Sahel : trente millions de personnes ont besoin d’aide et de protection

Mardi 4 Mai 2021 - 13:45

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Près de 30 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et de protection au Sahel, ont alerté les Nations unies, mais manquent des moyens financiers. 

C’est un chiffre record, qui concerne six pays, dont le Burkina Faso, le nord du Cameroun, le Tchad, le Niger et le nord-est du Nigeria. Il s’agit d’environ 30 millions de personnes qui ont besoin d’aide humanitaire et de protection au Sahel. Soit 5,3 millions de plus par rapport à 2021. Les agences d’aide des Nations unies et les ONG sont inquiètes.  « Alors que la crise sahélienne se prolonge dans le temps, une génération entière d'enfants est en danger. Avec des incidents de sécurité qui continuent de monter en flèche, l'impact sur les enfants est dévastateur », a déclaré la directrice  de l’Unicef pour la région, Marie-Pierre Poirier, Le nombre d’attaques violentes aurait été  multiplié  par huit dans le Sahel et par trois dans le bassin du Lac du Tchad. La violence et l'insécurité perturbent les services sociaux de base, selon cette agence onusienne. Plus de 5.000 écoles sont fermées ou non opérationnelles, compromettant l'avenir de centains de milliers d'enfants, et 1,6 million d'enfants risquent de souffrir de malnutrition aiguë et sévère.

« Pour répondre aux besoins immédiats de la population tout en posant les bases d'un développement durable, nous devons changer de paradigme et agir de concert avec les gouvernements et les populations du Sahel », a expliqué Marie-Pierre Poirier. Le nombre de personnes déplacées de force, n’a jamais été aussi élevé dans la région. Environ 5,3 millions de personnes ont été déracinées et ont besoin de protection, à cause de l’ampleur, de la complexité du conflit impliquant de plus en plus d’acteurs armés. Les civils payent le prix le plus lourd, étant confrontés à un nombre croissant d'attaques meurtrières, de violences basées sur le genre, d'extorsions ou d'intimidations, et contraints de fuir. « Nous devons veiller à ce que ces communautés continuent à coexister pacifiquement, à un moment où la pandémie a eu un impact dévastateur sur les moyens de subsistance, en particulier ceux qui vivent au jour le jour », le directeur adjoint pour l’Afrique centrale et occidentale, Xavier Creach.

Les femmes au centre de la réponse humanitaire

La violence sur le genre  est en augmentation dans la région du Sahel. Les femmes et les enfants sont parmi les plus vulnérables. « Les communautés locales expriment leur inquiétude face à la souffrance des femmes et des filles. Elles sont enlevées, violées et mariées de force. C'est inacceptable de placer les femmes et les filles au centre de la réponse humanitaire sur le terrain et des actions immédiates sont nécessaires », a alerté la directrice régionale pour le Sahel,  Fatoumata Haidara. « La promotion et la protection de la santé et des droits des femmes sont vitales pour leur bien-être et pour qu'elles puissent continuer à promouvoir et à protéger la santé des autres. Pourtant, la lutte contre les violences basées sur le genre est encore largement sous-financée », a-t-elle déploré.

Forte augmentation de la faim en Afrique de l’ouest

La faim a augmenté d'un tiers en Afrique de l'ouest, atteignant son niveau le plus élevé depuis près de dix ans. Les zones les plus préoccupantes sont le Sahel central et le bassin du lac Tchad, où l'escalade des conflits alimente la faim. « En raison de la flambée des prix des denrées alimentaires, un simple repas de base est devenu hors de portée pour des millions de familles pauvres qui avaient déjà du mal à s'en sortir », a affirmé Chris Nikoi, directeur régional du Programme alimentaire mondial des Nations unies en Afrique de l'ouest, soulignant un «  besoin d'une assistance immédiate pour aider ceux qui en ont le plus besoin, ainsi que de solutions à long terme pour répondre aux causes profondes de la faim et de la malnutrition au Sahel ».

Besoin de financement

Cette situation sans précédent exige une action immédiate, dont l’un des principaux défis reste le manque de financement. « Il est urgent que l'action humanitaire soit une priorité. Derrière les chiffres et les données, se cachent des histoires de souffrance humaine. Sans ressources suffisantes, la crise va encore s'aggraver, érodant la résilience des communautés et mettant en danger des millions d'autres enfants, femmes et hommes », a rappelé Julie Belanger, Cheffe du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) pour l’Afrique occidentale et centrale. À la fin du mois d'avril, seuls 9% des 3,7 milliards de dollars nécessaires ont été reçus. Une somme loin d’être suffisante, estime OCHA.

Noël Ndong

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