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Les poids et les mesures

Lundi 2 Août 2021 - 19:59

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Le phénomène du « mort kilométrique » est une expression cynique bien connue des étudiants des écoles de journalisme. Le postulat veut simplement dire que plus un événement est distant, moins il éveille notre attention. Plus les victimes semblent éloignées, moins elles susciteront en nous de l’empathie. La proximité émotive ou géographique semble être le leitmotiv des médias à s’intéresser au traitement d’une information.

Pourtant, il arrive qu’un évènement à des milliers de kilomètres suscite l’intérêt des médias du monde. Ce qui est en soi une bonne chose. Le problème se pose surtout au niveau de l’information qu’ils servent à leurs téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs. Il est remarquable que le traitement de l’information soit parfois à géométrie variable, selon la partie du globe où se déroule l’événement.

La précipitation avec laquelle certains médias se lancent pour relater les faits, prend au dépourvu certaines sensibilités. Elle cache mal les buts inavoués ou du moins ce qui y ressemble. N’étant pas témoins oculaires, ceux-ci devaient privilégier les faits, avant tout. Souvent, les médias versent plutôt dans des commentaires sans commune mesure avec l’événement. Alors que l’honnêteté journalistique exigerait d’eux, le recul nécessaire pour ne pas biaiser l’information et par conséquent induire autrui en erreur.

Il y a quelques jours, nous assistions, médusés, à la déferlante des eaux sorties du lit des rivières pour se répandre dans plusieurs villes allemandes et belges. Ce drame qui a frappé « innocemment » ces deux pays européens n’a laissé personne insensible. D’abord, par l’ampleur des dégâts causés par les inondations, ensuite par le nombre de personnes ayant perdu la vie. Près de deux cents décès ont été dénombrés. Péremptoire, certains médias ont aussitôt désigné le seul coupable : le changement climatique, l’auteur de ce désordre. Évidemment, l’état des digues et autres infrastructures riveraines ne sont pour rien dans cette catastrophe. Faudrait-il le rappeler, les inondations ne sont pas l’apanage des seuls pays occidentaux, loin de là. Tous les continents en sont exposés à des périodes différentes. Mais, il est un constat ! Le réchauffement climatique n’est jamais mis en cause quand les drames similaires surviennent en Afrique. Au contraire, quand cela arrive, on fait des gorges chaudes autour de la construction ou le mauvais entretien des infrastructures. La déformation des faits serait-il devenue le nouveau paradigme de la civilisation de la communication des temps présents ? Troublant !

Par ces temps, particulièrement incertains de pandémie où la mort rôde dans tous les compartiments, il conviendrait aux médias de faire un peu plus attention dans la livraison des informations consommées chaque jour. Le reproche qui est fait ici, est que les médias ne réservent pas toujours le traitement équitable aux évènements qui touchent le monde dans sa globalité. Qu’il s’agisse de catastrophes naturelles ou des faits politiques, le traitement de l’information est quelquefois controversé. À croire que l’objectivité est loin des préoccupations de quelques journalistes.

C’est bien dommage de constater que la plupart des informations concernant le continent africain soient relatées avec une certaine légèreté. Ainsi, selon votre position géographique sur cette planète, on vous accordera toute la considération voulue ou la place que l’on vous imposera.

Valentin Oko

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Édition Quotidienne (DB)

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