Logements sociaux : à quand l’occupation de la cité de Mpila ?

Mercredi 7 Avril 2021 - 18:15

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Ses murs se fissurent, sa peinture se dégrade, l’insalubrité l’entoure et l’érosion la guette. Plusieurs années après sa construction, la cité de Mpila n’a accueilli comme habitants que les herbes à ce jour.

Construits sur le site détruit pendant les explosions des dépôts de munitions le 4 mars 2012, ces lotissements demeurent inhabités pendant que les travaux ont été achevés depuis des années.

Les bâtiments de type R+1, R+2 et R+3 situés du côté sud de la cité se trouvent à l’abandon et menacés par le glissement de terrain qui prend de l’ampleur après chaque pluie. En effet, si la façade au loin donne à voir des immeubles flambant neufs, lorsqu’on s’approche, on remarque leur usure. La poussière et les toiles d’araignées ornent les toits et les climatiseurs qui depuis leur installation n’ont aspiré aucun air frais. Les margouillats sillonnent la cour des lotissements remplie d’herbes en attendant les occupants.

Aura-t-on accès à ces appartements ? pour qui ont-ils été construits ? le gouvernement pense-t-il à un retour sur investissement ? la population qui déplore l’absence de communication et d’implication de l’État dans la gestion et l’entretien de ces bâtisses se le demande.

Bon nombre de Congolais espèrent que le cas d’acquisition des logements construits par l’État à Bacongo ou à la cité Clairon, ne va pas se reproduire. Le coût trop élevé et les interminables procédures pour acquérir un appartement dans ces deux cités ont découragé de nombreuses familles.

Suite au drame de Mpila, les quatre catégories de propriétaires de maisons notamment, ceux qui ont été logés à Kintélé ; ceux qui sont dans les familles d’accueil ; ceux qui sont devenus locataires et ceux qui vivent jusqu’alors dans les décombres trépignent d’impatience. Les conditions d’acquisition de ces logements restent au cœur des débats dans de nombreux ménages quant à leurs prix.

Située entre les arrondissements 5 Ouenzé et 6 Talangaï, à Brazzaville et inscrite dans le cadre du projet de logements sociaux lancé en 2009 par le gouvernement congolais, la cité de Mpila est constituée de deux blocs qui comportent 22 bâtiments de 4 étages, chacun, offrant 200 logements de type F4, pour le premier et 48 bâtiments, dont 10 de type R+1, 26 bâtiments de type de R+2 et 12 bâtiments de type R+3, pour le deuxième, mais également des officines de commerce, des bâtiments réservés aux activités scolaires et socio-sanitaires, des installations électriques et d’adduction d’eau potable et bien d’autres commodités propices à une vie urbaine décente. Elle a coûté plusieurs dizaines de milliards FCFA à l’Etat congolais.

Pendant qu’elle est à la traîne, une grande partie de la population congolaise vit encore dans des quartiers insalubres et est exposée à des risques d’intempéries récurrentes. En plus les prix des maisons en location, non cadrés par la loi, qui obéissent à la balance de l’offre et de la demande, demeurent un casse-tête pour la population.

A cela s’ajoute, le coût d’acquisition d’une parcelle de terrain à Brazzaville qui devient de plus en plus exorbitant. On se demande comment les familles des classes moyennes pourraient acquérir des propriétés ou même accéder à des maisons de location aux commodités décentes. Souvent, les gens doivent se contenter d’acheter pour un à trois millions de FCFA environ, une parcelle de terrain de 400 mètres carrés (20 m sur 20) dans les banlieues, à la merci des phénomènes naturels comme les inondations, les érosions, l’ensablement, pour espérer bâtir un toit familial.

On ne sait combien de temps les immeubles de Mpila resteront encore inoccupés. Ils ne résoudront pas toute la problématique du logement à Brazzaville, mais pourront tout de même soulager plusieurs familles congolaises, en particulier celles qui ont perdu leurs demeures et des êtres chers pendant le drame survenu le 4 mars 2012.

Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Photo1: La façade côté sud de la cité Photo2: Une vue de l'arrière des bâtisses côté sud

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