirement politique […] La clé du succès, c’est la mise en œuvre d’une approche globale et intégrée de la crise », a-t-il expliqué, rappelant les quatre piliers prioritaires, tels que définis par les pays du G5 Sahel : « La lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités des forces armées sahéliennes, la reconquête par les Etats de leur propre territoire et le développement ». En ce qui concerne ces deux derniers piliers qui relèvent plus particulièrement de son ministère, Jean-Yves Le Drian s’est félicité « des résultats », citant « la scolarisation de plus de 200 000 jeunes nigériens, la réhabilitation de plus de 1800 classes au Mali […] se battre pour l’éducation, c’est aussi se battre contre l’obscurantisme, c’est aussi une manière de se battre contre le terrorisme », a-t-il appuyé.

Concernant le prochain sommet du G5 Sahel à N’Djamena, au Tchad, « il doit être celui du sursaut diplomatique, politique et du développement, afin de consolider les résultats des derniers mois », a appelé de ses vœux Jean-Yves Le Drian. Il a, par ailleurs, souligné la nécessité de « renforcer la coordination entre les pays du G5 Sahel et les riverains du golfe de Guinée, afin d’enrayer l’extension de la menace terroriste vers leurs territoires ». Il a aussi suggéré une plus forte coopération avec l’Algérie et le Maroc, ainsi que la prise en compte de la question libyenne.

Sur l’aspect politique, Jean-Yves Le Drian a ainsi souligné son attachement aux accords d’Alger de 2015 sur la paix au Mali. « Le sommet de N'Djamena doit être celui du sursaut diplomatique », a martelé ce dernier. « Notre enjeu est de réussir à transformer les gains et les victoires tactiques en progrès politiques et sociaux […]. Ce sera tout l’objet du sommet de N’Djamena », a également insisté Florence Parly. En tout cas, pour le président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Christian Cambon, « le dénouement de cette crise ne sera certainement pas militaire ».

Bilan de l'opération Barkhane

Depuis le déclenchement en 2013 de l'opération « serval » pour lutter contre le terrorisme au Mali et au Sahel, 55 soldats français ont été tués. Lui a succédé « Barkhane », un an plus tard. Depuis la situation s’ensable et la France n’a pas réussi à trouver une voie de sortie à cette opération qui mobilise au total 5100 soldats. Début janvier, 2 militaires français ont encore été tués. Pour les sénateurs, le sommet qui doit réunir les pays du G5 Sahel doit faire le point sur la situation sécuritaire dans la sous-région, avec à l’horizon un possible redimensionnement de Barkhane. En janvier 2020, à l’issue du G5 Sahel à Pau, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, avait annoncé un changement de stratégie en cours. Il s’agit de concentrer les actions sur « la zone « des trois frontières » entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. « Nous changeons de méthode […] en concentrant nos efforts sur cette zone », avait expliqué le président de la République. Loin d’un retrait, Emmanuel Macron avait, par ailleurs, envoyé 600 militaires supplémentaires. Selon certains sondages, l'opinion publique française est de plus en plus hostile à cette intervention militaire, dont le coût annuel est d'envrion 1 milliard d'euros. 

Noël Ndong

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