Initiation : Pie Tshibanda captive un jeune auditoire d’élèves

Jeudi 17 Juin 2021 - 17:11

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Réuni dans la salle du Centre d’études et de diffusion des arts (Cédar), le premier public devant lequel se tenait le conteur, composé de la quatrième à la sixième année de l’Institut des arts du spectacle (Inas), était emballé par une animation qui avait tout l’air d’un spectacle créé sur mesure pour lui, le 28 mai dernier.

Pie Tshibanda face aux élèves de l’Inas (Adiac)Le conteur l’a dit d’entrée de jeu : « Je nourris ma famille, mes enfants, en racontant des histoires ». Et c’est vrai, Pie Tshibanda est l’un de ses rares écrivains qui vivent bien de leurs livres. Lui qui a tout de même plusieurs cordes à son arc s’est étendu sur l’importance à leur accorder. L’écriture reste le trait d’union entre le psychologue et le conteur, sur scène ou dans l’auditoire, sa plume est présente. Conférencier ou face à un public amusé, il trouve toujours le moyen de glisser une parcelle de son âme comme il l’a fait à l’Inas où il a incité à la lecture en insistant aussi sur l’importance d’écrire.Les élèves de l’Inas captivés sont toute ouïe (Adiac)

Interrogé sur le déclic qui l’a poussé sur la voie de l’écriture, Pie Tshibanda a répondu : « C’est parti d’une révolte intérieure. Je sais rire mais je sais aussi me fâcher. Ce sont des saintes colères. Un écrivain est souvent un homme sensible. Lorsqu’on est sensible, l’on éprouve une révolte intérieure et un besoin de l’exprimer. Mais comment l’exprimer ? Ce n’est pas avec une arme mais avec la plume. Elle laisse des traces et ceux qui vous font du mal savent que grâce à ces traces, l’histoire saura ». Comme il en a le secret, face aux élèves de l’école d’application de l’Inas, sa pépinière, le conteur a allègrement conté sa vie sur un ton enjoué qui a eu pour effet de les captiver. Ils étaient toute ouïe et ça se comprend, suspendus aux lèvres de ce personnage qu’ils avaient juste vu au petit écran dans Un fou noir au pays des Blancs.

Effet cathartique de l’écriture

Ce n’est donc pas de façon doctorale qu’il s’est adressé aux élèves, la relève. En effet, le conteur qui dit avoir constaté, vu de l’extérieur, que « notre culture est en perdition » a dès lors invité les jeunes à lui emboîter le pas. « Etre écrivain, ce pourrait être juste recueillir les contes. Ce soir, demandez à votre maman de vous raconter les contes de sa jeunesse, écrivez-les », a-t-il suggéré. De manière pratique, il a incité à ne pas laisser brûler les bibliothèques, quitte à « récolter auprès des vieux ce qu’ils savent » avant qu’ils ne passent de vie à trépas. Le naturel de l’artiste est un atout qui réussit à emporter ses auditeurs dans l’univers qu’il leur révèle, le sien, avec un humour et une autodérision qui le rend attachant. La sincérité de l’auteur qui transparaît dans ses propos crée la sympathie de ses auditeurs. Les lecteurs de son premier ouvrage qui met à nu un talent pur, sans fard qui se contente de tout dire sans détours ont sans nul doute expérimenté la même chose. Sa frustration, sa colère de jeune adolescent déçu a constitué la matière de ses premiers écrits :« Mon premier livre était sur mes déceptions amoureuses : De Kolwezi à Kasanji, les amours perdues d’un adolescent ». Il l’a dit convaincu lui-même de l’effet cathartique de l’écriture avec le recul. Pie Tshibanda a exhorté son jeune auditoire à tenter l’expérience qui finit toujours par avoir du bon. Dans son cas, elle a donné naissance à l’écrivain qu’il est devenu. A l’occasion, il leur a montré deux de ses ouvrages en passant pour confirmer ses propos. Mais il a fait aussi une promesse : « Je vous promets que si quelqu’un parmi vous écrit un texte après mon départ et le fait parvenir à Wallonie-Bruxelles, s’il faut le retravailler pour le rendre potable et le publier, je le ferai. Et là, j’aurai fait ma part de travail ».

Pie Tshibanda échangeant avec les élèves sur son expérience d’écrivain (Adiac)Couronné de deux médailles en Belgique, « Citoyen d’honneur de Brabant Wallon et Officier de l’Ordre de Léopold II », Pie Tshibanda a prouvé le mérite de son art qui s’est construit un peu comme d’aventure jusqu’à faire sa notoriété et pas qu’auprès des Belges. Les portes du monde ouvertes, ses spectacles one-man-show plaisent à tous les âges, une force indéniable qu’ont découverte avec délectation les élèves ravis par le petit échange qu’ils ont eu après le récit sans pareil de son expérience personnelle.

Après Kinshasa, où il est passé dans deux autres écoles et a présenté quelques-uns de ses ouvrages à la Bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles, Pie Tshibanda a posé ses valises à Lubumbashi. Plusieurs Kinois espèrent profiter de son séjour, avoir l’occasion d’assister à un de ses spectacles est un rêve que nourrissent tous ceux qui l’apprécient. Ils ne sont d’ailleurs pas difficiles à trouver et de tous les âges, tous disposés à lui prêter une oreille attentive comme sur toutes ces scènes du monde qui l’ont accueilli.

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Pie Tshibanda face aux élèves de l’Inas (Adiac) Photo 2 : Les élèves de l’Inas captivés sont toute ouïe (Adiac) Photo 3 : Pie Tshibanda échangeant avec les élèves sur son expérience d’écrivain (Adiac)

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