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Hommages

Samedi 24 Juillet 2021 - 17:17

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Sa haute stature, doublée à sa force de caractère puis, finalement, sa liberté de parole et de ton, faisaient de lui un acteur majeur de la vie publique en République démocratique du Congo. Nous pensons à l’homme d’église, feu le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, porté en terre, mercredi 21 juillet, en la capitale du pays qui lui aura beaucoup donné et qu’il aura tant servi.

Arraché à l’affection des siens, le 11 juillet, à Versailles, en France, le cardinal émérite de Kinshasa a reçu les hommages dus à son rang comme l’ont prouvé les nombreuses présences dont celles des plus hautes autorités de Brazzaville voisine, venues pour la circonstance se joindre à leurs homologues sur place. Les témoignages les plus légitimes ont invoqué la vie spirituelle du prélat durant ses obsèques, nous nous agrippons, modestement, à l’autre branche de son existence sur terre en rapport avec la chose politique.

Au début de la décennie 90, le vent de la démocratie parti d’Europe de l’Est emporta sur sa route la plupart des régimes monolithiques dont l’Afrique dans sa globalité était familière. Comme si en sa région subsaharienne chaque pays qui voulait aller au pluralisme s’en remettait systématiquement à Dieu, les prêtres catholiques furent courtisés pour servir d’intercesseurs entre les nations et le Très-Haut. Au Bénin, dans l’ex-Zaïre et au Congo Brazzaville, Mgr De Souza, Mgr Monsengwo, et Mgr Kombo présidèrent les Conférences nationales souveraines respectives lancées tambour battant.

Laissons le Bénin qui expédia avec brio ses affaires conférencières en quelques semaines pour parler des deux Congo du fait du temps long qu’il a fallu à leurs délégués à engendrer l’enfant démocratie. Passe encore Brazzaville où environ quatre mois furent nécessaires pour donner naissance au rejeton. Couronnement tout de même puisqu’une alternance pacifique se produisit en 1992 à la tête du pays ; incompréhensible que les entrepreneurs politiques s’en soient servis ensuite pour anéantir le nouveau-né.

Dans l’ex-Zaïre, devenu la République démocratique du Congo, contrairement à son frère Ernest Kombo de la République du Congo qui y passa quatorze mois, Laurent Monsengwo trôna longtemps dans ses fonctions politiques. Dès la fin d’année 1991, il présida les travaux de la Conférence nationale, assura de suite la présidence du Haut Conseil de la République en 1992, poursuivit à la tête de la même institution entre 1994 et 1996 quand cette dernière fut affublée de l’épithète de Haut Conseil de la République/Parlement de transition. 

La CNS de l’ex-Zaïre ne connut pas de fin attestée car prise dans la trappe des rivalités irréductibles des hommes les plus en vue de l’époque, le président Mobutu et ses nombreux opposants dont Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Avant que la bourrasque ne vienne là encore de l’est, mais l’est du pays. Laurent Désiré Kabila, père du tout nouveau ancien président, Joseph Kabila, était monté au front avec ses « kadogos » de l’Alliance des forces démocratiques de libération du Congo-Zaïre. Kinshasa tomba sans coup férir.

Témoin parmi tant d’autres de ces péripéties, Laurent Monsengwo les commentait avec ses mots, blessant sans doute beaucoup, éclairant tout autant la lanterne de bien d’autres. Parler sans fard, ce fut, on pourrait dire, sa marque de fabrique. 

Les Dépêches de Brazzaville

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