Environnement : une pétition contre l’installation de l’usine de traitement des matières fécales à l’ITA/Mombele

Mardi 24 Août 2021 - 18:15

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L'action est menée par une synergie d'associations de la société civile qui combattent le projet, estimant qu'il est incompatible du point de vue social et économique pour les résidents du quartier.

 

Les anciens de l’Institut technique professionnel agricole de Mombele (AITPAM), les Amis de la nature et des jardins, SOS Kinshasa, Amis de la nature, Young men action for education ainsi que le comité des parents de l’Institut de techniques agricoles de Mombele (ITA/Mombele) viennent de lancer, le 24 août, à Mombele, dans la commune de Limete, une pétition contre l’installation d’une usine de traitement des boues de vidange (matières fécales) dans l’enceinte de cet établissement d’enseignement primaire, secondaire et technique. Pour la première journée, plusieurs centaines de signatures des personnes habitant des parcelles voisines de cette école et des mamans maraichères opérant dans l’enceinte de cet établissement ont déjà été récoltées.

Pour les dirigeants de l’AITPAM, qui pilote l'action, cette opération de récolte des signatures va continuer avant le dépôt de la pétition auprès des institutions et personnalités visées dont le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi. « Quel parent acceptera que son enfant soit inscrit dans une école où se traitent les boues de vidange ? Quel locataire acceptera d’être voisin d’une usine de traitement des matières fécales? Quel est ce propriétaire de parcelle qui acceptera de faire vivre, chaque jour, sa famille dans l’odeur nauséabonde des matières fécales ? ». Ce sont là des questions qui ont motivé l’action de ce collectif contre ce projet de la ville de Kinshasa, financé par la Banque mondiale.

La Banque mondiale trempée dans un sale coup

« Nous nous levons aujourd’hui avec la population de Mombele pour dire non à ce projet de la honte soutenu par la Banque mondiale visant à implanter une usine de traitement des matières fécales à l’Institut de techniques agricoles de Mombele. Nous, les anciens de cette école, les mamans maraichères et la population, pensons que ce projet est dangereux pour la vie de chacun de nous », a indiqué le premier secrétaire  de l’AITPAM, Josué Dimbu.

Expliquant leur action contre ce projet inscrit dans le cadre de la campagne « Kin elenda », les membres de l’AITPAM notent, en effet, que ce projet, dont l’impact social et économique est négatif sur l’environnement, va mettre en difficulté l’apprentissage des élèves au sein de cet établissement ainsi que toutes les activités maraichères qui y sont menées.

Relevant que tout projet, avant son exécution, doit passer par les études socio-environnementales, le chargé technique de l’AITPAM, Hugo Mbala Kiama, a indiqué que pour ce projet, les initiateurs et la Banque mondiale n’ont pas répondu à ces exigences. Nous nous posons la question aujourd’hui de savoir si la population l’a accepté alors que c’est nous qui l’informons sur son existence, au cours de notre action contre ce dernier », a-t-il expliqué.

Le conseiller juridique de l’AITPAM, Bernard Musafiri, a pour sa part relevé que la capacité d’installation prévue de cette usine est de six cents à deux mille mètres cubes par jour. Ce qui va faire, selon lui, près de quatre cents camions citernes par jour, qui vont emprunter Lukamawa, cette avenue de moins de six mètres de largeur, dans un quartier résidentiel. « Malgré la fiabilité de la technologie présentée, du point de vue transport, il se posera un problème parce que ces véhicules, presque vétustes, vont laisser suinter leur cargaison tout au long de la rue et dans le quartier, étant donné que le projet, qui n’a pas prévu l’achat de camions neufs pour le transport de ces déchets, compte travailler avec les opérateurs présents dans ce domaine », a-t-il soutenu, poursuivant que le projet n’est pas mauvais en soi mais l’endroit pour son implantation n'est pas le bon.

Trois endroits préalablement choisis

A en croire Bernard Musafiri, les initiateurs de ce projet ont préalablement identifié trois endroits pour l’implantation des usines. Il s’agit du site de l’Université de Kinshasa, de l’ITA Mombele et un endroit dans le quartier de Binza/ozone, dans la commune de Ngaliema. Ce cadre de l’AITPAM se demande comment tous ces endroits sont-ils abandonnés pour ne retenir que l’ITA/Mombele ?

Notant que le ministre des Hydrocarbures et la Regideso sont dans ce coup, le conseiller juridique de l’AITPAM conseille à ce ministère de choisir un endroit qui dépend de sa tutelle, étant donné que l’ITA/Mombele ne relève pas de ce ministère. Bernard Musafiri rappelle ici la triste expérience avec le projet de gestion d’immondices soutenu, à un moment à Kinshasa, par l’Union européenne qui, après son départ, est devenu un casse-tête pour les autorités de la ville et la population contrainte de vivre dans la puanteur. « Si aujourd’hui la Banque mondiale arrêtait son financement, ces matières fécales iront où, étant donné que la rivière sur laquelle ils comptent déverser l’eau ainsi traitée pose également problème », s’est-il demandé.

La chargée des opérations de l’AITPM, Marianne Ndaya, et d’autres membres de cette association à but non lucratif continuent dans la sensibilisation de la population du quartier Mombele et les environs contre ce projet et la récolte des signatures. Pour cette journée, tous les membres présents, dont le président de l’AITPAM, Didier Wanzambi, et le conseiller Jean Mangalibi ont apposé leurs signatures à ce document. Les mamans maraîchères et la population présente, manifestant leur colère contre le projet, ont signé cette pétition avec engouement.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photos 1et 2: Signature de la pétition par les maraîchères et les habitants de Mombele/Adiac Photo 3: L'endroit convoité à l'ITA/Mombele, pour implanter l'usine de traitement de matières fécales/Adiac

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