Afrique : le Tchad échappe aux sanctions de l’Union africaine

Mardi 18 Mai 2021 - 17:15

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Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a décidé, le 14 mai, de ne pas prononcer de sanctions à l’encontre du Tchad et ses nouvelles autorités.

Depuis l’instauration de la transition militaire à la suite du décès du président Idriss Déby Itno, les nouvelles autorités Tchadiennes étaient menacées de suspension.

Le débat sur la sanction oui ou non contre les autorités  tchadiennes a fait rage au sein du CPS entre les anglophones et les francophones. Les premiers, notamment les pays d’Afrique australe (Lesotho, Malawi), étaient favorables à des sanctions en application des textes de l’UA, et ils ont d’abord bénéficié d’un soutien de l’Algérie (représentant l’Afrique du Nord au côté de l’Égypte). Mais les francophones d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Bénin) et d’Afrique centrale (notamment le Burundi) ont plaidé pour la clémence.

La décision s’est en partie jouée au sein de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a fait pencher la balance en faveur de N’Djamena. Le Ghana, qui préside l’organisation régionale, a d’abord milité pour une application stricte des textes de l’UA. Mais il s’est ensuite rallié à la position plus souple du Nigeria, proche allié de N'Djamena dans la lutte contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad.

Le Cameroun, également partenaire du Tchad dans la lutte contre le terrorisme au sein de la Force multinationale mixte et réputé « non-interventionniste », a adopté la même attitude qu’Abuja au nom de la sécurité régionale. Alger, un temps proche des vues des pays d’Afrique australe et qui préside le CPS au mois de mai, s’est finalement rangé à cet avis.

Le 14 mai, alors que le CPS entamait l’examen de la question tchadienne, Mahamat Idriss Déby s’était rendu en visite à Abuja, où il avait rencontré le Nigérian Muhammadu Buhari. Comme à Niamey quelques jours plus tôt, il a assuré à son aîné qu’il avait l’intention de mener à bien la transition et d’organiser des élections libres dans un délai maximum de dix-huit mois, tout en tenant les engagements du Tchad en matière de politique sécuritaire régionale.

Le directeur de cabinet adjoint et demi-frère du président de la transition, Abdelkerim Idriss Déby, s’était quant à lui rendu au Rwanda, au Congo-Brazzaville et au Cameroun pour délivrer le message aux présidents, Paul Kagame, Denis Sassou N’Guesso (qui préside la Communauté économique des États de l’Afrique centrale) et Paul Biya, qui entretient de bons rapports avec la famille Déby. Le ministre des Affaires étrangères de la transition, Cherif Mahamat Zene, ex-ambassadeur à Addis-Abeba, avait lui aussi mobilisé ses réseaux à l’UA pour convaincre le CPS.

Les tenants de la clémence envers N’Djamena ont également pu s’appuyer sur le rapport de la mission d’enquête envoyée au Tchad par l’UA fin avril et dirigée par le Commissaire à la paix et sécurité, le Nigérian Bankole Adeoye, et par l’ambassadeur de Djibouti (qui présidait le CPS en avril) à l’UA, Idriss Farah.

Yvette Reine Nzaba avec AFP

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