Opinion

  • Tribune libre

Les municipalités et le casse-tête des transports en commun

Lundi 7 Juin 2021 - 20:24

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Le constat est évident et les questions fusent de partout venant de nos différents quartiers. Le transport en commun est devenu un casse-tête à Brazzaville et à Pointe-Noire. 

En effet, il est difficile d’effectuer un déplacement d’un quartier à un autre de ces deux villes, à bord de bus ou de taxis sans saigner son porte-monnaie. En cause, le phénomène dit des demi-terrains.

Pourtant, il est notoirement établi par les municipalités qu’à Brazzaville et à Pointe-Noire, la course de taxi est fixée à 700 francs, alors que celui du bus l’est à 150 francs. Ces coûts officiels n’ont jamais été modifiés depuis cette prescription, prise voici un peu plus d’une décennie. Mais, les transporteurs en commun la piétinent crânement. De même, ils ont choisi d’ignorer les délibérations fixant avec précision les itinéraires à emprunter et les terminus des trajets.

 

Les Brazzavillois avaient, alors applaudi à la fermeté de cette décision qui venait tant soit peu, soulager leurs peines dans ce domaine, en dépit de la tare congénitale observée. Que s’est-il passé depuis ? 

Le Conseil municipal ayant oublié d’être coercitif, avait laissé la latitude aux chauffeurs de décider du changement de l’itinéraire, de la destination et du terminus initial au gré de l’humeur. Ainsi, tel un feu de paille, la décision municipale n’a même pas tenu une année avant de tomber en désuétude. 

Tout était répartie à la case départ au grand dam des usagers.

Ainsi, au lieu de payer 150 francs, le passager qui part de Djiri, à l’extrême nord ou de Madibou à l’extrême sud pour le centre-ville de Brazzaville, subit le morcellement du trajet et débourse aux bas mots, 600 francs, en aller simple. Le retour devenu problématique pourrait lui coûter un peu plus cher.

La mise en circulation des bus étatiques communément appelés « mal à l’aise » avait été saluée comme une solution alternative, notamment pour ceux qui, avec un budget modeste pouvaient rallier un quartier de la ville à un autre au prix de 150 francs, quelle que soit la distance. 

Mais, visiblement, le faible nombre de bus publics mis en circulation ne facilite pas toujours la tâche aux populations qui s’agglutinent dans les lieux de stationnement pour les attentes presque indéfinies. Et, en même temps, les mini bus des privés font des va-et-vient avec des itinéraires changeants et coûteux.

Quant aux chauffeurs de taxis, ils taxent la distance la plus courte à 1000 francs. Non seulement ce prix est devenu la norme, mais encore les chauffeurs de taxis ne se contentent pas d’un client à la fois. Ils les entassent pour différentes destinations et chacun paie sa course. Ceci se passe aussi bien à Brazzaville qu’à Pointe-Noire.

L’apparition de la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’empirer les choses. 

Les mesures barrières dont, la distanciation physique, avaient en effet, contraint les transporteurs en commun à réduire le nombre de clients dans les bus et taxis, et fait exploser le prix des courses tout en morcelant de plus belle les trajets. C’est ce que les citadins désignent, non sans un brin d’humour, par « demi » ou « quart ». Depuis un bon moment, la distanciation physique n’est plus observée ni dans les taxis, ni dans les bus. Mais, les trajets restent très morcelés.

 

Cependant, autant les conseillers municipaux délibèrent sur les transports en commun, autant ils devraient se préoccuper des réparations des chaussées et des voiries abîmées. 

 

Les frais des taxes de roulage qu’ils perçoivent ne devraient servir essentiellement qu’à cela, pas à autre chose. L’état des véhicules de transport en dépend.

 

Bref, à Brazzaville comme à Pointe-Noire, les usagers du transport en commun sont éreintés et ne savent plus à quelle autorité se vouer. 

Leur unique interrogation est de savoir la raison pour laquelle leurs élus locaux, à la tête des municipalités, donnent l’impression d’être insensibles à leurs peines, du moins sur le plan du transport en commun.

Valentin Oko

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Tribune libre : les derniers articles