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A la croisée des chemins

Samedi 17 Juillet 2021 - 18:21

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Que l’Afrique se trouve de nouveau à la croisée des chemins, c’est-à-dire contrainte par les évènements tragiques qui se déroulent dans différentes zones du continent à réformer sa gouvernance collective, s’impose aujourd’hui comme une évidence. Une évidence que l’on peut ainsi résumer.

 

Confrontée simultanément à des tensions ethniques et culturelles dont la Corne du continent donne une image aussi précise qu’accablante, à la montée de l’extrémisme religieux dans l’immense zone du Sahel-Sahara que dévastent le salafisme et le djihadisme, aux troubles sanglants qui déstabilisent l’Afrique du Sud  depuis l’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma, à la guerre larvée qui dévaste une partie de la Centrafrique et les provinces de l’Est de la République démocratique du Congo, aux effets dramatiques de l’expansion du coronavirus et de ses différents variants sur toute l’étendue du continent l’Afrique doit, en effet, résoudre des problèmes de sécurité qu’aucun des Etats qui la composent ne peut ignorer et, surtout, ne peut espérer régler sans l’appui de la communauté africaine dans son ensemble.

 

Ces défis seules en vérité l’Union africaine et les différentes communautés dites « sous-régionales » qui quadrillent le continent sont capables de les relever dans un délai raisonnable, c’est-à-dire, avant qu’ils provoquent une crise générale que leurs peuples paieraient au prix fort. Ce qui se passe actuellement au Mali, au Tchad, en Centrafrique, en Ituri et dans les deux Kivus, en Libye, dans le Tigré éthiopien et ailleurs démontre de façon accablante que les puissances extérieures au continent et plus encore l’Organisation des Nations unies sont incapables d’apporter des réponses crédibles aux dangers qui menacent la vie de dizaines, de centaines de millions d’êtres humains. Et, cela va de soi, mieux vaut regarder en face cette vérité aussi accablante soit-elle pour la communauté internationale.

 

Que l’Union africaine, dans sa forme présente, ne puisse pas elle non plus apporter des réponses efficaces à ces drames en série dont la conséquence déjà bien visible sera, s’ils se poursuivent, l’effondrement économique et social d’un continent en pleine émergence, est une réalité que personne ne peut plus ignorer ou feindre d’ignorer. En ayant conscience que seuls le renforcement du Conseil de paix et de sécurité et la mise en place d’une véritable force multilatérale panafricaine permettront d’apporter des réponses crédibles à cette question.

 

D’autres continents, l’Amérique du nord et l’Europe notamment, ayant démontré la faisabilité de ce genre d’avancées stratégiques, l’Afrique a en réalité tout ce qu’il faut pour construire aujourd’hui le système de sécurité régional fiable qui permettra à ses peuples de vivre en paix dans les décennies à venir et à ses gouvernants de s’entendre sur l’essentiel. D’où l’idée selon laquelle les cinquante-cinq Etats qui composent l’Union africaine devraient se réunir rapidement en un nouveau sommet historique qui permettrait d’adapter cette grande institution aux dures réalités du temps présent.

 

Rien n’est plus important, à la croisée des chemins, que de réfléchir ensemble à la voie qu’il  convient d’emprunter si l’on veut conjurer le mal.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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