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Et le camp occidental se déchira …

Samedi 18 Septembre 2021 - 18:48

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Tout semblait indiquer, lorsque le président Joe Biden accéda à la Maison-Blanche il y a neuf mois, que les liens entre les Etats-Unis et l’Europe, quelque peu distendus par son prédécesseur l’imprévisible Donald Trump, se resserreraient et permettraient au camp occidental de préserver, voire même d’accroître son influence dans la sphère stratégique mondiale. Or, c’est très précisément l’inverse qui se produit aujourd’hui avec, d’une part, le désordre diplomatique généré par le retrait chaotique des forces américaines déployées en Afghanistan depuis vingt ans, et, d’autre part, la rupture entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France que risque de provoquer l’annulation pour le moins brutale de la vente à l’Australie de douze sous-marins conventionnels français à propulsion nucléaire.

Alors que les cartes se rebattent sur la table du jeu international avec la montée en puissance de la Chine en Asie mais aussi au Levant et en Afrique, avec le retour simultané de la Russie dans les zones géographiques qu’elle avait quittées après l’implosion de l’Union soviétique, l’Alliance Atlantique créée au sortir de la Seconde Guerre mondiale semble sur le point de se dissoudre. Une réalité que contestent bien évidemment les Etats-Unis et l’Europe, mais que les tensions croissantes entre les deux camps confirment d’autant plus dangereusement qu’elles font plus ou moins resurgir les vieilles dissensions entre l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni que la création progressive de l’Union européenne semblait avoir définitivement enterrées.

Etant donné les dangers que pourrait faire courir aux nations occidentales la déchirure qui se dessine, il est très probable, pour ne pas dire certain, que des deux côtés de l’Atlantique vont se mettre rapidement en place de puissants lobbies dont la mission sera de ramener l’ordre dans le camp atlantique. Si, en effet, ce rapprochement ne se concrétisait pas rapidement, les conséquences diplomatiques, militaires, économiques, financières du désordre présent s’avèreraient catastrophiques pour les Etats concernés. Avec, notamment, l’accélération de la montée en puissance de la Chine qui s’emploie depuis des années à devenir la première puissance mondiale en se dotant de moyens de défense et d’attaque correspondant à ses ambitions planétaires.

Si la logique stratégique l’emporte sur la tentation du repli sur soi dont témoigne l’attitude du locataire actuel de la Maison-Blanche, une réforme en profondeur de l’Alliance Atlantique s’imposera rapidement comme une priorité politique du camp occidental. Mais si ce n’est pas le cas, l’Europe devra s’attacher sans délai à créer une communauté de défense qui la protège contre les dangers de toute nature que génèrent les tensions croissantes à l’échelle mondiale.

C’est très précisément ce qu’avaient prévu les « Pères de l’Europe » lorsqu’ils lancèrent, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le processus de création de la Communauté économique européenne, mais que la mise en place de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, l’OTAN, avait bloqué car les Etats-Unis voulaient garder le Vieux continent sous leur tutelle dans le contexte de « guerre froide » qui se dessinait.

Ecrire une nouvelle page de l’Histoire du Vieux continent est bien le défi que va devoir relever le président français, Emmanuel Macron, lorsqu’il prendra pour six mois, le 1er janvier 2022, la présidence tournante de l’Union européenne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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