Réforme du système éducatif : les culturels apportent leur pierre à l’intégration de l’art et la culture

Samedi 25 Septembre 2021 - 14:09

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Organisée à la suite de l’atelier tenu en juin avec la société civile, la réunion des 22 et 23 septembre au siège de l’Open society initiative for Southern Africa (Osisa) a donné aux artistes et enseignants l’occasion de conférer pour l’élaboration d’un plan d’action pour une planification et coordination efficace de 2021 à 2025.

Une vue des participants à la réunion du 22 septembre à Osisa (Adiac)L’état des lieux des arts et de la culture dans le système éducatif de la République démocratique du Congo, dressé par le Pr Damien Pwono, a jeté les bases des réunions tenues à Osisa. La discussion s’est engagée avec les participants autour des grandes lignes établies partant de ses forces, faiblesses et opportunités à exploiter ainsi que des faiblesses à considérer. Les acteurs culturels, en majorité des professeurs de l’Institut national des arts (INA), mais aussi de l’Académie des Beaux-Arts (ABA), de l’Institut des musées nationaux à qui se sont joints des opérateurs culturels, le 22 septembre, ont conféré sur les bien-fondés et des mérites de l’intégration de l’art dans le système éducatif ainsi que des conséquences de son absence. Ce, dans l’heureuse perspective de développer un plan d’action et mener des actions de plaidoyer auprès des différentes institutions et décideurs en vue d’assurer qu’elle se fasse avec le contenu adéquat.

L’action est menée de sorte à obtenir des résultats à brève échéance. «  Dès que les autorités compétentes auront décidé de la marche à suivre pour que les arts et la culture soient désormais intégrés dans le système éducatif, ce sera le point de départ », a confié le Pr Damien Pwono au Courrier de Kinshasa.

C’est donc sur le court terme, « d’ici à la fin de l’année », que l’ethnomusicologue de formation espère voir se mettre en place les prémices de cette réforme. Dans l’idéal, la décision est à prendre « pendant cette année où l’Union africaine veut faire de l’art et la culture le levier pour construire l’Afrique que nous voulons », nous a-t-il indiqué.

Il restera alors aux professionnels du secteur de s’engager pour sa mise en pratique. Dans l’expectative «  d’obtenir la décision de l’Etat d’ici à décembre, le court terme espéré, d’ici à janvier l’on pourra travailler sur les manuels scolaires », a expliqué l’expert. Et de conclure : « Progressivement, il faudra voir avec les ministères en charge de l’Education comment faire une intégration graduelle à différents niveaux, du primaire à l’universitaire en passant par le secondaire ».

Des débats ouverts à la société

À la suite de Damien Pwono, le Pr Yoka Lye a mis en exergue deux points. Le point de départ serait « des principes qui prévalent pour un art au service de l’éducation et vice-versa. Sans oublier que l’éducation, ce sont les modalités de transmission de la culture et de nos traditions de génération en génération. C’est là que résident les valeurs. Quelqu’un disait : le cœur de l’éducation, c’est l’éducation du cœur », a-t-il fait savoir.

 En second lieu, a-t-il martelé, il faut « un plan d’action selon l’espace, le temps et les besoins ». Il est d’avis qu’à court terme,«  Il faut tenir compte des réflexions du jour, sachant que l’Unesco en parle depuis les années 2 000, une grande rencontre s’est tenue à Lisbonne à ce sujet ».

Comme évoqué lors de la réunion, plusieurs initiatives sont menées à Kinshasa dans l’enseignement secondaire et général. Mais, a soutenu le directeur général de l’INA, « il y a un enseignement spécialisé en art-culture et en éducation. Il faut répertorier tous les travaux qui ont été réalisés dans ce pays en cette matière ainsi que les mémos d’Osisa. Nous devons nous les approprier pour en faire une économie stratégique à court terme. Mais il faut aussi savoir où se trouve l’argent vu qu’en ce moment, il y a beaucoup de projets mobilisateurs, interpellateurs à identifier auxquels nous devons répondre. Mais il faut savoir ce que l’on veut car chaque projet a sa philosophie et son idéologie ».

En sus, il a souligné la nécessité «  d’harmoniser les réformes du secondaire et du supérieur au niveau du secondaire d’application comme à l’INA, l’ABA ou l’ISAM » sur le long terme. Mais pas que. Préconisant de penser « à amplifier les activités parascolaires au secondaire général ». Le professeur est persuadé que « c’est par là que passe la culture active ». Et de conclure : « Toujours sur le long terme, il faut contribuer au contenu de la politique culturelle. Elle n’est pas l’affaire des cabinets politiques mais des dynamiques sociales où n’interviennent pas que les utilisateurs, journalistes autant que praticiens de terrain aussi pour que les débats engagés ne soient pas des débats d’alcôves, entre nous. Ils doivent être ouverts à la société parce que la culture nous donne la possibilité d’être excellents et des gens adaptés aux défis d’aujourd’hui et de l’avenir. Et l’éducation, comme support, nous permet d’y arriver, sinon nous serons à la traîne de la société mondiale ».Elfia Elesse intervenant lors de la réunion avec les acteurs culturels (Adiac)

Les réflexions devront se poursuivre pour établir la vision globale de cette initiative qui a du chemin. Responsable du programme Justice économique et sociale d’Osisa, Elfia Elesse a rappelé que tous les espoirs sont fondés sur la synergie encouragée entre les différents acteurs actifs dans les domaines de l’éducation, de l’art et de la culture. « Osisa facilite l’organisation de ces rencontres. Lors des ateliers, il était apparu qu’il n’était pas facile de tenir ce genre de rencontres où les praticiens, les techniciens et philosophes de l’art expriment leur point de vue sur le domaine », a-t-elle dit.

Toute l’importance accordée à créer cet espace où chacun puisse rapporter les réalités sur le terrain est justifiée. Elle va servir de base à un plaidoyer commun : «  Toutes les réflexions seront cristallisées dans une proposition à adresser au gouvernement », a-t-elle dit, et d’ajouter : « Nous-mêmes, de manière interne, nous avons intégré l’art et la culture comme une question fondamentale dans la lutte pour les droits humains. Nous avons des actions et des projets dans ce sens, notamment une publication réalisée avec le caricaturiste Thembo Kash sur les contours de  la vie politique pendant les élections ». Un exemple, a-t-elle souligné, des différents types d’initiatives mises en place afin d’intégrer l’art et la culture dans Osisa et les actions qu’elle mène.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Une vue des participants à la réunion du 22 septembre à Osisa / Adiac Photo 2 : Elfia Elesse intervenant lors de la réunion avec les acteurs culturels /Adiac)

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