Musique : Koffi Olomide dans le collimateur des « combattants » surexcités

Lundi 11 Octobre 2021 - 16:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les jours s’égrènent. L’échéance du 27 novembre 2021 se rapproche à grande enjambée. Le concert de Quadra Kora, prévu à cette date dans l’immense salle de Paris La Défense Arena, relève, aujourd’hui encore, du domaine de l’hypothétique.

Le retour musical à l’Hexagone du Grand Mopao, le premier artiste africain à remplir le Palais Omnisport Paris Bercy en 2000, est au cœur d’une vive controverse. Les nouvelles ne sont pas bonnes pour le patron de Quartier Latin pris pour cible par les fameux « combattants » déterminés à faire échec à cette production pour laquelle le chanteur aura misé gros.

« C’est le concert de ma vie », martèle à qui veut l’entendre l’homme des quatre Kora. Il rêve d’un concert intergénérationnel après onze années d’absence sur la place de Paris. Et pour immortaliser ce show unique qui sera sans nul doute le rendez-vous de la nuit africaine, Koffi Olomide a invité plusieurs grandes stars de la musique africaine et internationale, de quoi pimenter une soirée qui s’annonce haute en couleurs. 

Après le raté du 13 février 2021, date initiale à cette production, le compositeur de « Diva » entend cette fois-ci ne pas rater le coach, faisant fi des menaces de sabotage lancées par les « combattants » de tous bords en mal de sensation.

Tout récemment encore, il a rassuré ses fans quant à la tenue de ce concert, ragaillardi par les promesses de la préfecture de Paris. « Nous avons bien expliqué au préfet le contexte dans lequel on se trouve. On lui a fait comprendre que les Combattants étaient des réfugiés qui faisaient tout cela pour ne pas rentrer au pays alors que leur situation s’était déjà améliorée », avait déclaré Koffi Olomide, de passage récent sur une chaîne YouTube.

Boketshu et ses compagnons à la manœuvre

Nonobstant les assurances de Koffi Olomide, le spectre de la menace pèse toujours sur ce concert. Boketshu 1er et le Commandant Esso, deux opposants congolais influents vivant en exil en Europe, prévoient d'empêcher sa tenue. Ils ont multiplié des vidéos sur Youtube ces derniers temps pour réitérer leur détermination à tout faire pour qu’aucune production des artistes musiciens congolais n’ait lieu à Paris.

Werrason, qui en a fait les frais récemment suite à l’annulation de son concert qui aurait dû se tenir en septembre au Zénith de Paris, ne s’est pas encore remis de cette déconvenue. Une annulation de plus justifiée par la crainte de violences entre Congolais, à en croire la préfecture de police de Paris qui a fait état d’une « mobilisation croissante chez les opposants radicaux congolais de la diaspora installés en France ». En 2011 déjà, deux concerts parisiens de Werrason avaient été également annulés face à des « menaces de troubles graves à l’ordre public ».

Un autre artiste congolais, Fally Ipupa, avait dû lui-même renoncé à un concert prévu à la Cigale de Paris, en 2017, avant de rebondir à l’AccorHotels Arena, un certain 28 février 2020. A ses risques et périls, l’artiste s’y était produit, bravant les intimidations des militants congolais radicaux.

Les « scènes surréalistes de violences » observées ce soir-là n’ont pas empêché El Marra à faire son show. Ces fameux combattants ont récidivé le 15 juillet 2017 à l’Olympia à Paris en faisant annuler le concert du chanteur Héritier Watanabé suite aux troubles à l’ordre public que cela avait engendré.   

De nombreux mélomanes redoutent le remake de ce sombre tableau lors du concert de Koffi Olomide du 27 novembre, à Paris, au regard de l’activisme de plus en plus affiché par des combattants radicalisés à l’extrême. La Fatwa anti-concerts des artistes-musiciens congolais en Europe est toujours en vigueur.

Entre temps, Koffi Olomide et les organisateurs de son spectacle bataillent ferme au niveau de la justice française pour obtenir gain de cause dans ce nébuleux dossier, demandant à la police  française de le gérer d’une manière professionnelle, loin de toute pression. Une démarche qui pourrait être d’un apport pour la tenue de cet événement historique du Vieux Dobolo King.

Ces combattants, qui sont-ils ?

Né en Grande-Bretagne en 2006, le mouvement des « combattants congolais » est apparu en France en 2009. Ce sont des groupes d’activistes, plus d’une centaine dans le pays et des opposants farouches au régime de l’ancien président Joseph Kabila. Pour eux, l’élection de Félix Tshisekedi à la tête du pays n’a rien changé. Si certains soutiennent Martin Fayulu, d’autres militent pour une nouvelle République.

En France, les combattants congolais sont connus pour leurs actions radicales contre des responsables politiques et/ou des artistes proches du pouvoir. Ils tiennent les musiciens-congolais pour responsables de la débâcle socioéconomique de leur pays à cause des accointances développées avec les politiciens et se disent révoltés par leur indifférence vis-à-vis des crimes récurrents commis à l‘Est de la République démocratique du Congo.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Koffi Olomide

Notification: 

Non