Chronique : sécheresse

Vendredi 30 Juillet 2021 - 13:35

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Plusieurs régions du globe sont actuellement touchées par des épisodes de sécheresse historique rendant l’approvisionnement en eau, électricité et  nourriture de plus en plus complexe. Un nouveau rapport de l’ONU estime même que la sécheresse va devenir la prochaine pandémie et appelle les États à prendre les mesures à la hauteur de l’urgence, car contrairement à la pandémie qui frappe actuellement la planète, pour cette prochaine pandémie, il n’y aura pas de vaccin pour la guérir.

Le terme sécheresse en général se rapporte à un épisode de manque d’eau plus ou moins long mais suffisant pour que les sols, la flore et la faune en soient affectés. Ce phénomène peut être cyclique ou bien exceptionnel et peut toucher une zone localisée comme un sous-continent entier. Et si certaines zones sont plus vulnérables, des épisodes de sécheresse peuvent frapper à presque n’importe quel endroit du globe. On distingue trois types de sécheresse suivant les situations : la sécheresse météorologique ou atmosphérique qui est liée à la pénurie de précipitations sur une période donnée ; la sécheresse agricole qui est fonction du taux d’humidité du sol à un mètre de profondeur; la sécheresse hydrologique qui se produit quand les réserves en eau des sols et les cours d’eau tombent en dessous de la moyenne. Cela peut être dû à une sécheresse météorologique particulièrement longue et intense, mais aussi à une surexploitation des ressources en eau.

A l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, le 17 juin dernier, l’ONU a publié un rapport alarmant sur la question. L’organisation estime que de 1998 à 2017, au moins 1,5 milliard de personnes ont été touchées par les sécheresses et qu’au moins 124 milliards de dollars ont été perdus dans le monde. Mort du bétail, mauvaises récoltes, faim ou conflits, la sécheresse affecte « de manière disproportionnée les pauvres et les marginalisés à travers le monde, pour qui le coût de la sécheresse se mesure en termes de vies, de moyens de subsistance et d’appauvrissement », écrivent les auteurs.

Ce phénomène est une réalité que subissent déjà plusieurs populations à travers le monde. A Madagascar par exemple, plus d’un million de personnes se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë liée à la pire sécheresse que le pays ait connue depuis 40 ans. Pour l’ONU, Madagascar est le premier pays confronté à une famine liée au réchauffement climatique. Parallèlement, le Brésil vient d’émettre sa première alerte sécheresse depuis un siècle. Le manque de pluie menace l’approvisionnement en électricité du pays qui est très dépendant de ses centrales hydroélectriques.

Pour lutter contre la sécheresse, il nous faut changer nos habitudes. Pour les usages domestiques, cela passe par des gestes écoresponsables : prendre une douche plutôt qu’un bain, réparer toute fuite d’eau sans tarder, installer des équipements sanitaires économes en eau, limiter la consommation de produits dont la fabrication demande beaucoup d’eau. Pour les usages agricoles, cela passe par un changement des pratiques d’irrigation, un choix de cultures moins gourmandes en eau. Pour les usages industriels, cela passe par une amélioration des modes opératoires, plus économes en eau.

Mais il faut savoir que c’est surtout la lutte contre le changement climatique qui permettra de mieux gérer les épisodes de sécheresse. Selon les experts, ce dernier accroît le stress hydrique et a un effet sur la multiplication, l’intensité et la durée des épisodes de sécheresse. Les experts appellent à une action audacieuse et systémique car les structures et politiques actuelles de gestion de la sécheresse sont loin de répondre aux besoins et ainsi de mieux protéger la planète.

Boris Kharl Ebaka

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