Voir ou revoir : « La bonne épouse » de Martin Provost

Vendredi 23 Juillet 2021 - 13:11

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Fiction-comédie à la française sortie en 2020, « La bonne épouse » est un voyage dans le temps qui nous ramène à la veille de la révolution de mai 68, pendant que les écoles ménagères étaient en vogue avec pour vision de former des femmes modèles pour le foyer conjugal.

Tenir soigneusement son foyer et se plier aux devoirs conjugaux sans protester, c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère, implantée en Alsace depuis des années. Seulement, à la veille de la Révolution de mai 1968 en France, la tâche se complique pour la directrice.

« La bonne épouse » convie le spectateur dans une époque qui parait si éloignée mais ne l’est pas tant que cela. En effet, dans cette période, les écoles ménagères étaient populaires avec pour objectif d’enseigner aux épouses à devenir parfaites, soumises et fières de leur condition domestique. « La bonne épouse est avant tout la compagne de son mari, ce qui suppose oubli de soi, compréhension et bonne humeur », inculquait Paulette à ses apprenantes. En résumé : sois une bonne femme au foyer et tais-toi ! 

L’intérêt de cette comédie repose sur son contexte. En 1968, l’idée de la bonne épouse soumise et parfaite, subsistée depuis des lustres, est remise en question pour d’autres conceptions, comme celles de l’émancipation de la femme et de l’égalité des chances dans la société sur tous les plans. En réalité, il s’agissait de rappeler à la société la place de la femme en tant qu'être contribuable et non un esclave à tout dire oui, sans contredire ; un être ayant aussi droit à une éducation de qualité et la liberté.

On peut dire que traiter ce fait marquant de société par le spectre de la comédie et dans un esprit de partage historique pour continuer à en tirer des leçons est un pari réussi pour Martin Provost qui a bénéficié de l’apport de Séverine Werba dans la rédaction du scénario.

Le plus drôle et intéressant dans le déploiement du film, c’est aussi la manière dont les acteurs et actrices se donnent à cœur joie d’illustrer ce mouvement, en tant que début de lutte pour l’égalité homme/femme dont malheureusement il reste encore du chemin à parcourir. Pour un cinéphile anonyme, ce film est « une œuvre pertinente qui vient en écho servir la cause des femmes, tout en étant bourré d’humour et pétri de situations sacrément farfelues, afin de ne pas se prendre trop au sérieux ».

Avec un thème principal engageant et de bons comédiens, « La bonne épouse » frôle le grotesque dans quelques séquences, mais reste dans l’ensemble une comédie intelligente, percutante et finalement instructive.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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