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Mêmes maux

Samedi 28 Août 2021 - 17:48

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Au Mali, le 18 août 2020, lorsque les militaires vinrent à bout du régime du président Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK, la population salua l’avènement d’une nouvelle ère. Enthousiaste, elle se ligua contre la condamnation par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, l’Union africaine et la communauté internationale des pouvoirs issus des coups d’Etat dont, justement, celui du colonel Assimi Goïta.

Ceci expliquant cela, la moindre sortie publique du chef des putschistes du camp de Kati voyait rassemblée une marée de partisans scandant des slogans encourageants pour lui et ses collègues et pourfendant des « ingérences » extérieures. On avait l’impression que dans leur écrasante majorité, les Maliens portaient en triomphe les nouveaux maîtres de leur pays parce qu’ils en avaient assez de la corruption, de l’insécurité, du chômage des jeunes et de l’immobilisme du système éducatif national. Tels furent les griefs imputés à IBK et à son gouvernement.

Ensuite, le jeune colonel de 38 ans, bardé de succès militaires sur le terrain malien comme l’indique son cursus, n’a pas eu de peine à déposer le président de la transition, Bah N’Daw, le 28 mai 2021, et récupérer pour lui-même l’entier exercice du pouvoir passant du poste de vice-président à celui de président tout court. Il a prêté serment dans la foulée de son deuxième putsch, prenant soin d’appeler à l’unité de la nation malienne. Il se déclarait aussi déterminé à restaurer l’autorité de l’Etat, vaincre la corruption et garantir la sécurité de ses concitoyens contre la menace terroriste.

Il est clair que le premier anniversaire de l’arrivée des militaires au pouvoir à Bamako, le 18 août 2021, n’a pas été célébré avec faste. Non seulement les mêmes maux dénoncés douze mois auparavant n’ont pas trouvé de solution, mais le préjugé favorable auquel pouvaient prétendre les hommes en uniformes, à savoir qu’ils étaient en mesure de venir à bout de l’insécurité, ne fait pas l’unanimité. Aujourd’hui, les Maliens sont à se demander quand est-ce qu’ils pourront réellement vivre dans la quiétude et aussi vers quel horizon les nouvelles autorités du pays les mènent?

Au regard du chemin qui reste à parcourir avant l’organisation d’élections générales censées mettre fin au régime d’exception en cours, les Maliens pourront encore accorder une ultime chance aux militaires en postes. Afin que faisant preuve de bonne foi, ces derniers s’attachent à surmonter une à une les difficultés qui jonchent la route de la transition.

Il faut dans ce cadre parier que les changements intervenus en Afghanistan, ou les Talibans, réputés intégristes viennent de prendre le pouvoir à Kaboul ne se traduisent par l’établissement de connexions djihadistes qui pourront revigorer les mouvements terroristes opérant dans la région sahélo-saharienne.

Il faut en même temps que les pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Mauritanie) ainsi que la France, leur alliée dans la lutte contre les obscurantismes religieux, ne se laissent pas miner par des dissensions. Des cinq pays cités plus haut, le Mali et le Tchad étant en transition politique, les engagements militaires pour les cinq peuvent être difficiles à tenir.  

Surtout si Bamako et N’Djamena restent encore longtemps dans la situation exceptionnelle qui est la leur actuellement.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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