Étude : le secteur bancaire reste fragile

Mercredi 24 Février 2021 - 15:43

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Le cabinet Deloitte met en garde contre les facteurs de risque, notamment la trop forte dépendance à la devise américaine, le problème de liquidité de la Banque centrale du Congo (BCC) et la pénétration bancaire encore très faible sur l’étendue du territoire national. Il s’agit des facteurs qui représentent autant de défis pour viabiliser le système bancaire RD congolais.

La dernière étude du cabinet Deloitte suscite de nombreuses réactions. En effet, les points évoqués dans le document traduisent autant de défis à relever pour épargner le système bancaire RD congolais d’un effondrement. Ils attestent surtout la fragilité de l’environnement macroéconomique dans lequel évoluent les acteurs du secteur bancaire tout en proposant des pistes de solution durables face à ces défis majeurs ainsi identifiés. Toutefois, il y a aussi le constat paradoxal d’une progression continue des agrégats du secteur (produit net bancaire, etc.). Mais à la  fin, la rentabilité n’est pas toujours au rendez-vous à cause de la difficulté à contrebalancer l’augmentation du coefficient d’exploitation et la dégradation de la qualité du portefeuille crédits.   

Des défis

Le premier défi concerne, on s’en doute, la dépendance du système bancaire à la devise américaine. Il y a un risque potentiel d’effondrement en cas de perte d’accès au dollar américain. Pour étayer son assertion, le cabinet revient sur quelques facteurs qui crédibilisent le risque d’un effondrement. Il y a le fait que plus de 90 % des actifs et des dépôts du secteur bancaire sont libellés en dollar US (85 % en 2016, 83 % en 2015). Par ailleurs, la majorité des opérations de compensation sont en monnaie étrangères, dont principalement le dollar américain. Avec ces deux facteurs de risque, l’on se rend bien compte du danger en cas de brusque changement. Outre le risque d’effondrement bien réel, il y a aussi d’autres implications. Le franc congolais a perdu 31 % de sa valeur entre 2016 et 2017 dans un contexte de prédominance du dollar américain. Il faut noter aussi la faible performance des banques dans le total bilan ou la croissance des dépôts.   

Le second défi tient de la difficulté pour la BCC à intervenir efficacement pour répondre aux besoins de liquidité d’un établissement bancaire. Cela s’explique, rappelle Deloitte, par la faiblesse même des réserves de change : «  Elles oscillent généralement entre deux et quatre semaines d’importation ».   La conséquence est la réduction du champ d’action du régulateur, en l’occurrence la BCC. Ce rôle fait d’elle le prêteur en dernier ressort des banques installées dans le pays, en cas de refinancement en dollars.

Quant au troisième défi, il a trait au sempiternel problème de faible pénétration bancaire alors que le pays compte un nombre important d’institutions bancaires. Nous en sommes encore à un taux de moins de 7 % des adultes en âge de travailler qui détiennent un compte auprès d’une institution bancaire ou financière. En outre, le secteur bancaire n’apporte pas le soutien nécessaire à l’économie nationale : « La part des crédits octroyés par le secteur ne représentait que 5,8 % du PIB en 2019 ».   

Enfin, il y a une bonne nouvelle qui ne devrait pas passer inaperçue.  Cependant, il faut souligner une croissance soutenue de tous les agrégats du secteur dans un contexte économique peu favorable en 2019, laisse entendre l’étude. Cela a eu pour conséquence de laisser présager une meilleure année 2020 - et 2021 - si l’on prend en compte certaines mesures liées, entre autres, à la qualité des actifs par la BCC qui permettent aux banques de mieux absorber l’impact économique de la covid-19.     

Pour relever l’ensemble de ces défis, le cabinet propose quelques pistes de solutions, notamment des innovations à apporter dans le fonctionnement de ces institutions (digital, agency banking, etc.).  

Laurent Essolomwa

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