Développement: les prospectives de l'AFD sur « l'économie africaine 2021 » consignées dans un ouvrage

Jeudi 25 Février 2021 - 16:05

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Pour la deuxième année, l’Agence française de développement vient de présenter ses prospectives sur le continent africain où, malgré la Covid-19 et la crise économique mondiale, les indicateurs sont au vert. Et l’espoir de mise.

« Et si, en pleine crise mondiale, l’Afrique nous surprenait encore ? », écrit le directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, dans son introduction à « L’Économie africaine 2021 (Les Editions la découverte) », un continent « frappé d’une présomption de fragilité », et qui a déjà fait « la preuve de sa résilience ».

L'Afrique, un continent aux singularités économiques partagées

En six chapitres, l'AFD, dans ses perspectives, passe au crible différentes thématiques et bouscule des idées reçues sur le continent africain. Malgré les disparités entre régions, plusieurs singularités économiques sont partagées par de nombreux pays, bien plus que sur les autres continents : foisonnement du petit entrepreneuriat, informalité massive du travail, explosion démographique de la jeunesse, importance du secteur agricole. « Cet ensemble de singularités permet aujourd’hui à l’Afrique, que de nombreux observateurs estimaient si « mal partie » à la fin du XXe siècle, d’entrevoir un avenir optimiste », peut-on lire. Cette analyse intervient au moment où le monde entier fait face à la plus grande crise sanitaire et économique que le monde moderne ait eu à subir. Il s'agit de la Covid-19, dont « rien n’est encore joué », note l'AFD. « Cependant les pays africains ont su résister à un choc sans précédent. Même si la chute de l’activité économique du continent (-2,6 %) marque une rupture avec la croissance des années précédentes, elle est bien moins lourde que celle observée à l’échelle mondiale (-4,4 %) », constate l'Agence.

L’ère du Covid, et le futur ?

Les experts soulèvent une série de questions pour nous projeter vers l’avenir. Les choix, à l’échelle des États et du continent, qui se font aujourd’hui sont cruciaux. « Pour développer le secteur privé, faut-il dépasser les seules réformes de l’environnement des affaires ? Comment répondre aux aspirations d’une population particulièrement jeune arrivant sur le marché du travail ? Alors qu’il est le premier pourvoyeur d’emplois dans la région, comment le secteur agricole en Afrique de l’Ouest doit-il se réinventer pour concilier deux objectifs fondamentaux : obtenir de meilleurs rendements et préserver la biodiversité et l’environnement ? Enfin, à l’heure où l’Eco succède au franc CFA, quel choix pour les régimes de change : vers plus ou moins de flexibilité, au risque de malmener la stabilité monétaire si prisée par les banques centrales ? »

En 2070, un jeune sur deux sera Africain

Pour tordre le cou aux idées réçues ou véhiculées, notamment la pauvreté dans le continent, les auteurs rappellent qu’entre 2000 et 2018, le taux de croissance annuel moyen du PIB des pays d’Afrique a atteint 7,2 % ; que le « taux de pauvreté » a diminué́ de plus de 9 points. Ils voient en l'Afrique plutôt une terre d’opportunités qui ne manque pas de bras. C’est une autre des particularités de l’économie africaine : la jeunesse de sa population et son nombre. En 2070, un jeune sur deux dans le monde sera Africain. Or, l’intégration de cette jeunesse sur le marché du travail est un défi. De surcroît, ces générations seront de plus en plus éduquées.

Le poids de l'agriculture responsable

L'autre singularité de l’économie africaine réside dans l’agriculture. C'est le grenier du monde. Nul autre continent n’emploie autant d’êtres humains dans ce secteur : 54 % en Afrique subsaharienne. La croissance devrait passer par un basculement vers un monde de services et d’industrie. Or, plusieurs études démontrent le contraire. Pour réduire la pauvreté, la croissance de l’agriculture serait trois fois plus efficace que la croissance de l’industrie. Mais de nombreux obstacles sont à éliminer tels que l’appauvrissement des sols, la tension sur le foncier, le changement climatique. La solution résiderait dans une sorte de troisième voie, « qui ferait la part belle à l’agriculture écologique ». Qu’il s’agisse de permaculture, d’agriculture intelligente face au climat ou d’agroécologie. De nouveaux modèles qui permettraient d’intensifier les rendements, tout en réduisant les impacts climatiques et environnementaux.

Le rôle structurant des États

Nombreux pays africains manifestent un désir d'avoir leur propre monnaie, pour une plus grande autonomie, mais par une plus grande sophistication financière. Le rôle structurant de l’État sera bénéfique dans les secteurs économiques et sociaux. En effet, le manque de cadres réglementaires ou la mauvaise qualité des infrastructures (transports, énergie) sont un frein à l’entrepreneuriat local, aux investissements étrangers. S'ajoute le souci d’une bonne gouvernance publique, couplée au respect du droit, apportent un cadre propice à l’essor de l’économie africaine en 2021 et au-delà, concluent les experts.

Noël Ndong

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