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Les Talibans

Samedi 21 Août 2021 - 17:42

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L’alerte avait été donnée et s’amplifiait de jour en jour. Les insurgés afghans ont reconquis le pouvoir qu’ils avaient perdu, il y a vingt ans, quand ils furent chassés de Kaboul par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis d’Amérique. La traque dont ils furent l’objet faisait suite aux attentats qui frappèrent la première puissance mondiale, le 11 septembre 2001, avec pour planificateur présumé Oussama Ben Laden, chef de la nébuleuse terroriste Al-Qaeda.

Alors qu’ils négociaient depuis plusieurs mois une sortie de crise avec les Américains, les Talibans ont trouvé dans le retrait acté et définitif des soldats du pays de l’Oncle Sam une aubaine pour fondre littéralement sur les positions de l’armée afghane dont les dirigeants, soit dit en passant, civils comme militaires, étaient tenus à l’écart des pourparlers en question. Une armée afghane qui a vu ses unités cesser de combattre et leurs hommes se rendre par centaines à mesure qu’avançait l’ennemi.

Pour experts qu’ils sont en matière de progression des troupes au sol, beaucoup de stratèges en Occident ont prédit le contraire de ce qui vient de se produire. Ils donnaient, en effet, au moins trois mois aux insurgés afghans pour prendre Kaboul. Cela n’aura duré plutôt qu’une petite semaine. Le 15 août, les scènes de panique vues dans la capitale d’Afghanistan, les images des chefs de guerre trônant dans le Palais présidentiel, ou encore le remue-ménage enregistré à l’aéroport de Kaboul étaient inimaginables il y a encore quelques mois.

Va se poser désormais, pour les Talibans, le problème de la gestion du pouvoir. Deux décennies après leur départ précipité, beaucoup de choses ont changé dans la mentalité de leurs concitoyens, qui ont appris à vivre en Afghans croyants mais libres. Vouloir les réduire à nouveau à une vie d’austérité où les droits fondamentaux reconnus aux hommes et aux femmes en tant qu’êtres désireux de s’accomplir avec dignité au long de leur existence sont bafoués pourrait s’avérer clairement dangereux.

On ne peut pas dire que la démocratie sur laquelle misaient les puissances extérieures pour espérer construire un Afghanistan totalement nouveau a tout accompli. Sur ce chemin, dans ce pays-là comme partout ailleurs où un modèle à marche forcée a été expérimenté- les cas de l’Irak ou encore de la Libye aujourd’hui-, les arrimages demeurent chaotiques. Peut-être donc que le principe des peuples disposant d’eux-mêmes n’est pas aussi dépassé qu’on le croit.

Néanmoins, pour ce qui concerne les Talibans, il y a lieu que la communauté internationale travaille à leur enseigner que s’ils ne s’accommodent pas à l’idée de diriger pour l’intérêt général, ils ne seront pas à l’abri de soubresauts venant de leurs propres rangs et de leur propre population.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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