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Du dérèglement climatique au risque pandémique: que nous enseigne la Covid-19?

Mardi 16 Février 2021 - 18:30

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Plus d’un an après le début de la pandémie de Covid-19 à Wuhan (Chine), la pneumonie infectieuse sévit à des degrés divers à l’échelle mondiale et coûte plus de 12.500 milliards $ (FMI, 2020). Cette maladie émergente est causée par le SARS-CoV-2, virus, zoonose favorisée par le réchauffement climatique qui, en détruisant l’habitat des chauves-souris, rapprocherait ces animaux de l’homme (Science of the Total Environment, 26 janvier 2021). Elle remet en cause, les études structurales et les expériences biochimiques des experts qui en attribuaient l’origine à la sélection naturelle du SARS-CoV, l’un des 6 coronavirus de souche humaine, qui aurait muté (Nature Médecine, 2020, n°26)). En cause:

 

1) le climato-scepticisme : les principaux foyers critiques de la Covid-19 se trouvent dans les pays où la pollution atmosphérique est très élevée. Cette liaison est faiblement explorée par les laboratoires des puissances industrielles climato-sceptiques, alors qu’elle est suggérée par les experts du GIEC (2007) qui montrent au niveau de la santé qu’une hausse de 1°C de la température terrestre réveille des bactéries mortelles endormies depuis longtemps comme l’anthrax (1941) et développe les allergies aux pollens et des maladies respiratoires ;

 

2) la faible maîtrise de la transition écologique: en 1900, l’homme relâchait dans l’atmosphère 34.874 milliards de tonnes de gaz carbonique (CO2) contre 36.831 milliards de tonnes en 2018. Cette pollution a augmenté de 60 % entre 1990 et 2017, montrant les limites des mesures de réduction de la température de la planète de 2 à 1,5°C d’ici à 2030 et de 0°C en 2050 (COP21). Les gaz à effet de serre en sont responsables dont le CO2  à 63 %, le méthane (19%) et autres (18%) provenant de l’activité humaine. Selon l’AFP (2019), le CO2 a augmenté de 147% depuis 1790, le méthane (259%) et le protoxyde d’azote (123%). Ces records reposent sur l’utilisation par l’homme de 95% des énergies d’origine fossile et 15% des énergies renouvelables, dans ses activités de production de l’énergie (35%), de production industrielle (18%), des transports (14%), d’agriculture (14%), de déforestation (10%), du bâtiment (6%) et des déchets (3%).

3) Les pays industrialisés sont les principales victimes de la Covid-19 comme le montrent les données de Statista (2021). L’Amérique qui émet 21% du CO2 mondial enregistre plus de 918.390 décès dont 529.080 en Amérique latine et les Caraïbes (4% du CO2 mondial), et 389.310 aux USA (14% du CO2 mondial). L’Europe (10% du CO2 mondial) et la Russie (7%), enregistrent 617.928 décès dont 20.000 pour la Belgique qui a 1.725 décès pour 1 million d’habitants. L’Italie, 1.300 décès pour 1 million d’habitants, la France 1.008 décès pour 1 million d’habitants, quant à la Suisse, avec 7.545 morts, enregistre 877 décès pour 1 million d’habitants. L’Allemagne dépasse les 40.000 morts avec 481 décès pour 1 million d’habitants. Le Royaume-Uni, en proie à un nouveau variant de Covid-19, compte 1.213 décès pour 1 million d’habitants; alors que la Russie déplore 1.287 décès pour 1 million d’habitants.

L’Asie avec 48%  du total du CO2 mondial connait plus de 317.385 décès, dont 91.957 au Moyen-Orient qui cumule avec l’Afrique du nord 8% du CO2 mondial. La Chine, émettrice de 30 % du CO2 mondial, compte 4.634 décès, soit 4,4 décès pour 1 million d’habitants. Au Moyen-Orient, c’est l’Iran qui compte 56.000 morts et enregistre 682 décès pour 1 million d’habitants. L’Océanie qui n’émet que 1% du CO2 mondial, enregistre 31.336 décès dont 909 en Australie qui compte 35 décès pour 1 million d’habitants. L’Afrique subsaharienne, avec 2% du CO2 mondial, elle compte 82 000 décès. Mais, le nouveau coronavirus établit le taux de mortalité à 2,5% des cas recensés, au-dessus de la moyenne mondiale de 2,2%. Ce taux augmente de 14% par semaine.

4) Le levier régional : l'Union africaine comme les autres organisations régionales du monde s’est engagée à vacciner la population, en commandant 270 millions de doses de vaccin pour le continent, en plus des 40 millions de doses du laboratoire Pfizer-BioNTech prévues par le dispositif Covax de l'OMS pour vacciner 20% de la population des 92 pays défavorisés participants, avant la fin de 2021. Ce dispositif compte en plus 150 millions de doses du vaccin du laboratoire Astra Zeneca/Oxford, pour 7 milliards $ contre 7000 milliards $ au niveau mondial (OCDE, 2020).

Ainsi, le dérèglement climatique semble favoriser la pandémie de Covid-19. Il place les États devant leur responsabilité. Ces derniers ne pourront éradiquer les maladies émergentes d’origine climatique qu’en maîtrisant la transition écologique.

Emmanuel Okamba Maître de conférences HDR en Sciences de gestion

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Édition Quotidienne (DB)

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