Interview. Nelly-Françoise Comte : « Pour préserver la planète, il nous faut développer l’agroécologie »

Jeudi 26 Août 2021 - 20:12

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Institutrice de formation, panafricaine et femme de terrain, Nelly-Françoise Comte a été formée au Centre international des études pour le développement local. Avec un parcours remarquable, elle accorde un attachement important à la nature ainsi qu’à la préservation de la forêt. Dans cet entretien, elle nous fait part de son engagement en faveur de l’environnement.

Les Dépêches du Bassin du Congo (LDBC) : Parlez-nous de vous.

Nelly-Françoise Comte (N-FC) : Je suis originaire de la République démocratique du Congo, plus précisément du Kongo central, notamment du Mayombe de par mes parents. J'ai passé une bonne partie de mes études en internat dans le Mayombe, d'où mon attachement à la nature et mon engagement à la préservation de la forêt. Agent de développement local, j’assure depuis 2012 la coordination du Centre d’échanges et de ressources pour la promotion des actions humanitaires, une organisation qui participe au développement des filières économiques au sein des territoires et basée dans trois villes, précisément à Pointe-Noire, Bukavu et Marseille.

LDBC : Développer l’agroécologie en préservant la planète, telle est votre mission. Comment y aboutir ?

N-F.C: L'agriculture industrielle détruit la nature. Heureusement, des voix se lèvent pour alerter l'opinion publique sur le "Tout pour la consommation" et ses effets néfastes sur l'écosystème et la santé humaine. C’est à ce niveau qu'intervient l'agroécologie pratiquée depuis la nuit des temps par nos paysans. Ainsi, pour protéger nos forêts, on s’appuie sur les connaissances des centres de recherche et autres partenaires pour mener des actions de sensibilisation, des conférences et des expériences sur les sites en vue de préserver la biodiversité. Les acteurs que nous invitons sont des chefs de terres, des fabricants de charbon de bois et des paysans qui font de l'agriculture itinérante sur brûlis. A notre niveau, nous visons la prise de conscience et nous les invitons à prendre conseils auprès des experts dans le choix des terres cultivables car beaucoup font l’agriculture par enthousiasme et ce sont parfois ceux-là qui causent aussi des dégâts sur l'environnement.

LDBC : Votre statut de femme a-t-il été un obstacle dans l’atteinte de vos objectifs ?

N-F.C: Pas du tout, la particularité de mon parcours et les choix que j'ai faits m'ont permis d'avoir toujours à l'esprit le sens que je voulais donner à ma vie. Et j'ai assumé mes choix en tant que femme dans une société qui cherche à vous façonner, à vous modeler et à vous indiquer la marche à suivre. Par ailleurs, j’ai eu la chance de rencontrer un homme ouvert qui me soutient et m'accompagne dans ces choix. 

LDBC : Votre souhait est de voir le développement des collectivités locales et l’ensemble de la sous-région devenir des acteurs du développement. Quelle est votre politique pour y parvenir ?

N-F.C: La voie de la démocratie est encore très longue pour que cette vision se réalise, notamment ici en Afrique centrale. Donc, à défaut de toucher les élus, souvent inaccessibles dès qu'ils ont obtenu leurs mandats, nous accompagnons au mieux les organisations professionnelles en vue de renforcer leurs capacités à se doter de systèmes de gestion, de représentations dans la mise en œuvre des projets communs. Ce cadre de gestion commune au niveau local est un lieu d'apprentissage de la citoyenneté qui veut la transparence, la redevabilité, la participation, la concertation, l'efficacité, l'Etat de droit. Cela développe le sentiment d'appartenance des individus, ou collectivement des sociétés, à un espace : C'est de l'ancrage territorial. Ce sentiment suscite la confiance et contribue au bien-être de tous. C'est le rêve fou du "monde meilleur".

 

Propos recueillis par Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Nelly-Françoise Comte/ DR

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